Chapitre 10

4.3K 235 4
                                    

Chapitre 10 :

– Allez-vous-en,  dit Harry  à Ollie, d'une voix plus glaciale et impérieuse que jamais.
 
Ollie s'apprête à répondre, mais je croise son regard et hoche la tête. Il fronce les sourcils, puis décoche à Harry un regard méprisant qui me noue l'estomac. Harry ne le remarque pas. Il fait à peine attention à Ollie, et son regard ne m'a pas quittée un instant.
 
– Harry...
 
– Non.
 
Il m'attire brutalement contre lui et m'enveloppe de ses bras. Il tremble presque de colère et je colle ma joue contre sa poitrine, heureuse de bénéficier de ce bref répit avant que la tempête se déchaîne. La musique est toujours aussi assourdissante, et les pulsations  des basses font vibrer la terrasse sous nos pieds. Puis, à ma grande surprise, la musique ralentit, comme pour s'accorder à notre posture. Je lève les yeux, curieuse, et je vois qu'une petite foule s'est rassemblée autour de nous. Harry Styles est au moins aussi célèbre que Garreth Todd, et nous venons de lui voler la vedette.
 
Comme   nous   ne   faisons   rien   d'autre   qu'osciller,   enlacés,   l'intérêt   décroît rapidement. Les gens s'en vont ou se mettent eux aussi à danser, et j'ai moins l'impression d'être une bête de foire.
 
Harry me garde dans ses bras durant deux chansons, et même si je serais heureuse de  rester  ainsi  toute  ma  vie,  j'ai atteint  le stade  où  je ne  peux plus  supporter  le suspense.
 
– Dis quelque chose, je le supplie.
 
Il reste muet, et une terreur glacée s'empare de moi. Au moment où je m'apprête à réitérer ma prière, il parle, d'une voix si douce et si basse que je dois tendre l'oreille, et je ne suis même pas sûre d'avoir bien saisi.
 
– Je suis désolé.
 
– Comment ? Je recule pour le regarder, tellement je suis certaine d'avoir mal compris.
 
– Je suis désolé, répète-t-il.
 
Nous avons cessé de nous balancer, et nous sommes immobiles au milieu de la piste.
 
– C'est une ruse ? Car je te connais bien, Harry Styles, et ce n'est pas du repentir que j'ai vu dans ton regard quand tu as fendu la foule. Plutôt une effrayante fureur mégalo. Et puis, j'ajoute avec une petite moue, c'est moi qui suis désolée.

 
Son expression ne change pas, mais une étincelle d'amusement traverse fugacement son regard.
 
– Pour commencer, je n'ai pas fendu la foule. Je me suis approché, très calmement d'ailleurs, étant donné les circonstances. Je déglutis. Je savais bien qu'il était fâché.Ensuite,  continue-t-il,  je  crois  qu'un  mégalomane  est  quelqu'un  qui  se  fait  des illusions sur son pouvoir. Fais-moi confiance, dit-il et là, je vois l'allégresse danser dans ses yeux, je ne me fais aucune illusion sur l'étendue de mon pouvoir. Et enfin, tu as peut-être des raisons d'être désolée, mais j'en ai plus que toi.
 
– Je... Oh.
 
Je ne sais absolument pas quoi dire. Cette conversation ne prend pas le tour que j'escomptais. Mais c'est juste, j'ai des raisons d'être désolée.
 
– J'aurais dû te dire que Jamie et moi nous sortions avec Ollie.
 
– Alors, tu le savais, quand on s'est parlé ?
 
– Non. Raine a appelé plus tard pour annoncer la soirée à Jamie. Puis Ollie a appelé et il a demandé à se joindre à nous. J'ai pris mon téléphone pour t'appeler, puis je ne l'ai pas fait, conclus-je en haussant les épaules.
 
– Parce que tu savais que je serais furieux.
 
– Oui, et c'est pour ça que je suis désolée.
 
– Alors, nous avons ça en commun. Je le dévisage d'un air interrogateur. Je ne veux pas être le connard  qui t'empêche  de voir  tes amis,  explique-t-il.  Ni que tu penses que tu dois me cacher des choses pour pouvoir les voir. Et je suis désolé que tu aies eu précisément cette impression.
 
Nikki la bien élevée s'apprête à protester, mais je me rends compte qu'il a raison. J'acquiesce.
 
– Je ne veux pas être un obstacle entre toi et tes amis, Nikki. Mais, bon sang, je ne peux pas saquer ce con.
 
Ce n'est pas vraiment nouveau, mais je réfléchis tout de même avant de répondre.
 
– Je comprends. Il n'a pas vraiment gagné ta confiance. Mais je le connais depuis toujours, et c'est l'un de mes amis les plus proches.
 
– Il t'a vue nue, Nikki. Il a touché tes cicatrices.
 
– Tu n'es quand même pas jaloux ? je demande, interloquée.
 
J'hallucine...  J'ai  déjà  dit  à  Harry  qu'Ollie  et  moi  n'avions  jamais  couché ensemble. Ce n'est pas le genre de relation que nous avons.
 
– Évidemment, que je suis jaloux. Je suis jaloux de quiconque te réconforte. Te prend dans ses bras et te fait oublier tes peines.
 
– Je ne te connaissais même pas, à l'époque, je chuchote.
 
– Et je suis jaloux de ce temps qu'il a passé avec toi à ma place.
 
– Tu n'es pas juste.

 
– Je sais... C'est vrai, en effet. Mais ça ne change rien. Vous êtes bien plus que de simples amis. Du moins plus depuis qu'il t'a aidée à te sortir de cet enfer avec ce salaud de Kurt. Je ferme les yeux à l'évocation de celui qui m'a tellement fait souffrir, des années auparavant,  qu'Ollie a littéralement dû me remettre sur pied. Ollie est amoureux de toi, Nikki. C'est d'ailleurs la seule raison pour laquelle je le respecte. Il a un goût excellent en matière de femmes.
 
Je n'ai pas envie d'entendre ça. Ollie n'a jamais été que mon ami, même si nous sommes très proches, du moins jusqu'à récemment. Je n'aime pas la tournure que prend  cette conversation. Mais, surtout, je ne veux pas me rendre brusquement compte que j'ai été sottement aveugle.
 
Je pense à Courtney, et je suis un peu écœurée.
 
– Il est fiancé, Harry.
 
L'argument est faiblard, car je ne peux m'empêcher de penser à Jamie. La fidélité n'est pas le fort d'Ollie.
 
– Je sais bien. Peut-être même qu'il aime aussi sa fiancée. Mais je sais qu'il t'aime. Et un de ces jours, cela va causer un très gros problème entre lui et moi.
 
– Ne me la joue pas western. Je m'efforce de plaisanter. Même si, avec tout ton argent, ce serait plutôt le duel au fleuret au Manoir Styles que le règlement de compte à OK Corral. Mais prends garde, Harry, Ollie a grandi au Texas, c'est un bon tireur.
 
– Je suis meilleur, répond Harry très sérieusement.
 
– Je suis vraiment heureuse que tu sois là.
 
– Et moi aussi. Quel plaisir de te serrer enfin contre moi. Toute cette journée a été si éprouvante.
 
Je tressaille en repensant aux paparazzi qui se sont jetés sur moi devant le bureau avec leurs allégations fantaisistes d'espionnage industriel.
 
– Désolée.
 
– Tu n'y es pour rien, dit-il en me caressant doucement la joue. Pas toi. Mais il y a des trucs... Il pousse un soupir exaspéré qui me surprend. Des tapisseries que j'ai soigneusement tissées au cours de ces années, et qui commencent à se défaire. Il n'y a pas de place dans ma vie pour l'imprévu. Tu ne l'as peut-être pas remarqué, mais j'ai besoin de tout contrôler.
 
– Je suis stupéfaite de l'apprendre, monsieur Styles. Vraiment.
 
– En fait, répond-il sans relever mon sarcasme, je suppose que tu as dû tomber dans cette catégorie. Je voulais que tu sois chez moi. Tu n'as pas voulu. Ça ne m'a pas plu. Je le prends par la taille.
 
– Si cela te perturbe à ce point, attache-moi, pour que je reste en permanence à ton côté.
 
Je le sens se raidir contre moi, et je suis heureuse de me cramponner  à lui. Je


















Trilogie Styles [Tome 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant