Chapitre 4

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Chapitre 4 :

Il n'y a pas  de circulation  quand  nous  rentrons.  Harry  profite  de l'autoroute déserte pour conduire comme un démon sur la Pacific Coast Highway puis sur les routes tortueuses des canyons de Malibu.
 
Il parvient à faire le trajet en moins de vingt minutes, ce qui est un record et la preuve que la firme Bugatti n'exagère pas les prouesses de ses voitures.
 
Bien que le trajet de retour soit bref et la vitesse grisante, ce sont les vingt plus longues minutes de ma vie.
 
À présent, nous sommes à la maison et Harry retire lentement, très lentement la cordelette de sous ma jupe. Le nœud serré résiste, si bien que lorsque la cordelette glisse entre mes fesses et sur mon sexe, je dois me mordre les lèvres pour ne pas crier quand la sensation monte en moi.
 
– Harry... dis-je dans un murmure.
 
C'est le seul mot que je parviens à prononcer. Nous sommes dans l'entrée vide de sa maison encore en travaux. La pièce est vaste et nue, et même ma respiration semble résonner. Derrière nous, la porte est restée grande ouverte.
 
Peu m'importe tout cela. Pour tout dire, en cet instant, le sol dur en marbre me paraît sacrément attirant. Je croise le regard de Harry et j'y vois le reflet de mon désir. Cette soirée a été un prélude, de merveilleux préliminaires. Mais le moment est venu de passer à la suite. Je veux faire l'amour.
 
Je veux Harry.
 
– Enlève tes vêtements, ordonne-t-il, à peine m'a-t-il débarrassée de la cordelette, qui reste accrochée à mon cou.
 
Je hoche la tête et obéis en silence, ôtant d'abord la jupe, puis le haut. Pendant ce temps, Harry  va claquer la porte d'entrée. Quand  il revient, je m'efforce de me dépêtrer du nœud à mon cou.
 
– Non, dit-il. Laisse-le.
 
Il se baisse et défait les minuscules boucles de mes sandales. Et je les quitte avec un soupir de soulagement. Les dalles de marbres sont glacées sous mes pieds et avec tout ce désir accumulé en moi je suis surprise de ne pas faire jaillir de la vapeur à chaque pas.
 
À présent, je suis nue, avec seulement la cordelette autour du cou. Lui est toujours habillé, sans même un faux pli. Ce simple fait m'excite. Je suis consciente de toutes ces sensations. La chaleur de Harry à quelques centimètres seulement de moi. La pulsation du sang dans mon cou. La crispation de mon sexe qui réclame qu'on le touche.
 
Nos  regards  se  croisent  et  je  laisse  échapper  un  cri.  Le  désir  que  j'y  lis,  je m'attendais à le voir, mais je suis saisie par l'émotion brute, l'envie désespérée qu'il ne tente même pas de dissimuler.
 
– Nikki, dit-il.
 
D'un geste vif, il s'empare de la cordelette et m'attire. Je trébuche et me retrouve collée contre lui, ma chair brûlante contre le coton frais de sa chemise. Mais je n'ai pas le temps de réfléchir, car sa bouche se referme sur la mienne dans un baiser qui est plus un assaut qu'une séduction. Il exige, il s'empare. Plus rien d'autre n'existe que Harry. En cet instant il est tout mon univers, et je sais avec la plus grande certitude que pour lui rien d'autre n'existe en dehors de nous deux.
 
– Je veux procéder lentement,  dit-il, achevant enfin son baiser. Je veux te faire gémir d'impatience et te tortiller de désir pour moi. Je veux que tu sois tellement excitée que tu me supplies. Je déglutis. Moi aussi, c'est ce que je veux. Mais bon sang, Nikki, je ne peux plus attendre.
 
– Alors n'attends pas, dis-je d'une voix rauque de désir.
 
– Bon Dieu, quel effet tu me fais...
 
Il referme sa bouche sur la mienne, avant même de terminer sa phrase. En même temps il me soulève, je me blottis contre lui, savourant le contact de ses bras, mais cela ne me suffit pas. Il m'en faut plus. Beaucoup plus.
 
Il m'emporte  à  l'étage  et me  dépose  devant  les  portes  fermées  donnant  sur  le balcon. J'ai à peine repris mon équilibre que sa bouche reprend la mienne dans un violent baiser et que nous tombons ensemble à la renverse. Le lit, juste à côté, nous empêche de nous étaler sur le sol. Le matelas frôle l'arrière de mes cuisses, mais avant que j'aie pu m'asseoir Harry détache ses lèvres de ma bouche.
 
– Non, dit-il en me retournant. Penche-toi, les mains sur le lit.
 
J'obéis, la cordelette pendant toujours à mon cou comme une laisse. Je fais danser mes fesses aussi coquettement que je le peux dans une telle position.
 
– Pour quelqu'un qui dit ne pas pouvoir attendre, il te faut beaucoup de temps.
 
– Peut-être que j'attends une excuse. Il ne suffit pas de rappeler à un homme que le paradis n'en a plus que pour quelques heures d'existence, me taquine-t-il d'un ton sévère.Une jeune femme aussi bien élevée que vous devrait avoir plus de tact, et ne pas aborder à plusieurs reprises un sujet aussi douloureux au cours d'une soirée. Vous avez oublié les convenances ?
 
– C'est une très bonne question, monsieur Styles. Peut-être ne suis-je pas aussi polie et raffinée que vous le croyez.
 
– Peut-être pas, dit-il en faisant glisser ses doigts sur mon dos. Je n'aime pas qu'on me rappelle que la fin est proche. Vous avez été bien cruelle en ayant l'audace d'enparler.
 
– Tout à fait, renchéris-je. Grossière, même. Définitivement inconséquente. Et je ne mérite certainement pas l'approbation d'Emily Post. Peut-être devriez-vous me punir ?
 
Je n'aurais pas dû dire ça. Il ne parle toujours pas, mais à présent le silence a perdu toute légèreté : il est devenu lourd et sombre.
 
– Vraiment ? dit-il enfin d'une voix sourde et mesurée. Pensez-vous que je ne vous ai pas vue, dans la voiture, enfoncer vos ongles dans vos cuisses ? Nous ne parlions que des paparazzi, pourtant. Je ferme les yeux, refusant de me rappeler. Nikki, regarde-moi !
 
Son ton est autoritaire, et je préfère m'abstenir  de résister. Je ne change pas de position, mais je tourne la tête. Il se déplace pour se trouver en face de moi et je me force à croiser son regard. J'y vois du feu, de l'inquiétude aussi. J'aurais dû m'y attendre. C'est une chose, quand c'est lui qui décide et me donne une claque sur les fesses. Mais quand je réclame de souffrir, il hésite. C'est sa manière de me protéger, mais en cet instant ce n'est pas de protection  que j'ai besoin. C'est de l'excitation sensuelle de sa main sur mes fesses.
 
– Nikki... dit-il.
 
Rien  de  plus.  Juste  mon  prénom.  Mais  j'entends  la  question  dans  sa  voix.  Je m'apprête à répondre, mais les mots ne viennent pas aussi facilement que je l'espérais. Car en vérité, je sais maintenant que les entailles ne sont pas aussi éloignées que je le pensais. Certes, je me suis seulement enfoncé les ongles dans les chairs ce soir. Mais rien que la semaine dernière, j'ai balancé un couteau à l'autre bout de ma cuisine, furieuse  et effrayée d'avoir voulu appliquer la lame sur ma peau, et effacer mes craintes et mes doutes dans l'extase toute-puissante  de la douleur. J'ai gagné cette bataille, mais pas la guerre, et mes cheveux désormais courts sont pour mon âme la cicatrice que les traces sur mes cuisses sont pour ma chair.
 
Est-ce pour cette raison que j'en ai envie ? Est-ce que je désire la brûlure de sa main parce que j'ai besoin de la douleur ? Le plaisir que j'éprouve quand je me donne si entièrement à Harry provient-il de la source d'où a jailli mon besoin irrépressible de m'entailler ?
 
La pensée se tord en moi, sombre et déplaisante, et je la chasse. Ce n'est pas vrai. Et quand bien même, je suis en sécurité avec Harry, quelle que soit la source de mon désir. Il me l'a prouvé tant de fois.
 
Soudain, je ne suis plus penchée sur le lit. Il m'a saisie par les bras et relevée devant lui.
 
– Bon Dieu, Nikki ! dit-il. Réponds-moi.
 
Je pose mes paumes sur ses joues et ma bouche sur la sienne tandis qu'il m'attire contre  lui.  Je  sens  qu'il  se  détend  et  que  sa  peur  de  mon  silence  commence  à s'évanouir.
 
– J'ai besoin de toi, lui dis-je quand nos lèvres se séparent. De toi. Pas de ça. Ses yeux semblent aller si loin en moi que je ne peux garder aucun secret, si infime soit-il. Je respire profondément et lui ouvre mon cœur. Je n'en ai pas besoin, dis-je, mais je le désire.
 
Sa mâchoire se contracte imperceptiblement comme s'il s'efforçait de se maîtriser.
 
– Vraiment ? demande-t-il.
 
J'acquiesce.  Les  joues  me  brûlent.  J'ai  été  plus  intime  avec  Harry  qu'avec quiconque dans ma vie, et voilà que je rougis ? Une réaction de gamine ridicule. Cette pensée me contrarie, mais me donne la force de continuer.
 
– Je le désire. Pas parce que j'ai besoin de la douleur. Mais parce que j'ai besoin de toi.
 
Et plus que je ne saurais dire. J'ai envie de ses mains sur moi, j'ai envie de lui céder entièrement. Je veux être l'objet de son plaisir, et je veux me perdre dans la certitude qu'il n'y a rien que Harry  veuille davantage que me faire plaisir, et rien que je veuille davantage que lui céder.
 
Mes paroles semblent le mortifier.
 
– J'ai besoin de toi aussi, Nikki. Mon Dieu, ce que j'ai besoin de toi !
 
Je respire longuement, plus heureuse de ces mots qu'il ne peut l'imaginer.
 
– Alors, touche-moi.
 
C'est ce qu'il fait – oh, que oui – et même si je m'attends aux caresses, à la passion et  à cet immédiat assaut sensuel, je suis décontenancée par la ferveur et la détermination que je lis dans ses yeux. Pour lui, il n'y a rien en ce monde en dehors de moi, et je le vois à chaque regard. Je le sens dans son baiser brutal qui s'attarde.
 
– Sur le lit, dit-il. Penche-toi. Jambes écartées.
 
– Comme tu y vas !
 
Il me donne une petite claque sur les fesses, et je pousse un cri de surprise et d'excitation.
 
– Qu'est-ce qu'on dit ?
 
– Oui, monsieur, dis-je docilement en me forçant à ne pas sourire.
 
Je me retourne vers le lit, me baisse, les mains fermement posées sur le matelas, tout excitée. Je ne me pose plus de questions. Tout ce que je veux, c'est que Harry me mette le feu. Qu'il s'enfonce profondément en moi.
 
Sa main s'arrondit sur ma fesse en décrivant des cercles lents et sensuels. Puis je la sens qui s'écarte, et je pousse un cri de plaisir et de douleur quand elle s'abat sur mes fesses, et s'attarde lourdement dans une pression délicate qui apaise la sensation cuisante.
 
Lentement, il laisse glisser sa main entre mes jambes.
 
– Oh, chérie, dit-il tandis que ses doigts passent sur moi.
 
Je ruisselle et je tremble à son contact, si proche de jouir que je dois réprimer la tentation de  me  caresser  à  l'endroit  que  Harry  évite  si soigneusement. Et puis, après tout... Je m'appuie sur la main gauche et je plonge la droite entre mes cuisses. Un frisson me parcourt tandis que le bout de mon doigt frôle mon clitoris. Il est enflé et sensible, et je suis au bord de l'orgasme.
 
– Oh, tu n'as pas été sage, dit Harry en sentant ma main sous la sienne.
 
Je déglutis, pressentant une autre fessée, mais rien ne vient. Au lieu de cela, il me pousse en avant, et je dois reposer la main sur le lit si je ne veux pas m'affaler dessus. Il enlève sa main et je gémis. Il ne me touche plus du tout, et c'est la pire punition qu'il puisse m'infliger. N'est-ce pas ce qu'il avait prévu ? De me laisser ainsi, penchée toute nue, le cul en l'air, dans l'attente et le désir ? Il en serait bien capable, je le sais, et cette  pensée m'arrache  un  sourire.  Cela  me rendrait  folle,  mais  je sais  que,  la punition terminée, ce n'en sera que plus délicieux.
 
Ce n'est cependant pas ce qu'il a prévu. Je sens son sexe contre mes fesses, et tout mon corps qui s'ouvre dans une suave impatience. S'il te plaît, Harry, prends- moi, prends-moi maintenant. J'ai envie de le crier, mais je me tais. Pourtant, c'est plus fort que moi : mon corps fourmille de désir, mes hanches ondulent devant son sexe et le sourd gémissement de satisfaction que je lui arrache ne fait que redoubler mon ardeur.
 
Ses mains m'empoignent les hanches et m'immobilisent, et je ne peux m'empêcher
de protester. Il éclate de rire et je réprime un cri d'indignation, car il s'emploie à me chauffer aussi méthodiquement que cruellement.
 
Je  sens  alors  le  bout  de  son  sexe  sur  les  plis  du  mien.  J'ai envie  de  crier  de soulagement. D'abord il me taquine, entrant à peine ; je me mords les lèvres à m'en faire saigner. L'impatience est brutale, mais suave. Il est si dur, si prêt, et il nous met tous les deux au supplice en se retenant.
 
Je n'ai pas autant de maîtrise que lui. Chaque centimètre de mon corps brûle d'un désir désespéré, et mes muscles se crispent autour de son membre à chaque coup de butoir.
 
Plus profond. Plus fort. Oh, mon Dieu, par pitié !
 
– Comme tu voudras, dit-il.
 
Je n'ai pas le temps d'être surprise : il est déjà en moi, il me remplit et son corps se presse sur le mien tandis que je me maintiens des deux mains sur le lit. L'une de ses mains se faufile autour de ma taille pour me soutenir. Je suis cambrée, sur la pointe des pieds, c'est comme si mon corps faisait tout pour l'attirer au plus profond de moi. Je le veux tout entier. Je veux le consumer et être consumée.
 
Et quand il se retire doucement, pour s'enfoncer tout entier en moi d'un seul et puissant mouvement, je suis certaine que le monde va exploser autour de moi.

Trilogie Styles [Tome 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant