Un serpent, ça brûle énormément

8.3 - Première jalousie

PDV James S. Potter

Je sais pas comment réagir. Plusieurs émotions se bousculent en moi, entre l'incompréhension, le choc, le dégoût, la gêne et la déception. Quand Parker m'avait parlé de débloquer sa timidité, j'imaginais pas Sanchez faire de tel miracle. Cette fille est le messie ou quoi ?

Je suis resté planté là suffisamment longtemps pour le voir titiller sa culotte. Il était temps d'y mettre un terme. Allez James, ait l'air le plus détaché possible.

- Vos plats sont en train de refroidir, réussis-je à sortir en feintant l'indifférence.

Ils se séparent enfin. Merci pour mes yeux. Les lèvres gonflées, les joues rouges et la respiration haletante, ils sont surpris de me voir, mais surement pas plus que moi.

- C'est plutôt sympa les cours de soutien avec toi Sanchez. Tu prends d'autres élèves ? lancé-je avec mépris.

- Tu lui as dit ? demande-t-elle en s'adressant à un Parker qui réalise à peine la situation.

- Je l'ai su par hasard. C'était un secret ?

- Non, mais je préfère rester discrète sur ça, précise-t-elle en me fusillant du regard. Mais qu'est-ce que tu fous là ?

- Je suis venu chercher à manger, ce qui est plutôt normal quand on va dans les cuisines. Par contre, vous, vous vous tripotez sur mon canapé préféré.

Parker est tellement embarrassé qu'il ne dit rien et garde la tête baissée et les mains jointes, essayant de reprendre ses esprits. Ou peut-être qu'il priait pour que ce ne soit qu'un cauchemar.

- T'as apprécié le spectacle, Potter ? me lance Sanchez sur un ton provocateur.

- Heureusement que j'ai pas encore dîné, sinon je crois que j'aurais vomi, rétorqué-je d'un ton blasé.

- Mr James Po... Heu James, Linky a terminé votre commande.

Je retourne dans l'autre salle en leur attribuant un dernier regard plein de dégoût.

Je lance un Reducto aux sept paniers que m'a généreusement préparé Linky pour les ranger dans la poche de ma cape et file à toute vitesse.

Perdu dans mes pensées, je croise Louis, un sourire au coin, qui débarque de je ne sais où. Je suis tellement perturbé par la scène de tout à l'heure que je ne prends même pas la peine de lui demander ce qu'il faisait alors qu'il savait que j'arrivais avec le dîner et que le couvre-feu approchait. Il n'a pas l'air de remarqué mon état de choc non plus.

On pénètre ensemble dans la salle commune, les autres me sautent dessus comme des lionceaux heureux de retrouver leur mère partie à la chasse. Je sors les paniers en leur redonnant leur taille normale. Tous se précipitent dessus. Je décide de m'installer dans un coin un peu plus isolé de la salle, me repassant Parker en train de baver sur Sanchez et sa main qui caressait perversement sa cuisse. Impossible de me décoller ces images de la tête.

- T'en tires une de ces tronches. Tu ne manges pas ? m'interroge Louis en s'asseyant face à moi, une barquette de frites à la main.

- J'ai pas faim.

- Hein ? T'avais dit tout à l'heure que t'étais prêt à bouffer un kraken tellement t'avais la dalle.

- J'ai plus faim.

- Faut que tu manges James, sinon adieu les muscles.

Mon regard se perd dans le vide. Ma jambe droite tremble nerveusement.

- Qu'est-ce qui te préoccupe ? Si c'est parce que tu penses que Miles n'arrivera jamais à anticiper une diversion de...

- Sanchez et Parker. Ils se tripotaient sur mon canapé, dans les cuisines.

Les frites que Louis tenaient en main sont restées suspendues dans le vide une bonne poignée de secondes avant de poursuivre sereinement leur ascension jusqu'à sa bouche. Jamais rien ne se met en travers du chemin d'un Louis affamé.

- Qu'est-ce-que ça veut dire ? A quoi elle joue ? Et depuis quand Parker touche une fille ?

- Toi, t'es jaloux, dit-il avec un sourire en coin.

- T'y es pas du tout. Ça n'a rien à voir.

- Oh si. T'aurais aimé être à la place de Sanchez et embrasser le beau Parker, hein ?

- Ferme-la Louis.

Il m'agace quand il se fout de moi comme ça. Je me lève en direction de mon dortoir et m'isole pour le reste de la soirée.