12.1 - Réconciliation

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Sixième année - Septembre 2019

PDV Erika Sanchez

- Cuba c'était incroyable ! Les mecs sont beaucoup plus chauds que dans cette pauvre Angleterre.

Alors que Mila boit les paroles de Loïs, je me désintéresse totalement de ses histoires « muy caliente », trop perdue dans mes pensées. Les vacances sont passées un peu trop vite à mon goût. Et comme lors de ma première année, j'ai une boule au ventre en voyant défiler les majestueux paysages d'Ecosse. Poudlard approche inévitablement, je n'ai pas hâte de retrouver les profs, les élèves, Potter, et surtout Parker...

- Cette année, c'est sûr, je me tape Scorpius, annonce Loïs en mettant en avant sa poitrine qui a encore gonflé. Je compte sur toi Mila, dit-elle en lui lançant un clin d'œil.

La pauvre. Elle n'a jamais remarqué que Scorpius n'a d'yeux que pour l'intello de Weasley, elle qui le mate sans arrêt ? Enfin, même si elle le savait, c'est pas ce qui l'arrêterait.

- Je comprends pas comment tu peux avoir un faible pour lui alors qu'il est aussi expressif qu'une brosse, s'interroge Mila tout en ignorant son clin d'œil.

- Justement, plus quelqu'un te résiste, plus il t'attire. C'est comme un jeu et c'est super excitant !

- Il n'y a absolument rien d'excitant là-dedans.

- Tu comprendras peut-être un jour Mila si tu grandis, provoque amicalement Loïs.

Mila est toujours au point mort dans sa vie amoureuse. Elle qui attend le bon, elle finira vierge à quarante ans. Pourtant, elle est jolie, une petite brune aux grands yeux de biche, un nez retroussé et une bouche charnue. Elle plait aux garçons, mais c'est son caractère qui lui fait défaut. Elle est trop perfectionniste, vieux jeu et grande gueule. En fait, elle les fait même fuir.

- Tu peux toujours courir pour que je te donne le mot de passe de la salle de bain des préfets, crache Mila. Scorpius me tuerait si je te laissais le surprendre dans son bain !

En parlant du loup, les portes de notre compartiment s'ouvrent sur le blond qui signale à Mila qu'ils ne vont pas tarder à avoir leur réunion de préfets.

A ses côtés, la sale tronche de Zabini. A chaque fois qu'il me voit, il m'attribue ce regard fier et satisfait. Je ne supporte plus sa présence. Je l'ai envoyé chier tout l'été, mais lorsqu'on voyait ses parents je faisais bonne figure parce qu'ils font partis des rares adultes pour qui j'ai du respect.

- Je vais faire un tour.

- Un tour ? reprend Mila, dubitative. Il y a qu'un seul couloir, qu'est-ce-que tu comptes visiter au juste ? C'est ridicule il n'y a rien à voir dans ce train bas de gamme.

- J'ai besoin de me dégourdir les jambes. Je vais en profiter pour acheter des friandises.

Les filles me regardent avec surprise. Jamais je ne me suis levée pour aller chercher la dame au chariot. J'attends toujours qu'elle passe ou j'envoie Scorpius et Zabini. Je sors en ne manquant pas de bousculer ce dernier sur mon passage qui n'a pas battu d'un cil.

Il reste encore trois heures de trajet. Merlin que ça va être long. Je ne veux croiser personne mais je ne peux pas y échapper. Mila a raison, tout ce que je peux faire c'est un aller-retour dans un passage unique. Sans compter les compartiments communs où je vais devoir passer entre les élèves et ceux qui traînent dans les couloirs.

Il faut de toute façon que je m'éloigne un peu. Je commence à marcher, toisant tous ceux qui sont sur mon passage, puis, quelque chose me coupe dans mon élan. Ou plutôt, quelqu'un.

Il est là, adossé contre le mur, les bras croisés, en train de parler avec une fille, souriant et concentré sur ce qu'elle raconte. Ou du moins, il fait semblant. Son regard dérape sur moi. Il a encore grandi et pris en masse durant l'été. Son t-shirt met parfaitement en valeur les muscles saillants de son torse et de ses bras. Ses cheveux ont poussé et se dressent avec désinvolture sur son crâne, lui donnant une allure encore plus nonchalante et sauvage. Sa peau, légèrement halée par le bronzage, fait ressortir ses yeux noisette qui tirent presque sur du orange à la lumière. Un regard plein de chaleur qui embrase mes joues.

Euh... pardon ? Je rougis ? Bon, ok. Je dois le reconnaître, je trouve Potter crétin beau, là, tout de suite.

L'année dernière a été très spéciale, il était passé de blagueur invertébré qui prenait tout avec légèreté au mec nerveux et renfrogné. Le contraste entre la quatrième et la cinquième année a été flagrant. Et à cet instant, il semble être redevenu celui que tout le monde connait. Charmeur, jovial, confiant.

Je pensais que le revoir me mettrait en rogne, mais ce n'est pas le cas. Je suis même étrangement soulagée de le voir comme ça. J'en oublierai presque que je le déteste.

Il me fixe toujours avec ce regard particulier dont il a le secret. Je me reprends et poursuis mon chemin, la tête haute.

- Poussez-vous.

- Tiens, Sanchez ? Je rêve où tu me parles ? se moque-t-il.

C'est vrai que je lui avais dit que je ne lui parlerai plus, et pas de manière tendre... Moi et la crédibilité avons divorcé.

- Je refuse de te frôler ne serait-ce que d'un cheveu. Écarte-toi.

Toujours l'air amusé, il finit par me laisser un plus grand passage sans détacher ses yeux de ma personne.

Même de dos, je peux sentir son regard brûlant sur moi.

***

PDV James S. Potter

- Heu, James ?

Zut, je l'ai fixé un peu trop longtemps je crois.

- Désolé Sissy, je réfléchissais à la prochaine blague qu'on prépare avec Louis pour les Serpentards, tenté-je de me rattraper.

- C'est vrai que vous vous êtes assagis l'année dernière.

- Ouais, avec le Quidditch et les BUSE, il faut savoir calmer le jeu quand il le faut.

- T'es vraiment surprenant, dit-elle d'une voix langoureuse.

Sissy est une Gryffondor de ma promotion. On a toujours eu des rapports amicaux jusqu'ici, et je sens qu'elle veut aller plus loin. Ces vacances l'ont transformée, aussi bien physiquement que psychologiquement. Elle a pris des formes et présente un style plus féminin et soigné par rapport à avant où elle portait des vêtements qui la mettait peu en valeur. Elle a gagné en assurance et semble plus avenante. Dès qu'elle m'a vu sur le quai, elle s'est précipitée vers moi pour me saluer, ce qu'elle n'aurait jamais fait auparavant.

Elle passe une mèche de cheveux derrière son oreille et me regarde avec une fausse innocence. Elle a toujours eu un beau sourire, mais il ressort véritablement dès à présent avec ses lèvres d'un rouge provocateur. La Sissy charmeuse me plaît, sauf que mes pensées ne se détachent pas de Sanchez.

J'ai fini par réaliser que Louis n'avait pas complètement tort. Cette peste occupe une place particulière dans ma vie car elle m'aide à me surpasser. Je veux être meilleur qu'elle en cours, je passe mon temps à réfléchir à ce que je pourrai lui faire pour lui retourner la tête, j'ai amélioré des produits de l'oncle George juste pour elle. J'ai même regretté d'avoir changé de poste pour ne pas avoir eu le plaisir de me mesurer à elle quand elle s'est mise au Quidditch. Et l'année dernière, j'ai senti qu'elle s'échappait de notre rivalité. Même en cours elle ne se tournait plus vers moi pour faire son intéressante. Elle n'avait plus que Parker en tête, d'abord pas pour de bonnes raisons, et avait fini par éprouver un réel attachement pour lui. Ça m'avait inconsciemment énervé.

Et puis j'ai eu un déclic, je ne voulais pas qu'elle continue à troubler mon moral. Cette fille ne mérite pas que je lui accorde autant d'importance. Si elle était capable de m'oublier, je pouvais faire pareil. Ma vie ne pouvait pas tourner éternellement autour d'elle.

Adieu le James Sirius Potter frustré de la cinquième année. Il était temps que je me retrouve, avec ou sans Sanchez dans mon collimateur.

Un serpent, ça brûle énormémentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant