Premiers signes

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C'est au bout d'environ une demi-heure de marche qu'ils aperçurent le premier signe réellement inquiétant.
C'était un campement qui, semblait-il, avait été abandonné.
Mais le plus intriguant était que tout était encore en place. Le feu était éteint, mais on pouvait encore apercevoir des braises rougeoyantes. Des tentes étaient encore dressées, avec à l'intérieur des affaires encore fraîches de présence humaine. Plus étonnant encore, il restait de la nourriture dans des bols, et un lapin dépecé qui avait commencé à cuire sur le feu désormais éteint.

On aurait dit que les tentes autour du feu avait été quittées dans la précipitation, comme tout le campement d'ailleurs

« Chouette, à manger ! dit le matou avec entrain.

Il se dirigea vers le lapin.

- Non, n'y touche pas. l'en empêcha le doyen avec un geste de la main. Seïna, tu ne trouves pas ça bizarre que ce campement aie été abandonné comme ça ? Ils ont dû avoir peur de quelque chose. Je pense que l'on devrait continuer la route et nous éloigner le plus possible de cet endroit lugubre.

- Comment ont-ils réussis à tuer ce lapin ? demanda Seïna avec une moue de dégoût.

Depuis l'Emergence, les sociétés humaines, ou ce qu'il en restait, avaient pour la plupart arrêté de consommer des animaux. D'une part car les animaux devenus intelligents ne se laissaient plus aussi facilement manger, et d'autre part car l'idée de manger d'autres êtres qui parlaient avait commencé à répugner les humains.

- Mais j'avais faim ! s'exclame le chat.

- Tiens, au lieu de râler, tu nous a pas dit, tu as un nom ? s'enquit Seïna.

Le chat pencha la tête, suspicieux.

- Pourquoi vous le donnerais-je?

- Parce que... parce que... tu marches avec nous, donc tu dois nous donner ton nom... Alors tu as un nom ?

Il hésita quelques instants avant de répondre.

- Bah oui, c'est miaou-miaou troisième du nom. Non j'ai pas de nom, j'ai croisé encore personne qui veuille m'en donner un. Quand je croisais d'autres spécimens de votre espèce, c'était soit dégages, soit meurs et finis en pâtée.

- Oh, on peut t'appeler Grigou, ma mère m'a raconté que, avant on appelait les chats...

- Non! Et puis je ne veux pas de ta pitié, je ne suis pas un vulgaire chat domestique comme on en faisait avant. Si vous voulez, vous pouvez m'appeler Wolv, ça c'est un nom qui sonne bien.

- Pff, bon, si tu veux.

Ils finirent donc par l'appeler Wolv, ce qui convenait au matou acariâtre.

La joyeuse bande sortit donc de la forêt avec un sentiment unanime de libération, après trois jours à se sentir oppressés dans la jungle. Marcher avec sans cesse des branches au dessus de la tête et sans voir la lumière du soleil, ou à peine, était quelque peu étouffant.

Ils étaient à présent arrivés sur une immense plaine qui semblait s'étirer à perte de vue. On pouvait y apercevoir quelques villages entourés de champs. Le cadre était idyllique.

« Est-ce que tu pourrais t'éloigner un moment ? demanda le Doyen au chat. J'ai besoin de parler à mon élève.

- De choses qu'un étranger ne devrait pas entendre, dit le matou avec malice. Mais je vais tenter de chasser, je vous laisse à vos messes basses.

- Bon, dit le vieil homme une fois que le chat se fut éloigné, cette réunion va être ta première, je vais donc t'expliquer comment on fonctionne. Il y a plusieurs endroits où on se réunit. Il y a un lieu premier, le plus secret et d'autres lieux, dispersés dans le monde. Cette fois-ci, nous nous réunissons dans un des autres lieux. Bien qu'il n'y ait pas vraiment de hiérarchie dans l'ordre, seul certaines personnes disons, spéciales connaissent l'emplacement du lieu secret. Moi même je ne le connais pas. Tu as de la chance d'aller si tôt à ta première réunion, j'ai raté ma première et j'ai donc du attendre un an avant d'y aller.

Emergence Le poème des douze tempêtesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant