Chapitre 13

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Mon souffle et le rythme de mon cœur sont effrénés, comme emportés dans une course folle au bout de laquelle une fin brutale les attend. Je ne sais pas ce qu'il se passe mais je suis incapable de bouger. Mon corps et mon esprit sont déliés. Je sens pourtant bien le carrelage froid à travers mes pauvres habits. Je suis loin, loin de la réalité. Tout ceci n'aurait jamais dû arriver. Pourquoi ? Qu'ai-je fait pour mériter cela ? Mon cœur s'affole plus encore alors que le noir m'obscurcit la vue. J'halète sur le sol et personne ne viendra à mon secours. La maison est vide, aussi vide que le néant qui pourrait alors lui-même sembler occupé. Au loin, j'entends une voix. Qui ? Je ne saurais le dire. La course continue et je ne sais depuis combien de temps elle dure. On me frôle le bras et malgré cela je ne peux avoir aucune réaction. Je ne peux contrôler ce corps inerte sur le sol. Le bourdonnement dans mes oreilles ne cesse de croître alors que je sais que l'on me parle. Je ne peux rien faire, j'aimerai reprendre le contrôle mais je n'arrive pas à trouver la force. La force de me battre, la force...

Voilà qu'on me balance quelque chose au visage. Je me redresse immédiatement et tousse afin d'expulser l'eau de mes poumons. J'ouvre les yeux mais c'est noir, tout est noir. Je balance la tête de gauche à droite espérant alors pouvoir me libérer de cette folie et revenir. Ma respiration se calme tandis que le bruit s'estompe sans que mon rythme cardiaque ne diminue.

« Gwen ? Gwenaël tu m'entends ? »

Mes yeux s'écarquillent tout ronds alors que la voix, CETTE voix vient de me réveiller. Et, pendant un instant plus aucun bruit.

« Va-t'en. Murmurai-je tout bas.

- Quoi ? Qu'est-ce que tu as dit ?

- DÉGAGE ! Hurlai-je à pleins poumons alors que Julien me tient les épaules. Sors de chez moi !

- Je... Gwenaël c'est pas raisonnab...

- SORS D'ICI ! Va-t'en ! Je ne veux plus jamais te revoir ! Espèce de MONSTRE ! »

Alors que j'entends ses pas se précipiter dans les escaliers je m'effondre en larmes les genoux repliés sur mon torse. Mes cheveux trempés goûtent sur moi et sur le sol. Avant que la crise d'angoisse ne réapparaisse, j'ouvre la porte de douche et me traîne tant bien que mal à l'intérieur. J'ouvre l'eau froide, toujours en position de détresse et laisse les larmes se mêler à l'eau qui ruisselle. Je relève la tête, cherchant de l'air et découvre, sur le sol, le masque que j'ai arboré à cette soirée... Mes yeux s'embuent une nouvelle fois tandis que j'enfouis ma tête entre mes genoux et que des sanglots viennent rendre inconfortable cette position.

Je me lève, comme un automate, et me déplace trempé de la tête aux pieds dans la maison. Les gouttes tombent, toutes attirées par la gravité. Je ne sais pas où je vais, je ne sais pas ce que je fais. Je bouge c'est la seule et unique chose que je peux apercevoir. Une force extérieure contrôle mon corps et m'empêche de réaliser ce qu'il se produit à ce moment précis. J'arrive devant la porte de la salle à manger maintenant vide et l'ouvre à la volée. A peine l'ai-je traversé que me voilà au pied du troisième saule-pleureur que je reconnais de par sa superficie bien plus gigantesque que les deux autres. L'eau coule encore le long de mes vêtements alors que je me tiens là, devant l'immensité du tronc et que le froid que j'aurais dû ressentir n'a aucun effet sur moi. La nuit est peut être tombée, mais je distingue parfaitement les courbures si grotesques de ce grand arbre. Dans un éclair de génie et telle une décharge électrique, j'enfonce ma main dans le bois qui se tient devant moi. Ni le vent s'engouffrant dans mes vêtements trempés, ni la fraîcheur régnant à l'extérieur ne me font ressentir quoi que ce soit. Un spasme de surprise me vient et je ferme les yeux. Suis-je privé de mes sens pour ne pas sentir la douleur qui aurait dû surgir de mon poing et irradier mon bras ?

Hidden MysteryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant