Chapitre 2

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Je pense que le meilleur réveil de toute ma vie fut celui-ci. Ma mère vient me sortir de mes rêveries avec une voix angélique et bienveillante. Elle s'est approchée de moi, corps inerte sur le sol, a caressé délicatement mes cheveux tout en me disant qu'il fallait que je me dépêche car dans moins d'une heure les camions seraient là. Je me suis étiré de tout mon long, ne faisant pas attention si je dépassais ou non de mon sac de couchage. Puis avec un sourire je lui ai dit bonjour avant de refermer les yeux. Étonnamment aucune autre courbature n'est venue s'ajouter à celles que j'avais déjà en me couchant. C'est donc jovial et rempli d'énergie que je démarre cette journée par une bonne douche bien chaude.

Je suis en bas en train de manger quelques céréales lorsque l'on sonne à la porte d'entrée. Ma mère s'empresse de passer par la porte de sa chambre donnant directement sur le vestibule. Pendant ce temps, je range le paquet que je tiens dans les mains dans un des meubles. N'importe lequel fera l'affaire à mon avis.

« Bien le bonjour madame, nous sommes arrivés à l'heure convenue. Pouvons-nous commencer à décharger les camions ? Demande un déménageur à la voix rauque.

- Ou...Oui bien sûr vous pouvez commencer. Dit-elle surprise. Je crois que le déménageur l'a prise au dépourvu. Vous pouvez dès à présent déposer le contenu de vos camions dans la pièce sur votre droite. Mon fils et moi nous occuperons de déplacer les cartons, sans vous gêner, et mon mari que voici vous indiquera où monter les meubles quand ce sera leur tour. »

Le regard lancé dans ma direction ne laisse pas la place à la négociation. Il ne me reste plus qu'à déplacer les cartons. Est-ce que je peux m'éclipser sans bruit ? J'accentue les gestes comme si je marchais sur la pointe des pieds pour me diriger vers la salle à manger quand j'entends un raclement de gorge. Je me retourne et trouve ma mère les bras croisés avec un regard foudroyant. Je lui fais une grimace avant de me diriger vers le salon, las et traînant les pieds. Les déménageurs ne s'occupent aucunement de nous, ils déchargent et déchargent et déchargent encore à la vitesse de la lumière si bien que ma mère et moi avons du mal à suivre le rythme. Mon père joue son rôle de flèche giratoire à la perfection. Parfois je le vois passer avec un bout de meuble pour aider les livreurs dans la tâche qu'est de monter le mobilier dans les pièces qui leur sont attribuées.

Les déménageurs doivent être une dizaine je pense. Enfin ils sont tous habillés de la même façon donc c'est presque impossible pour moi de vraiment bien les distinguer. Leur uniforme orange et crème est vraiment peu commun et l'assortiment de ces deux couleurs me fait rire discrètement. On dirait des clowns, pensais-je. Quelqu'un aurait du maquillage et des nez rouges ? Malgré leurs accoutrements quelque peu hors du commun, leur rapidité est exemplaire si bien que très peu de temps après le déjeuner les camions étaient tous vides. Mes pieds ont eu du mal à reprendre le rythme après la pause mais je les ai forcés. Ça devrait aller vite je pense. Il ne reste que très peu de meubles à finir de monter et après on n'aura plus qu'à ranger. Seulement à ce moment-là, les hommes auront tous disparus et ce sera à nous trois, la famille Angélia, de ranger le contenu des tonnes de cartons.

« Gwenaël ? C'est mon père qui m'appelle du palier du premier étage.

- Oui, qu'est-ce qu'il y a ? Demandais-je du bas de l'escalier.

- Pourrais-tu monter s'il-te-plaît ? »

Je me demande bien ce qu'il me veut. Ai-je fait quelque chose de mal ? Je ne m'en souviens pas. Si c'est le cas, c'était involontaire. Je passe la porte de ma chambre de laquelle des voix se font entendre.

Trois déménageurs et mon père sont présents dans la chambre encombrée de cartons et aussi des meubles qui m'appartiennent. Tous me regardent. Que se passe-t-il au juste ? C'est un des hommes qui prend la parole.

Hidden MysteryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant