Chapitre 20

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Chapitre 20 :

On est seulement vendredi, et les embouteillages et la pollution me manquent. J'ai envie de sortir, de marcher parmi la foule, et peu m'importent les journalistes, les paparazzi et tous ceux qui me regardent comme une bête curieuse.
 
En même temps, j'aime vivre dans cette bulle avec Harry. Il s'est installé sur le canapé, les pieds nus sur la table basse, son iPad dans une main et un verre d'eau gazeuse dans l'autre. Il porte une oreillette Bluetooth, et de là où je suis, comme je ne la vois pas, il donne l'impression de parler tout seul. Je n'y fais plus attention depuis longtemps. Si fascinée que je sois par le personnage, je ne veux pas savoir les détails des problèmes que connaît telle ou telle filiale à Taiwan ou ailleurs.
 
De mon  côté,  j'ai terminé de lire les Chroniques martiennes, et bien que j'aie commencé à le lire avec en tête l'image de Harry jeune, je me suis finalement laissé absorber par l'atmosphère et les personnages.
 
Mais à présent, je ne sais plus quoi faire. Comme je n'ai pas mon ordinateur, je ne peux  pas  travailler.  Je  ne  suis  pas  d'humeur  à  commencer  un  autre  livre,  et  la télévision ne m'intéresse pas le moins du monde. J'envisage de me lancer dans un défilé de mode pour Harry avec les vêtements qui remplissent le placard, mais je n'arrive pas à m'y mettre. Ces derniers temps, je le monopolise, même si ce n'est pas intentionnel, et bien qu'il prétende que son empire est moins important que moi, je sais que le monde de Harry Styles risque de se désagréger s'il n'est pas constamment à la barre.
 
Je vais dans la cuisine me préparer une tasse de thé vert – c'est censé calmer et je ne tiens pas en place. En fait, ce n'est pas à cause de la presse que je flippe. Mais je n'arrive pas à savoir si c'est parce que je gère si bien cette nouvelle crise dans ma vie, ou  parce  que  Harry  et  moi  sommes  enfermés  dans  sa  tour  d'ivoire  et  que  les problèmes des mortels sont les cadets de nos soucis.
 
À mon avis, la deuxième hypothèse est la bonne. J'imagine que cette impression de maîtriser la situation va fondre comme neige au soleil dès que je retrouverai une vie normale et me connecterai à Internet. Un simple coup d'½il à mon téléphone devrait me le prouver. Ma mère a appelé deux fois et je n'ai pas décroché. Je n'ai pas écouté les messages non plus. et je ne l'ai pas rappelée. Je ne sais même pas si je le ferai un jour, d'ailleurs.
 
Même  si  le  monde  est  rempli  de  journalistes,  d'Elizabeth  Fairchild  et  d'autres créatures désagréables, je tiens si peu en place que je songe à me rendre à pied au musée d'Art contemporain. Il n'est qu'à quelques rues d'ici et je doute que la presse


















m'y ait tendu une embuscade. C'est aussi suffisamment proche pour que Harry ne se fasse pas de souci. Et s'il y a quoi que ce soit, il pourra me rejoindre en quelques minutes.
 
Et puis j'ai envie de prendre un peu l'air.
 
J'apporte mon thé et de l'eau pour Harry dans le salon, au moment où Sylvia entre dans la pièce.
 
– Mademoiselle Fairchild, dit-elle, comment allez-vous ?
 
– Bien. Comment est la vie au-dehors ?
 
– Tu commences à avoir des fourmis ? sourit Harry.
 
– Ce n'est pas que je déteste ce palais de conte de fées, mais... Il toussote, puis il se tourne vers Sylvia qui réprime un sourire.
 
– Qu'est-ce que vous m'apportez ?
 
– Juste quelques papiers à signer, répond-elle en lui tendant un parapheur. Ceci est arrivé  pour  vous,  ajoute-t-elle  en  me  donnant  une  enveloppe  blanche  qui  m'est adressée sous couvert de Styles International.
 
Elle ne porte aucun en-tête, mais le cachet est celui de Los Angeles.
 
– C'est étrange, dis-je à Harry qui pose le parapheur sur un coussin et vient me rejoindre.
 
– Ouvre-la, dit-il.
 
Je m'exécute. Je déplie la feuille qu'elle contient, et suis prise de nausée.
 
Salope. Pute. Traînée.
 
– Les ordures, souffle Harry en me prenant la lettre et l'enveloppe qu'il glisse
entre les pages d'un magazine avant de le tendre à Sylvia. Donnez cela à Charles. Veillez à n'y laisser aucune empreinte.
 
– Bien sûr, monsieur Styles. Je suis désolée, mademoiselle Fairchild, je ne pouvais pas savoir.
 
– Non, bien sûr, dis-je.
 
– Ça ne fait rien, Sylvia, répond Harry, qui l'invite à partir.
 
– Je reviendrai prendre les documents plus tard, dit-elle. Elle s'arrête sur le seuil et se retourne vers moi.  Pardonnez-moi  si ma remarque est déplacée,  mademoiselle Fairchild, mais j'ai vu le tableau quand j'étais à la maison de Malibu lorsque j'accompagnais les décorateurs pour le cocktail. Je lève les yeux vers elle, intéressée. C'est un  magnifique  portrait.  Étonnant et fascinant.  Franchement,  je crois que M. Styles a fait une affaire. Pour moi, cette ½uvre vaut au moins deux millions.
 
J'éclate d'un rire mêlé des larmes que j'ai retenues pendant qu'elle parlait.
 
– Merci, dis-je en reniflant. Je l'aime bien, j'ajoute pour Harry.
 

Trilogie Styles [Tome 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant