Chapitre 16

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Chapitre 16 :

– Nous y sommes, annonce Harry après un trajet qui m'a paru interminable.
 
– C'est ici ? Je constate que nous prenons l'allée de l'hôtel Century Plaza.
 
– Descends ta jupe, ma chérie, dit-il. Sauf si tu veux régaler le voiturier.
 
Je  me  tortille  pour  me  rajuster,  et  me  penche  en  avant  pour  rattacher  mes chaussures. Encore endolorie et tout excitée, j'ai du mal à revenir à la réalité.
 
– Nous allons prendre une chambre ? je demande, alléchée par cette perspective.
 
– Toi, oui, dit-il en s'arrêtant devant le voiturier en uniforme rouge qui se précipite vers Harry. Je dépose simplement madame, dit-il.
 
– Qu'est-ce que nous... dis-je, désarçonnée.
 
– Va à la réception, dit-il. Ne t'inquiète pas, il y a une réservation à ton nom. Et je te suggère de t'installer au bar. C'est un endroit très joli, et le barman prépare d'excellents cocktails.
 
Je suis encore dans la voiture, et le voiturier tient la portière ouverte. J'attends que Harry m'en dise davantage, mais il a sorti son téléphone et consulte ses textos. Je ne sais toujours pas très bien quel est le jeu, mais au moins j'ai compris que c'en était un.
 
– Oui, monsieur. En descendant de la voiture, je me rends compte que j'ai oublié mon sac. Un instant, dis-je en me penchant vers l'intérieur, m'assurant que le devant de la robe s'entrouvre suffisamment pour offrir à Harry le spectacle de mon corps nu dessous. Donne un pourboire au jeune homme, mon chéri, conclus-je en me redressant.
 
Sur ce, je tourne les talons et me dirige vers l'hôtel en veillant à bien rouler des hanches pour faire onduler ma jupe à chaque pas.
 
C'est la première fois que je viens dans cet hôtel, et je le trouve éblouissant. Il me faut un peu de temps pour m'orienter, mais je finis par trouver la réception et le bar du hall. J'adresse un grand sourire au monsieur soigné qui m'accueille.
 
– J'ai une réservation au nom de Nikki Fairchild.
 
Il tapote l'écran  de l'ordinateur,  puis relève la tête avec un sourire encore plus rayonnant que le mien.
 
–  Je  vois  que  vous  êtes  dans  notre  suite  Penthouse.  Puis-je  faire  porter  vos bagages ?
 
– Merci, ce ne sera pas la peine. Je ne précise pas que je n'en ai pas.
 
– Une clé ou deux ?
 
– Une.
 
Après tout, je suis une femme seule.
 
J'aimerais monter dans la chambre et m'étendre nue sur le lit, mais Harry m'a dit de prendre un verre. Je me demande ce qu'il a concocté pour la soirée. Et puis, un bon cocktail ne fait jamais de mal.
 
Mais, surtout, je ne veux pas lui donner le moindre prétexte pour me punir. Car je suis certaine que le châtiment serait l'abstinence, et ce n'est pas ce dont j'ai envie ce soir.
 
Il est tard, mais le bar est bondé. Très peu de femmes, et des hommes presque tous en costume. D'après leurs tenues d'hommes d'affaires, je me dis qu'il doit y avoir un séminaire, car toutes les tables sont prises. Je m'assieds sur un tabouret au bar comme me l'a demandé Harry, et je commande un Dirty Martini. En attendant, je jette un coup d'œil dans le hall, mais pour l'instant pas de Harry en vue.
 
Je ne sais trop à quoi m'attendre, et je réprime l'envie de sortir mon téléphone pour l'appeler. Je me répète que la patience est une vertu. Pas nécessairement l'une des miennes, mais une vertu tout de même.
 
– Vous avez l'air distrait. Puis-je faire quelque chose pour vous ?
 
La voix est celle d'un homme séduisant assis au comptoir, deux sièges plus loin. Je vois alors Harry qui croise mon regard, puis s'assied à une table voisine avec trois autres hommes.
 
– Non merci, ça ira, dis-je à l'homme.
 
Le  barman  pose  le  cocktail  devant  moi.  J'en  bois  une  gorgée,  déroutée,  me demandant ce qui m'attend. L'homme quitte son tabouret et vient s'installer sur celui à côté du mien, puis se penche vers moi. Je pourrais m'éloigner, mais je reste à ma place, raide, dans une posture sans équivoque. Apparemment, l'homme ne déchiffre pas le langage corporel.
 
– Vous êtes là pour le séminaire ? demande-t-il, son haleine empestant l'alcool.
 
– Non. Je cherche à m'isoler.
 
– Vous avez de la chance, enchaîne le type, qui ne comprend manifestement pas. Droit de l'assurance. Des heures et des heures de formation continue.
 
– Mmm... fais-je.
 
J'ai mis mon masque « poli » et « glacial », mais apparemment il ne l'a pas vu non plus. Il se penche un peu plus vers moi et il est maintenant dans une telle position qu'il doit se cramponner au comptoir pour ne pas glisser. Je me penche en arrière.
 
– Je connais de meilleures manières de finir la nuit, dit-il d'une voix lourde de sous- entendus. Nous sommes dans un hôtel. Faites le calcul.
 
– Je n'ai jamais été douée en calcul.
 
Je pourrais m'installer à une table, mais Harry m'a dit de rester au bar. Et quoi qu'il arrive, je respecte ses règles ce soir.

 – Vous avez l'air doué pour un tas de choses, dit l'homme en fixant mes seins.
 
Je me retourne vers le bar, et vois le barman déposer un autre cocktail devant moi.
 
– De la part de monsieur, dit-il en indiquant Harry.
 
– Comme c'est charmant ! dis-je en adressant un sourire à Harry, ce qui semble irriter l'autre homme.
 
Harry se lève, dit quelques mots aux types avec qui il était assis et gagne le bar à grands pas. Il se place à côté de moi et, comme toujours quand il est près de moi, j'ai soudain une conscience aiguë de lui, de mon propre corps... de la rotation de la Terre.
 
– Merci pour le verre, dis-je avec un sourire. Monsieur...
 
Sa mâchoire se crispe quand je prononce le dernier mot, cela me fait sourire. Il ne s'y attendait pas.
 
– J'espère que vous aimez les Dirty Martini.
 
– Plus c'est fort, mieux c'est.
 
– Hé, vous pouvez pas aller voir ailleurs ? J'étais en train de parler à madame.
 
– Non, dit Harry en se tournant vers lui. Je ne crois pas. Je la veux. Le type ouvre de grands yeux, puis se ressaisit.
 
– Madame désire rester seule. Apparemment, monsieur a un tempérament chevaleresque.
 
– Vraiment ? Harry me regarde, puis il demande, très lentement et très distinctement.Vous êtes venue ici pour rester seule ? Ou pour vous faire baiser ?
 
– Je... Je n'ai pas la moindre idée de ce que je suis censée répondre. Notre voisin est bouche bée. Cela dépend de qui me baise, dis-je finalement.
 
– J'aime votre réponse, fait Harry. Comment vous appelez-vous ?
 
– Louise, dis-je, recourant à mon deuxième prénom.
 
– Ravi de faire votre connaissance, Louise, sourit Harry. Je voudrais que vous me suiviez.
 
Gênée,  j'étouffe  un  cri...  Mais  je  suis  aussi  incroyablement  et  indéniablement excitée.
 
– Je...
 
– Tout de suite.
 
Il tend sa main pour m'aider à descendre du tabouret. Je n'hésite qu'un instant avant de la saisir.
 
– Une autre fois, peut-être, dit-il avec un petit signe aimable au type des assurances qui le regarde comme s'il venait d'accomplir un tour de magie.
 
Au moins, nous le laissons plus impressionné que dépité. Je suis Harry, étourdie. J'ai envie de rire. De prendre sa main et de tourbillonner dans le hall. De le plaquer sans ménagement contre le mur pour l'embrasser à pleine bouche. J'ai envie de sentir ses mains sur moi. De le sentir en moi. Je veux qu'il me baise, exactement comme il l'a dit. Et je veux que ce soit maintenant.

Apparemment,  Harry  aussi.  À  peine  les  portes  de  l'ascenseur  se  sont-elles refermées qu'il me colle contre la paroi. Sa bouche s'écrase sur la mienne, il glisse sa main sous ma jupe et enfonce deux doigts en moi. J'ondule des hanches, avide.
 
– Mon Dieu, Louise, dit-il. Nous éclatons de rire.
 
– J'ai eu peur que quelqu'un ne nous reconnaisse. C'est mon deuxième prénom.
 
– Je sais. Mais je crois qu'ils étaient tous un peu trop ivres pour remarquer quoi que ce soit. Et nous sommes trop loin de la ville.
 
– Il aurait pu y avoir des paparazzi dans les parages.
 
– Qu'ils aillent se faire voir ! crache-t-il.
 
– Je préférerais me faire voir par toi. Il m'embrasse de plus belle.
 
– Ce type a été très déçu, dis-je quand nos lèvres se séparent.
 
– Je rétablissais simplement mes droits sur ce qui m'appartient. En lui faisant la faveur de lui offrir un petit fantasme qui l'occupera ce soir. Il glisse sans peine un troisième doigt en moi, et je me mords la lèvre pour retenir un cri de plaisir. Ne me dis pas que ça ne t'a pas plu.
 
– J'ai bien aimé, dis-je alors que les portes de l'ascenseur s'ouvrent. Beaucoup, même.
 
Il retire ses doigts,  puis  il me fait sortir  d'une petite tape sur  les fesses.  Notre chambre est au bout du couloir, et je suis stupéfaite. La suite est pourvue d'un salon, d'une salle à manger et d'une chambre séparées. La porte se referme avec un bruit sourd derrière nous.
 
– Pour une femme qui aime être à moi, tu as admirablement bien flirté avec ce type.Je  contemple  encore  la  pièce,  mais  à  ces  mots  je  fais  volte-face,  prête  à  me défendre... Je n'ai absolument pas flirté avec ce lourdingue. Mais je me ravise devant
les yeux rieurs de Harry.
 
– Qu'est-ce que j'étais censée faire alors ? je demande d'un ton dégagé. Tu ne t'occupais pas de moi. Je ne faisais que bavarder.
 
– Il voulait autre chose. Il me prend la main et m'entraîne dans la salle à manger, devant une grande table ronde. Il me retourne et se retrouve derrière moi, puis il glisse une main sous ma jupe, le long de ma cuisse. Il faut que tu comprennes, tu m'appartiens entièrement. Tu es à moi, et je veux te donner du plaisir, dit-il en effleurant mon clitoris et en faisant jaillir en moi un torrent de frissons. Ou de la souffrance. Il m'assène sans ménagement une claque sur les fesses ; je pousse un cri de douleur mêlé de plaisir. Tu aimes ça ? murmure-t-il. Oh, mon Dieu, oui. Je tends les fesses en arrière pour lui faciliter la tâche. Écarte les jambes.

 J'obéis, savourant d'avance la sensation de Harry en moi. J'entends le bruit de sa fermeture Éclair, puis le bruissement du pantalon qu'il enlève. Il garde sa chemise, et l'ourlet de coton amidonné frôle ma peau quand il se penche, m'arrachant un cri de plaisir. Une main revient entre mes cuisses, l'autre se referme sur mes seins. Quand je commence à me redresser, il m'ordonne de rester dans la même position, penchée et offerte.
 
– Tu veux que je te baise, n'est-ce pas ?
 
– Oui, dis-je dans un gémissement.
 
Heureusement, mes mains sont posées sur la table. Mes jambes seules ne suffiraient pas à me soutenir. Je ne suis plus que sensation, désir et énergie sexuelle. Et s'il ne me laisse pas jouir au plus vite, je vais m'évanouir de plaisir.
 
Il glisse deux doigts en moi, et je me crispe sur lui en gémissant. Je suis au bord de l'orgasme, tout près, et je me mords la lèvre dans l'attente de l'explosion ultime.
 
Qui n'arrive pas.
 
Je proteste quand il enlève ses doigts et pose chastement une main sur ma hanche.
 
– Tourne-toi, ma chérie, dit-il. Je veux voir ton visage.
 
J'obéis et lis dans son regard tout ce que les mots seraient impuissants à exprimer. Je fonds sous son désir brûlant. L'envie et la soif. J'en suis déchirée et n'ai plus qu'une certitude au monde, Harry.
 
– Embrasse-moi.
 
Il s'exécute. Son baiser, violent et avide, me meurtrit les lèvres. Il me repousse contre la robuste table, puis empoigne ma robe à l'encolure et l'arrache, découvrant mes seins. Je pousse un cri en me cambrant pour m'offrir à lui, et j'empoigne sa tête pour l'incliner vers mon téton, qu'il mordille juste assez pour m'arracher un râle. Je suis emportée par une vague de plaisir confinant à la douleur.
 
– Maintenant, dit-il.
 
Ce qui reste de ma robe est retroussé jusqu'à ma taille. La table s'enfonce dans mon dos, mais je m'en moque. J'écarte les jambes pour lui et je hurle quand il s'enfonce en moi. Cambrée, déchaînée, je vais à la rencontre de chaque coup de boutoir. Je suis à lui.
 
À Harry.
 
Il explose en moi en prononçant mon prénom. Puis, épuisé, il laisse glisser sa main à l'endroit où je ruisselle de son sperme. Je halète tandis qu'il me caresse en décrivant des cercles de plus en plus vite, jusqu'à ce que je crie et que mon corps s'arc-boute, déchiré par l'orgasme, avant de succomber à la béatitude de l'épuisement.
 
– Waouh, dis-je en me blottissant contre lui.
 
– En effet.
 
Nous restons ainsi un moment enlacés.
 
– Cette table est vraiment inconfortable,  dis-je enfin. Il éclate de rire. Et nous devrions la nettoyer, aussi. Je ne suis pas sûre que ce sera du goût des femmes de chambre.
 
– Elles en ont vu d'autres. Je me tourne vers lui d'un air interrogateur. Très bien. Nous allons la nettoyer. Mais pour l'instant, je t'emmène te coucher.
 
Il tend sa main, et je le suis dans la chambre spacieuse, équipée d'un lit qui semble bien plus douillet que la table.
 
– Un matelas, dis-je. En voilà, une nouveauté.
 
– Viens par là.
 
Il m'attire vers le lit, et nous abandonnons le reste de nos vêtements avant de nous glisser sous les draps. Je me pelotonne contre lui et nous restons allongés ainsi pendant des heures, à bavarder tout en zappant de chaîne en chaîne devant des bribes de vieux films.
 
Ça aussi, c'est quelque chose que j'adore chez Harry, ce passage de la passion la plus frénétique à ces moments suaves où je me sens en sécurité et adorée. C'est aussi délicieux et gratifiant qu'un verre de porto après un bon repas.
 
– Je ne suis pas fatiguée, dis-je en voyant la pendule indiquer 4 heures. Si on n'était pas déjà le matin, je regretterais le lendemain d'avoir autant veillé.
 
– Tu le regretteras ?
 
– Pas un instant.
 
– Merci.
 
– De quoi ?
 
– D'avoir accepté de réaliser un fantasme.
 
– Enfin, monsieur Styles, dis-je en riant. Vous n'avez pas entendu ? Je suis à vos ordres.
 
– Et j'en suis fort aise, dit-il avec un petit baiser.
 
Un bref instant, nous restons allongés sans rien dire. Puis Harry reprend :
 
– Ce coup de fil dont tu m'as parlé plus tôt, c'était une mauvaise nouvelle. D'un ami.

Trilogie Styles [Tome 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant