Hidden Mystery

Chapitre 16

Nous sommes finalement sortis de la maison la boule au ventre. Au premier coup d'œil, je vois Owen à deux pas de nous, statique, prêt à refermer sa main sur la poignée. Une intuition me dit que si nous n'étions pas sortis, il nous aurait fait sortir de lui-même de grès ou de force. Les yeux orange brûlés de Liana ne mentent pas, ils sont fixés sur moi et je ressens toute la curiosité dont elle est capable se poser sur mes épaules. Pourquoi est-elle si ancrée sur ma personne ? Qu'est-ce que j'ai fait pour avoir la « chance » de me voir être accablé par cette considération ? Lucie se tient derrière moi et me tient la main. Elle ne tremble pas, mais je doute que ce soit le fruit de ma maigre carrure qui lui donne ce semblant d'impression de sécurité. Elle serre ma main plus fortement lorsque nous passons à côté du loup-garou qui ne semble toujours pas prêt de nous lâcher du regard. Ce regard froid, rempli de haine semble m'être destiné. Pourtant, je sens que Lucie prend à cœur le fait d'être ainsi observée et le malaise qu'il provoque et l'atmosphère dans laquelle nous sommes accueillis m'insupportent. Je décide de ne pas chercher bagarre bien que ce n'est pas l'envie qui manque d'écraser la tête de celui qui nous surplombe de plusieurs centimètres mais je sais que je ne fais pas le poids. Peut-être le ferais-je un jour. Seul le destin semble avoir la réponse. Et ce même destin est étroitement lié au choix qui s'oppose devant moi.

Je me sens comme dans le centre d'un labyrinthe aux murs gigantesques qui ne peuvent être escaladés et seulement cinq issues, cinq chemins se dressent devant moi. Ces cinq chemins se présentent à moi, tous incarnés par une personne se tenant en arc de cercle et un au milieu de celui-ci. Dans l'ordre de leur position : Julien, tout à gauche du demi-cercle, métamorphe. Vient ensuite Liana, les cheveux noirs glissants au gré du vent, sorcière. Sandrine, toujours en inadéquation avec les faibles températures sûrement grâce à sa condition de phénix. A sa gauche se tient Matéo, typiquement le lycéen banal mais qui cache un secret vampirique. Pour finir, Owen, loup-garou à mi-temps qui est placé juste derrière moi au centre de la configuration qui délimite ma maison. Ce maudit choix, jamais je ne serai capable de choisir. Lorsque je regarde Julien pour me faire une meilleure image du métamorphe, il baisse la tête, honteux. Je fronce les sourcils en signe de mépris. Comment as-tu osé me faire ça Julien ?

« Vous voilà enfin, Gwenaël Angélia et Lucie Décambre. Il ne manquait plus que vous.

Je m'étais stoppé juste après avoir dépassé Owen, à mi-chemin entre lui et notre directrice qui marque une pause et nous observe de ses yeux curieux.

- Nous allons pouvoir y aller.

Devant mon regard interrogateur elle répond à ma question avant que j'ai le temps de la formuler.

- Au gymnase Gwenaël, il est temps que vous donne toutes les informations dont vous devez disposer.

- Il serait tout aussi bien de nous dire toute la vérité cette fois-ci sans omettre ne serait-ce qu'un seul détail. Ne pensez-vous pas, Liana ?

Elle part d'un petit rire en se couvrant la bouche de sa main aux ongles magnifiques et vernis alors que les jeunes qui se tiennent derrière elle semblent, eux, dépités et ancrés dans une profonde mélancolie.

- La vérité ne vous aurait servi à rien, très cher Gwenaël. Je ne vous ai laissé la compagnie de vos parents seulement par courtoisie et gentillesse. J'aurais tout aussi bien pu venir vous chercher mais cela aurait demandé beaucoup trop de temps et votre collaboration aurait été beaucoup plus longue à obtenir.

Le sourire qu'elle arbore a le don de m'énerver, je serre les poings de rage. Et ses yeux qui ne me lâchent pas une seule seconde...

- Allons-y maintenant. Annonce-t-elle.

- Non.

Plus un seul bruit. Tout semble figé dans le temps, même le vent qui vient secouer les feuilles n'émet pas le moindre son. Les nuages gris qui s'élèvent dans le ciel s'immobilisent. Je vois une mèche de cheveux noirs de Liana venir frotter sur son visage et lorsqu'elle reprend sa place ce n'est plus un sourire mais bien une mine contrariée et agacée que nous offre notre principale.