2.1 - L'été des premiers émois

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Été 2017 - Entre la troisième et la quatrième année

PDV Erika Sanchez

Chaque été, c'est la même rengaine. Mes parents et moi sommes invités au moins une fois par semaine à une réception mondaine. On sait tous que l'intérêt de ce genre de soirée est de cracher sur les autres et partir à la chasse aux prétendants ou prétendantes. On y retrouve souvent les mêmes familles de Sang-Pur, toutes soucieuses d'étaler leur richesse et leur influence. C'est même mal vu de ne pas se présenter si on a pas une bonne excuse.

Mes parents ont réussi à intégrer ce cercle fermé grâce aux Zabini. Apparemment, ils se sont liés d'amitié bien avant ma naissance, lors d'un séminaire sur les bienfaits des plantes magiques africaines. Les Zabini, qui venaient de lancer leur propre laboratoire, avaient offert à ma mère, herboriste, l'opportunité de travailler avec eux car elle cherchait à lancer sa propre gamme de potions de beauté. Mon père, qui travaillait au Ministère de la Magie espagnol, a pu être transféré en Grande-Bretagne dans le département de Relation et Commerce International. Même s'ils ne sont pas fans des apparitions publiques, ils s'évertuent à assister à ces soirées pour y faire bonne figure et accompagner les Zabini, ainsi que les Malefoy dont ils se sont rapprochés à force de côtoyer les Zabini.

Ça ne me dérange pas d'y aller. C'est l'occasion pour moi de me montrer et d'enfiler les plus belles robes que je créée moi-même. Et oui, un de mes talents cachés, digne d'une moldue, certes, mais après avoir grandi dans la solitude, je ne trouvais de la distraction qu'auprès de Poli qui m'a initiée à la couture et la cuisine. Et j'aime ça. Je le cache à mes parents, mais je suppose qu'ils ont deviné depuis belle lurette. Après tout, d'où pouvait provenir toutes ces nouvelles fringues alors que personne ne m'emmène faire les boutiques ?

Bref, ces réceptions me distraient. Et ce soir, c'est exceptionnel, car la soirée se passe chez nous. Un vrai miracle ! Mes parents acceptent rarement d'organiser quoique ce soit à la maison. La dernière fois ça devait être... A vrai dire, je ne m'en souviens pas. Ça n'est jamais arrivé, moi vivante, ou consciente.

- Après dix ans en Angleterre, il faut montrer notre gratitude envers les sorciers d'ici, avait justifié mon père.

Mouais, pas super convaincue mais qu'importe.

J'ai prié tous les grands mages pour que Sebastian se présente dans mon antre ce soir. Je parle de la maison bien entendu.

Qui est Sebastian, me demandez-vous ? Sebastian Nott, fils de Theodore et Pansy Nott. Un homme charmant et intéressant qui prend toujours la peine de venir me saluer pour me dire bonjour et au revoir durant les réceptions. Ça n'a l'air de rien, mais ce n'est pas le cas de tout le monde. Je me suis surtout rapprochée de lui lors de ma première année à Poudlard. Il m'avait chaleureusement accueilli au sein de Serpentard et s'était toujours montré bienveillant et protecteur avec moi. Il m'accordait toujours une attention lorsqu'on se croisait, que ce soit par un sourire, un clin d'œil, une main dans les cheveux – il était le seul que j'autorisais à me toucher les cheveux – ou dans le dos, une discussion, ou même un simple regard. C'est mon très infime côté mielleux qui me jouait des tours, mais mon cœur fondait à chaque fois. De cinq ans mon aîné, nous n'avons partagé que deux petites années scolaires ensemble malheureusement.

Ça fait un an que je ne l'ai pas vu, lui et sa prestance que personne n'égale. J'ai appris entre temps qu'il allait se marier l'hiver prochain avec Héléna Thompkins. Mon sang n'avait fait qu'un tour. Le seul souvenir que j'ai de cette fille est aussi marquant que ma première soupe de citrouille.

J'ai reçu le faire-part en même temps que d'autres élèves présents dans la grande salle au petit-déjeuner, il y a quelques mois. J'étais restée impassible, comme mes camarades, mais je bouillonnais de l'intérieur. Bien que cette union sortait de nulle part, personne n'en a été étonné. Les sorciers de notre rang sont habitués aux mariages arrangés et à un jeune âge. C'est donc d'une grande banalité de recevoir ce genre d'invitation. Quelle tristesse. Je ne suis pas attachée à l'institution du mariage, mais j'espère que si ça m'arrive un jour, cela suscitera plus de réactions. Et surtout, j'épouserai celui que j'aurais choisi, et non celui qu'on me choisira.

Un serpent, ça brûle énormémentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant