Chapitre 5

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Chapitre 5 :

J'ouvre les yeux sur le semis d'étoiles qui apparaît par la porte, sans trop savoir ce qui m'a réveillée. Étourdie, je me tourne vers Harry, cherchant machinalement la douceur et le confort de ses bras pour me rendormir. Mais je ne trouve que des draps froissés abandonnés. Je m'assieds, désorientée.
 
La bougie s'est consumée, mais Harry a rallumé à faible puissance les appliques dont la lueur suffit tout juste à dissiper un peu l'obscurité. Je jette un coup d'œil vers la cuisine, mais il n'y a ni bruit ni lumière. Les draps sont glacés. Harry s'est levé depuis un bon moment.
 
Je me laisse glisser hors du lit et ramasse le peignoir. Je l'enfile, sa douceur soyeuse me rappelle la main de Harry. Je défais la ceinture restée attachée à la tête de lit, m'en entoure la taille et la noue. Puis je pose la main sur la boule d'acier glacée. J'aurai de la peine à voir ce lit partir, mais il n'a plus son utilité. C'était un accessoire, une illusion choisie pour un effet précis.
 
Je tremble, craignant brusquement et sans raison que tout cela n'ait été qu'illusion, Harry plus que tout. Mais ce ne sont que des fantômes. Je sais ce qu'il en est. Du moins, je l'espère. Soudain, je me rappelle ce qu'il m'a dit au restaurant : qu'il me quitterait pour me protéger. J'ai froid tout à coup. Mais je suis bête, Harry ne m'a pas quittée. Il a seulement quitté le lit.
 
– Harry ?


Je ne m'attends à aucune réponse, donc ne pas en recevoir ne me surprend pas. La maison est vaste, il pourrait être n'importe où... même très loin.
 
Un moment, je songe à retourner me coucher pour essayer de me rendormir. Il ne m'a pas réveillée, après tout, et je me demande s'il n'est pas parti en quête d'un peu de solitude. Il m'a dit que le coup de téléphone n'avait rien à voir avec les menaces de Carl, et je ne doute pas de lui. Néanmoins l'appel l'a troublé, et je suis assez égoïste pour  vouloir  comprendre pourquoi.  Je veux qu'il se confie à moi, et que ce soit auprès de moi qu'il cherche du réconfort. Je veux qu'il tienne sa promesse et éclaire un peu les ombres qui l'entourent.
 
Mais est-ce pour cette seule raison que je le cherche ? Promesse ou non, Harry a droit à une vie privée. Et cela a beau me frustrer, la promesse, c'est à lui de la tenir... ou non.
 
Mon  hésitation  ne  dure  qu'un  instant,  car  si  je  tiens  vraiment  à  comprendre l'homme je désire encore plus le réconforter. Je veux le tenir dans mes bras et lui promettre silencieusement que je serai toujours là pour lui.

 
Je veux...
 
Peut-être suis-je égoïste, mais je suis assez arrogante pour penser que Harry a
besoin de moi. Et assez égoïste pour rester.
 
Je vois qu'il a laissé son téléphone près de la bougie. Je m'arrête en pensant au texto qu'il a reçu, puis au coup de fil qui a suivi juste après. Soit il a reconnu le numéro, soit le nom de l'appelant figure dans son répertoire. Dois-je y jeter un coup d'œil ?
 
Attends  :  si  Harry  fouinait  dans  l'historique  de  mes  appels,  j'exploserais  de fureur ! Et pourtant, j'envisage de fouiller dans le sien ! Aurais-je miraculeusement remonté le temps jusqu'à mes années de lycée ? La pensée est indéniablement désagréable, et je la balaie tout en gagnant l'ascenseur de service au fond de la cuisine. Au premier étage, il donne sur l'office, un splendide espace rempli d'appareils dernier cri  qui  n'ont  jamais servi.  Je  traverse  la  cuisine  pour  rejoindre  une  véranda.  Je m'attends à le trouver dans la salle de sport qui occupe une centaine de mètres carrés sur le côté nord de la maison. Mais quand j'y arrive, pas de Harry.
 
La  salle  est  grande  et  divisée  en  sections  distinctes.  La  première  contient  des appareils, des poids libres, des tapis et un sac de frappe. Je la traverse rapidement pour pousser la magnifique porte en chêne qui ouvre sur la suivante, plus vaste. Dans cette deuxième section se trouve une piste de course avec des barres de traction, des vélos, un second sac de frappe et plein d'autres équipements.
 
Fidèle au style de Harry, toute une paroi vitrée s'ouvre sur la propriété et sur l'océan. Le salon, au niveau principal, donne sur la piscine à débordement, mais on peut aussi accéder au bassin depuis la salle de sport, par l'une des petites portes en verre ouvrant sur la terrasse en bois. De là où je me trouve, je ne vois pas l'eau, mais une des lumières de la piscine doit être allumée car une clarté bleu vert chatoie sur le deck. Pendant un instant, je n'y fais pas attention. Harry l'a laissée allumée depuis que la piscine a été remplie il y a trois jours – depuis que j'ai dit qu'enfant j'adorais m'asseoir au bord de la piscine la nuit avec ma sœur, pour regarder la lumière danser à chaque vaguelette poussée par le vent.
 
Sauf qu'en cet instant, il n'y a pas de vent. Même les trois voilages que Harry a épargnés ne bougent pas. Et la lumière danse selon un rythme régulier.
 
Je souris, comprenant que je l'ai trouvé.
 
Je m'avance vers la porte en verre, mais je m'arrête en voyant la petite table près du sac de frappe. Une bouteille d'eau y est posée, mais ce n'est pas ce qui attire mon regard. C'est le journal. Lire les nouvelles est une sorte de religion pour Harry, mais je ne l'ai jamais vu oublier  de plier soigneusement  un journal une fois sa lecture terminée. Cette feuille est par terre, en revanche. Peut-être est-elle simplement tombée, mais je n'y crois pas trop. Je la ramasse et vois aussitôt qu'il s'agit de la rubrique des sports. Vu le passé de tennisman de Harry, cela n'a rien d'étonnant. Mais le gros titre m'arrache un cri de surprise.
 
Apparemment, un nouveau centre de tennis va bientôt ouvrir à Los Angeles. L'inauguration a lieu vendredi prochain, dans une semaine exactement. Et le centre portera le nom de l'ancien entraîneur de Harry, Merle Richter. L'homme qui s'est suicidé quand Harry avait quatorze ans. L'homme avec qui son père l'avait forcé à travailler, alors même que Harry le suppliait de le laisser arrêter le tennis.
 
Je me rappelle avoir entendu Alaine parler de l'inauguration  d'un centre. Sur le moment, cela ne m'a pas marquée, mais à présent je comprends tout.
 
Je serre fermement le journal dans une main et fais coulisser la porte vitrée. La plate-forme est lisse sous mes pieds, et le peignoir flotte sur mes mollets alors que j'approche de la piscine. La propriété est construite sur les collines de Malibu, et le débordement est conçu pour donner l'illusion de tomber à pic, comme si on pouvait s'avancer et disparaître au-delà dans l'espace.
 
Harry nage le long de ce précipice et je me demande s'il n'a pas choisi cet endroit intentionnellement. Il crawle, nu, et la lumière de la piscine souligne sa musculature dans l'eau. Son corps est magnifique, athlétique et puissant, mon ventre se noue. Rien de sexuel – même si je mentirais en niant qu'il y a toujours quelque chose de sexuel avec  lui.  C'est possessif. Il est à moi, me dis-je.  Mais cette pensée est mêlée de crainte. Car même si je sais que l'inverse est vrai – je me sens définitivement à lui –, j'ai parfois peur que Harry n'appartienne à nul autre qu'à lui-même.
 
Je crains aussi les raisons qui m'ont amenée à me donner si complètement à lui.
Indéniablement, il comble un besoin en moi. Mais je n'ai pas les meilleurs antécédents qui soient dans ce domaine. Et tandis que ma main glisse presque inconsciemment sous mon peignoir pour toucher les cicatrices durcies qui enlaidissent ma cuisse, je dois avouer que j'ai souvent eu besoin de choses non seulement mauvaises mais très, très dangereuses.
 
Cependant, sur le moment, peu m'importent mes motivations ; que ce soit la vérité ou une illusion, je ne peux croire que quelque chose chez Harry puisse représenter un danger pour moi. Au contraire, c'est un cadeau, un sauveur. Un chevalier sur son blanc destrier – même si cette image le ferait grimacer, et qu'il tiendrait à ce que le cheval soit noir.
 
Pour moi, il n'y a rien de sombre chez Harry Styles, il n'apporte que la lumière dans mon monde. Voilà pourquoi je me sens impuissante devant sa souffrance, et d'autant plus perdue quand ce n'est pas vers moi qu'il se tourne.
 
J'ai marché lentement,  et à présent je suis au  bord  de la piscine du  côté de la maison. Il y a là cinq marches. Des marches larges conçues pour se prélasser dans l'eau. Je descends en retroussant le bas du peignoir pour ne pas le mouiller.
 
Harry,  à  l'autre  bout  du  bassin,  ne  m'a  pas  remarquée.  Je  fais  trois  pas  et descends une marche. L'eau m'arrive juste aux genoux. C'est la première fois que j'y pénètre, et je suis surprise de la sentir si chaude. Pas comme un bain, mais tiède, plus chaude que l'air nocturne.
 
J'avance jusqu'au bord de la deuxième marche et contemple l'homme qui a ravi mon cœur. Je suis à une cinquantaine de centimètres en contrebas, à présent, et tout ce que je vois, c'est lui,  l'eau  et le ciel immense.  Ses mouvements  sont efficaces  et maîtrisés. Je gagne la troisième marche. Le peignoir et le bas de la fine étoffe s'étalent alors sur l'eau comme les pétales d'une rose.
 
Je suis sur le point de l'ôter et de le poser sur le deck, quand Harry s'arrête à mi- longueur. Il flotte, tourné vers moi, mais les ombres et la lumière qui jouent sur son visage,  reflétées   par  le  mouvement  de  l'eau,  m'empêchent   de  déchiffrer   son expression. Néanmoins je sens le poids de son regard sur moi. Même si j'ai envie de me précipiter vers lui, je reste immobile. La peur me cloue sur place. Je crains d'avoir outrepassé les limites, d'avoir interrompu un moment de solitude.
 
Plus il reste à l'autre bout de la piscine, plus cette peur croît en moi, si bien que lorsqu'il revient enfin je recule instinctivement. Il me regarde avec une telle adoration que mon cœur se serre. Il cesse de nager et se redresse dans l'eau qui lui arrive à la poitrine.
 
– Je ne voulais pas te réveiller.
 
– Comment pourrais-je dormir sans toi ?
 
Je me  suis  avancée  et le  peignoir  flotte  autour  de  moi.  Harry  s'approche  en fendant l'eau, puis tire sur la ceinture. Le peignoir s'ouvre, révélant mon corps. Il glisse ses mains sur mes épaules et le fait tomber. L'étoffe détrempée colle à mes bras, mais  je  m'avance, l'abandonnant  derrière  moi  –  et  ce  n'est  plus  la  soie  qui m'enveloppe, mais les bras de Harry.
 
– Je crois que le peignoir est fichu, dis-je. Je ne voulais pas descendre dans la piscine avec, mais je te regardais et j'ai tout oublié.
 
– Ça m'arrive aussi.
 
Il  me  caresse  tendrement  le  visage  d'une  main,  tandis  que  l'autre  me  tient fermement la taille, comme s'il avait peur que l'eau m'emporte.
 
– Cela t'ennuie que je sois là ?
 
Sa bouche s'incurve en un sourire ironique et il m'attire contre lui. Je sens son érection contre ma cuisse.
 
– À ton avis ?
 
Je secoue la tête. Ce n'est pas pour le sexe que je suis venue ici, même si j'ai du mal à me rappeler pourquoi, avec Harry nu en érection à côté de moi. Mais si, je m'en souviens. Je relève la tête pour le regarder droit dans les yeux.
 
– J'étais inquiète.
 
– Pour le coup de téléphone ? Je t'ai dit que c'était sans rapport avec les menaces deCarl.
 
– C'était à propos du centre de tennis ? j'ose demander. Il me jette un regard aigu.
 
– Tu es au courant ?
 
– C'est ce qui te tracasse ?
 
Il hésite, puis acquiesce brièvement.
 
– Comment l'as-tu appris ?
 
– J'ai vu le journal. Tu l'as laissé près du sac de frappe.
 
– Peut-être que je voulais inconsciemment que tu le trouves, ironise-t-il.
 
– Eh bien, dis-je en riant, c'est un début !
 
Comme  je l'espérais,  il éclate de rire à son  tour.  Puis il se détend  et m'enlace étroitement. Je soupire, les bras autour de son cou, la tête contre sa poitrine.
 
– Je ne suis pas un fan de Richter (son ancien entraineur), dit-il. L'idée qu'un centre de tennis professionnel porte son nom me met en rage.
 
– Tu ne peux rien faire ?
 
– Je pourrais acheter ce fichu centre, dit-il. Mais je ne vais pas le faire.
 
J'ai envie de voir son visage, mais je ne bouge pas. Immobile, je me demande si
Harry Styles a choisi ce moment pour me révéler ses secrets.
 
– L'appel qui m'a contrarié venait de mon père, commence-t-il.
 
– Ah...
 
Je lève la tête vers lui. Son visage se crispe, et son regard s'est durci. Je ne m'étais pas trompée concernant son hésitation. Le père de Harry n'est pas un sujet facile. Je sais qu'il n'étaient pas proches. Que son père l'a poussé dans la compétition comme ma mère m'a forcée à enchaîner les concours de beauté. Je sais tout cela, parce que Harry me l'a dit. Mais je soupçonne Richter d'avoir abusé de Harry et je suis sûre que son père le savait mais a forcé son fils à rester avec ce salaud.
 
– Tu veux qu'on en parle ? je demande imprudemment.
 
– Non, répond-il, laconique.
 
– Très bien.
 
J'essaie de garder mon ton nonchalant, mais je comprends que j'ai échoué quand il appuie son front sur le mien et pose ses mains sur mes épaules.
 
– Je sais que ça te tracasse, dit-il. Et j'en suis désolé.
 
Je commence à protester. La Nikki bien sage que ma mère a conditionnée est prête à s'élancer pour le rassurer en affirmant que ce n'est pas grave du tout qu'il ait des secrets et qu'il ne veuille pas m'en parler. Pas grave s'il se lève au milieu de la nuit pour se consoler dans la solitude.
 
La  bien  sage  a  envie  de  dire  tout  cela,  mais  je  l'envoie  balader.  J'inspire profondément, et ce n'est pas non plus Nikki la rebelle ni la Nikki en société. Non, tout simplement  moi,  qui regrette  de ne pas avoir  de formule  magique  pour  tout arranger, que Harry me dise la vérité ou non.
 
– Ça me tracasse, oui, mais seulement parce que je n'aime pas te voir souffrir.
 
– Et moi qui pensais avoir bien caché mes blessures, plaisante-t-il à moitié.
 
– Tu les caches bien, mais tu parles à une experte en la matière. Je les vois quand personne d'autre ne les remarque. Je sais que cela m'a aidé de te parler. De savoir que je pouvais prendre un peu de ta force, si la mienne n'était pas suffisante. Il veut répondre, mais je pose un doigt sur ses lèvres. Je suis sincère quand je dis que je veux être à ton côté, Harry. Mais le dire ainsi me fait passer pour plus altruiste que je ne le suis vraiment. Je marque une pause, car l'honnêteté, ce n'est jamais si facile. La vérité,  c'est  que  cela  me  paraît  injuste.  J'ai tout partagé  avec  toi,  mais  tu gardes tellement de choses sous clé...
 
– Nikki...
 
– Non ! Je le coupe. Ce n'est ni une exigence ni une accusation. C'est une excuse. Parce que j'ai choisi toute seule de te parler, et c'est injuste de ma part d'être vexée parce que tu n'as pas fait le même choix. Ce n'est pas comme si on était obligé de tout faire pareil.
 
– Non, convient-il avec un léger sourire.  Mais comme j'ai apprécié notre petite partie de Jacques-a-dit, peut-être devrions-nous ajouter ce jeu à notre répertoire.
 
– Je ne blague pas.
 
– Je sais... Merci.
 
Je regarde cet homme qui dirige un empire. Mais pour l'heure, le pouvoir, la gloire et  l'argent  ne  signifient  rien.  Ce  n'est  qu'un  homme.  Mon  homme.  Et  je  dois reconnaître cette vérité muette qui attend depuis si longtemps : je suis en train de tomber amoureuse de Harry Styles.
 
Cela ne m'effraie pas. Au contraire.
 
– Viens avec moi, dis-je en lui tendant la main.
 
– Où allons-nous ?
 
– Je vais te changer les idées. Et beaucoup plus efficacement que des longueurs de bassin.
 
Nous nous séchons au bord de la piscine,  puis nous allons à l'étage.  Je le fais s'allonger sur le lit, et je viens me coucher à côté de lui. Je suis fatiguée, à présent – il est plus de 3 heures du matin –, mais j'ai besoin d'être avec Harry en ce moment. Et j'espère sincèrement que lui aussi a besoin de moi.
 
– Je vais m'occuper de toi, dis-je d'une voix rauque et sensuelle.
 
Un pli amusé fronce le coin de ses yeux, et je commence par là, en déposant un petit baiser sur sa tempe. Puis je passe une jambe par-dessus sa poitrine. À présent, je suis assise sur lui, et cette touffe de duvet avec laquelle je jouais tout à l'heure agace mon sexe encore sensible. Je me cramponne à ses épaules en ondulant des hanches pour laisser monter le plaisir alors que mon clitoris glisse sur sa peau.
 
Il m'empoigne les fesses pour accentuer et souligner le mouvement.
 
– Remonte ! exige-t-il d'une voix grondante. Je veux te savourer. Je secoue la tête et glisse dans l'autre direction.
 
– Bonne idée, dis-je, mais je vais ailleurs.
 
Je laisse traîner mes mains sur sa poitrine, agaçant ses tétons du bout des doigts et traçant des lèvres et de la langue un chemin qui descend doucement. Je sens son corps se raidir, et bientôt l'acier de son érection se dresse contre l'arrière de mes cuisses. Il est aussi excité que moi, et le savoir me donne encore plus de pouvoir.
 
Je m'agenouille et descends encore, puis je me cale contre ses cuisses. Lentement, je me penche en avant, sans le quitter des yeux. Je veux le prendre en moi et le savourer. Je veux le lécher  comme un  sucre d'orge et voir  dans son  regard  l'explosion  du plaisir.
 
C'est ce que je veux, mais j'en suis privée, car il m'empoigne et me fait brutalement remonter sur lui. Avant que j'aie pu protester ou poser une question, ses lèvres se collent aux miennes dans un baiser brûlant.
 
– À genoux, dit-il.
 
J'obéis et il se penche sur moi en me caressant le dos. Je sens ses mains sur mes côtes. Je suis frappée de constater combien il est fort et combien je suis fragile.
 
– Dis-moi que tu me fais confiance, chuchote-t-il comme si mes pensées lui appartenaient elles aussi.
 
– C'est le cas.
 
– Dis-moi que je peux te prendre comme je le désire. Je ferme les yeux et souris.
 
– Oh, oui !
 
– Je vais te faire voler en éclats, Nikki, dit-il tout en me caressant le sexe du bout de ses doigts. Je veux sentir mes mains sur toi quand tu exploseras et je veux savoir que c'est moi qui te donne tout cela. Chaque souffle, chaque vague de plaisir, chaque douleur dans ta chatte, jusqu'à la dernière marque de morsure sur ton dos. Moi. C'est moi qui ai fait cela. Je frissonne à ses paroles, impatiente de les voir se réaliser. Je vais te conquérir, Nikki. Avec ma main, avec mes lèvres, avec mon sexe.
 
À cet instant, il s'enfonce en moi et tout mon corps se crispe sur lui. Je bouge les hanches pour l'engloutir plus encore. L'une de ses mains cherche à combler un autre désir et se faufile pour trouver mon sein, et me pince si violemment le téton que mon sexe se resserre encore plus sur lui. Puis ses doigts descendent jusqu'à frôler mon clitoris, et je me mords les lèvres en attendant, oui, qu'il me fasse jouir.
 
Mais pas tout de suite. C'est Harry qui mène le jeu. Et ce soir, c'est lui qui décide des règles.
 
Bientôt,  il se retire de moi et enlève sa main  de mon  clitoris.  Je suis démunie, perdue. Il roule sur le côté et fouille dans la table de chevet.
 
J'étouffe un cri quand je vois le lubrifiant, un cri qui se transforme en soupir d'aise quand il en enduit délicatement mon anus.
 
– Partout, Nikki.
 
Ce soir, je sens de la brutalité dans sa voix. Un besoin qui frise le désespoir.
 
Sa bite est dure et prête, mais il prend son temps, me taquine avec ses doigts pour que je sois prête à l'accueillir. Je ferme les yeux en m'abandonnant à la sensation. Il ne m'a prise ainsi qu'une fois, lorsque je me suis donnée entièrement à lui.
 
Mais là, je ne donne pas. C'est Harry qui prend.
 
Son sexe me touche, m'agace et me dilate jusqu'à ce que je m'ouvre, puis il me pénètre, d'abord lentement, puis de plus en plus profondément et violemment.
 
– Pour toujours, gronde-t-il.
 
Sa voix est animale, ses gestes plus encore. Il s'enfonce en moi et je me mords la lèvre, car, oui, il me fait mal. Mais je ne veux pas crier. Je ne sais pas pourquoi il a besoin de cela, mais je sais qu'il en a besoin.
 
Harry, qui n'était jusque-là que braise, n'est plus que flammes. Ce qu'il exigea, il le prend. Ses doigts sur mon clitoris, son sexe qui me pilonne. Harry a besoin de moi, et je me donne de plein gré en ravalant mes cris, tandis qu'il s'enfonce en moi si profondément qu'une douleur fulgurante me parcourt. Je ne suis pas étrangère à la douleur. Elle me donne du pouvoir, quelque chose de tangible à quoi m'accrocher. Et je peux supporter la douleur donnée par Harry et l'entraîner jusqu'au fond de moi comme un bien précieux.
 
Je pense comprendre ce dont il a besoin. Pas de ma douleur, mais du pouvoir. Il a besoin de me posséder. Peut-être qu'il ne peut pas s'emparer des fantômes du passé qui sont revenus le hanter, mais il m'a, moi. En cet instant, je suis à lui, il peut me toucher et me prendre. Me posséder et m'utiliser.
 
Je suis à lui. À Harry, tout simplement.
 
Il jouit violemment et rapidement, et mes genoux faiblissent quand il s'effondre de tout son poids sur moi. L'espace d'un instant, je suis prise au piège, puis il roule sur le côté, une de ses jambes encore sur moi, la tête posée près de ma poitrine. Il ouvre les yeux et me regarde. Quelques secondes passent. Puis je vois des ombres glisser dans ses yeux.
 
– Bon Dieu, dit-il. Nikki, je...
 
– Non, dis-je en lui caressant la joue. Tu ne comprends pas ? Je veux être à ton côté. Quoi que tu fasses, quoi qu'il arrive.

Il reste un moment silencieux.
 
– Je t'ai fait mal ? demande-t-il finalement.
 
– Non. Ce n'est qu'un petit mensonge. Le plus vif de la douleur est déjà passé. Je suis endolorie, mais c'est une sensation agréable. Non, tu as été merveilleux.
 
Il me serre contre lui. Je le sens encore troublé, autant parce qu'il pense m'avoir fait mal que parce qu'il n'a pas réussi à se maîtriser. Moi, c'est le contraire. Il n'a pas réussi à se maîtriser avec moi : c'est presque comme partager un secret. La pensée me fait  sourire  et je  ferme  les  yeux  avec  un  long  soupir.  Endolorie,   oui,  mais délicieusement comblée. Je suis sur le point de m'endormir, quand il reprend :
 
– Mon père a l'intention d'aller à l'inauguration.
 
– Ah !
 
Je me redresse sur un coude pour le regarder.
 
– Je n'irai pas. Richter était un salaud et je ne soutiens pas la décision de lui rendre le moindre hommage.
 
– Je comprends que tu ne veuilles pas y aller.
 
– J'en suis heureux.
 
– Et moi, que tu aies le courage de tenir tête à ton père. Je ne serais pas capable de résister à ma mère.
 
– Je crois que si, dit-il en glissant une main entre mes jambes.
 
– Attention, dis-je en levant les yeux au ciel. Nous avons tous les deux besoin de sommeil, et ce n'est pas la meilleure manière de s'y prendre.
 
– Dommage.
 
Il glisse un doigt en moi et j'étouffe un cri.
 
– C'est un acompte, plaisante-t-il en le retirant. Sur demain soir.
 
– Vous êtes vraiment très cruel, monsieur Styles.
 
– Cela peut m'arriver, dit-il. Mais jamais avec toi.
 
– Et le centre de tennis, c'est tout ce qui te tracasse, vraiment ? je demande en le scrutant.
 
– Oui...
 
Cette hésitation est-elle le fruit de mon imagination ? Ai-je tellement l'habitude que Harry me cache des choses que je vois des secrets même lorsqu'il n'y en a pas ?
 
Oui, a-t-il dit. Je décide de le croire. Il a ouvert une porte. Mais Harry Styles, comme cette maison, contient beaucoup de pièces, et je ne peux m'empêcher de me demander combien d'autres portes restent closes et verrouillées.
 
 

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Voila le cinquième chapitre du deuxième tome. On espère qu'il vous a plu !

Harry commence un petit peu à se confier...

Et vous avez appris de qui était le mystérieux coup de fil.

Qu'est-ce que vous en avez pensé ?



Nous vous embrassons xx

Trilogie Styles [Tome 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant