6.2 - Gryffondor vs Poufsouffle

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PDV James S. Potter

- James, si tu attends que ta patate se désintègre d'elle-même t'en as pour encore pour mille ans, me fait remarquer Louis.

- Bah avec moi ça prendra que dix secondes.

Rob plante sa fourchette dans mon plat pour me prendre cette pauvre pomme de terre à peine entamée et froide sous le regard désabusé de Louis, qui rage intérieurement de ne pas l'avoir saisi avant.

On est lundi matin, un jour et demi depuis notre défaite. Ma défaite.

Quand Rob a annoncé que c'était Morrison qui avait le Vif d'or, je n'ai osé croiser le regard de personne. Je suis retourné aux vestiaires en silence, la mine déconfite. Puis, Louis s'est excusé devant toute l'équipe. J'étais mal mais je n'osais même pas imaginer son état. J'ai tenté de le rassurer du mieux que j'ai pu, lui et le reste de l'équipe, en disant que ce n'était que le premier match, qu'il ne fallait pas se laisser abattre et que j'étais fier d'eux. Bref, je ne croyais qu'à moitié ce que je disais mais il fallait que je meuble mon rôle de capitaine.

Je me souviendrai toujours de l'ambiance de mort qui régnait dans la salle de commune quand on est arrivé. Lily n'osait même pas me regarder en face. D'habitude, on prépare toujours une petite fête pour célébrer notre victoire. Et cette fois-ci, tout le monde était réuni dans la salle mais personne ne savait s'il fallait monter se coucher ou faire la fête pour oublier.

J'ai pu lire la déception chez les uns, la compassion chez les autres. C'était insupportable. J'ai tenté de garder la face avec un discours éclaté.

- Je sais que vous êtes déçus, mais nos adversaires sont très bons cette année. Je les ai sous-estimé, c'est de ma faute et j'en suis vraiment désolé. Ça fait quatre années de suite qu'on remporte la coupe, et je vous promets qu'il y en aura une cinquième et une sixième. Et vous savez pourquoi ? Parce qu'on est des lions ! Nous sommes forts, nous sommes braves, nous sommes déterminés. On va pas se laisser abattre par des blaireaux quand même ?

Certains ont repris du poil de la bête en acclamant mon discours, d'autres ont été plus sceptiques. Finalement, la fête a bien eu lieu dans une ambiance moins enjouée que les précédentes, mais au moins, tout le monde ne me détestait pas. Enfin, pas trop. Certaines filles sont venues me consoler, mais honnêtement, je n'avais pas la tête à ça.

La seule qui a occupé mes pensées était cette peste de Sanchez. Heureusement qu'elle ne m'a pas attendu à la sortie des vestiaires, je l'aurai changé en crapaud baveur sinon. Quoique, j'ignore, si c'est une bonne chose ou pas. Normalement, elle aurait été la première à venir me narguer. Ça ne fait que me conforter sur le fait qu'elle s'est désintéressée de moi. Merlin, j'ai vraiment perdu toute crédibilité.

J'ai évité le maximum de gens durant tout le reste du week-end. En soi ça ne fait qu'un jour mais c'est déjà énorme pour moi qui, d'habitude, suis pas mal entouré. J'ai passé tout mon dimanche avec Hagrid à m'occuper de son jardin et de ses bêtes.

Il m'a ouvert les portes de sa cabane dès ma première année. Je savais qu'il était très proche de mon père. J'ai même eu l'occasion de le rencontrer à plusieurs reprises avant mon entrée à Poudlard. Il m'a très vite initié aux rudiments de la faune et la flore magique et c'est devenu une véritable passion, bien avant le Quidditch.

Je suis fan des ouvrages de Norbert Dragonneau qui est un modèle pour moi. Vraiment, c'est fascinant de savoir qu'il y a autant d'êtres sur terre avait des propriétés et des capacités toutes différentes. Mon plus grand rêve serait de parcourir le monde pour découvrir un maximum de créatures magiques. Mais je me suis fixé un tout autre objectif après mes études, celui de devenir Auror, pour suivre les traces de mon père. C'est une formation sévère et intense, je n'aurai pas le temps de me consacrer à ma passion comme je peux le faire à Poudlard, donc j'en profite autant que je peux tant que j'y suis encore.

Hagrid est toujours content de me voir, que ce soit en cours ou en dehors. Et c'est réciproque. Il me dit souvent que je lui rappelle mon grand-père et Sirius Black. Non pas parce que je porte leur prénom, mais parce qu'on a le même esprit taquin. Des personnes terriblement attachantes d'après ses dires. J'ai également découvert à travers ses anecdotes d'autres facettes de mon père qui n'ont fait que renforcer mon admiration pour lui. Je suis tellement fier de porter son nom. Toute ma famille aussi d'ailleurs. Que ce soit mon père, ma mère, mes grands-parents, tous sont des héros.

Mais moi, qui suis-je à côté ? Je ne fais que profiter d'une notoriété qui ne m'est pas dû. J'ai peur de décevoir et de salir le nom des Potter. Sur ce point, je sais que je suis comme Albus, sauf que contrairement à lui, j'ai fait en sorte pour qu'on me remarque, qu'on m'admire et qu'on m'aime. Je suis populaire, j'ai des bonnes notes en cours, je suis bon en magie et au Quidditch. Enfin, j'étais. Le mythe est tombé, et j'exagère à peine. Je n'avais encore jamais perdu un seul match jusqu'à samedi. Alors perdre mon premier match en tant que capitaine m'a totalement abattu.

Peut-être que je me suis trompé dans les sélections. Peut-être que j'aurais dû rester attrapeur. Peut-être que mes stratégies sont mauvaises. Ou peut-être je ne suis pas fait pour être capitaine tout simplement ?

Quoiqu'il en soit, passer chez Hagrid m'a permis de penser un peu à autre chose. Mais voilà que de retour dans la Grande Salle, entouré de toutes les personnes ayant assisté à mon humiliation m'a replombé le moral. Mes co-équipiers, bien qu'il soient toujours dégoûtés de notre défaite, ont l'air de mieux s'en remettre que moi.

- Sérieux James, personne ne t'en veut autant que toi. Tout le monde a bien vu que Poufsouffle vous a pris de court. Personne s'attendait à ce qu'ils soient si forts.

Rose vient de s'installer à notre table, à côté de Tim qui est en face de moi. Elle l'embrasse sur la joue avec tendresse. Elle a bien compris que c'était un coup dur pour nous et a arrêté de lui faire la tête.

- Tu peux pas comprendre Rose. C'est pas n'importe quelle défaite. C'est ma crédibilité en tant que capitaine qui s'est effondrée en même temps que ma réputation, et je sais pas si je vais réussir à remonter la pente.

- Je croyais qu'il ne fallait pas se laisser abattre ?

Divya se tient debout juste derrière moi, les mains sur les hanches et le regard dur.

- On dirait que ton discours de samedi n'était qu'à sens unique. Je te signale qu'il n'y a pas que toi qui a perdu, mais toute l'équipe. Tu ne peux pas nous demander de tourner la page et d'avancer si toi-même tu stagnes dans la boue.

Un peu déboussolé, je regarde Rob qui est directement dans ma ligne de mire.

- Elle a raison , me souffle-t-il avec un air style t'es-un-peu-bête-de-ne-pas-y-avoir-pensé-plus-tôt.

Rose, Tim et Roxanne ont l'air d'approuver aussi. Louis baisse les yeux, la mine sombre. Le voir aussi touché est aussi insupportable que de déraciner une mandragore. Je ne peux pas laisser Louis penser que c'est de sa faute et qu'il n'est pas à la hauteur. Je dois faire bonne figure devant mon équipe et ma maison qui attendent beaucoup de moi.

- Donc, qu'est-ce qu'on fait, capitaine ? dit-elle en croisant les bras.

- Sur le terrain, ce soir à dix-huit heures trente. Faites passez l'info à Miles et Duroc.

Sur ce, je me lève et part en direction de la sortie. Arrivé au niveau de la porte de la Grande Salle, je croise la dernière personne que j'ai envie de voir.

- Alors Potter, tu oses déjà te montrer en public après un tel échec ? Tu ferais mieux d'utiliser ton balai pour déblayer le terrain qui doit être couvert de ton incompétence, dit Sanchez avec fierté.

- Et ça t'a pris une journée pour me pondre cette phrase Sanchez ? Je ferai pas appel à toi pour mon prochain discours.

Son sourire ne fane pas, remarquant le peu d'entrain avec laquelle je lui ai répondu. J'attends pas mon reste et poursuis mon chemin.

Un serpent, ça brûle énormémentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant