Un serpent, ça brûle énormément

11.1 - L'été des réflexions

Entre la cinquième et la sixième année - Été 2019

PDV Erika Sanchez

Je reviens de deux semaines sur une île privée et quasi-déserte dans l'archipel d'Hawaï. Le rêve absolu. Je n'ai jamais autant apprécié retrouver cette solitude dans laquelle j'ai été plongée durant mon enfance.

Depuis le début de l'été, il n'y a que les visites de Scorpius que je tolère et mes quelques escapades pour voir Sebastian. Avec lui, tout est tellement plus simple, on discute un peu, on couche ensemble et on se quitte comme si de rien n'était. Bien qu'il soit au courant de mon histoire avec Parker, il n'a émis aucun commentaire. J'ai parfois l'impression qu'il se fiche de ce qu'il se passe dans ma vie, c'est limite vexant. Mais il est marié et intègre comme il est, le divorce ne fait pas partie de son vocabulaire, donc pas la peine d'espérer plus. Au moins, les choses ont été claires dès le début.

Cette année a été encore plus horrible que la précédente, non pas dans l'ensemble, mais tout le supplice a été condensé durant le dernier mois qui a été le pire de ma vie. Parker m'a ignoré la plupart du temps mais je pouvais sentir le poids de son regard peser sur mon dos. Est-ce que j'étais mal à l'aise ? Complètement. Un terrible échec pour moi et mon orgueil. Ma réputation de poupée de glace sans cœur a pris un sacré coup. Les bruits sur ma relation passée avec Parker avaient fini par se répandre en dehors du cercle des serpents à cause de ce maudit match. Il n'était pas nécessaire d'être un fin observateur pour s'apercevoir qu'il y avait quelque chose entre lui et moi.

J'ai fait profil bas tout le reste de l'année, me réfugiant à fond dans la préparation de mes BUSE. Ces examens étaient une bonne excuse pour justifier mon comportement en retrait, mais personne n'était dupe. J'entendais toutes les médisances sur moi, entre ceux qui disaient que Parker m'avait largué avant le match, ceux qui clamaient que j'étais tellement amoureuse de lui que je lui ai laissé la victoire, ou encore, que suite à ma défaite, il me considérait trop faible et trop nulle pour continuer avec moi. Pour la première fois, je ne supportais pas d'être au centre des conversations.

Je devais le reconnaître, je m'étais bien attachée à ce blaireau. Il fallait qu'il m'oublie, et que je l'oublie aussi. Pas facile sachant qu'on est tous les deux capitaines de Quidditch et qu'on fréquente la même école dans laquelle on vit dix mois sur douze. Mais si on a réussi à ne pas se côtoyer pendant quatre ans, on pouvait encore le faire deux ans, non ?

Bien sûr que non. Mais il le fallait. Du jour au lendemain, on était redevenu des inconnus l'un pour l'autre. J'étais atteinte et ça, j'avais toutes les difficultés à le cacher dès qu'il était dans mon secteur. Mon cœur se resserrait à chaque fois que je le voyais. Et c'était inadmissible de ma part de ressentir ça.

Je tente de remettre dans l'ordre dans mon esprit et être de nouveau d'attaque pour la rentrée. Je connais par cœur les élèves de cette école, ce sont des girouettes avides de ragots. Une fois l'été passé, ils seront passés à un autre sujet croustillant tels que les problèmes d'addiction de Raja Greensick aux spores de fée ou la supposé grossesse de Jocelyn Cuttybat avec un vampire.

Enfin, je ne me fais pas d'illusion non plus. J'ai perdu toute crédibilité auprès des gens de ma maison en particulier, et je vais devoir redoubler d'efforts pour me reconstruire mon image. Quelle plaie.

Potter aussi occupe beaucoup mes pensées par je ne sais quel maléfice. J'ai été soulagée qu'il me laisse tranquille suite à ma déclaration de haine. Il avait suffi d'une étincelle pour embraser ma rage. Mes paroles lui ont fait de l'effet, et honnêtement, je ne pensais pas qu'il s'y tiendrait. J'ai été dure avec lui, mais il le méritait à vouloir enfoncer le couteau dans la plaie. Mon débit de haine ne pouvait plus s'arrêter et avec du recul, je suis même allée un peu loin sur la fin... Je ne sais pas pourquoi ça me préoccupe autant à vrai dire, je devrais m'en réjouir.