L'éveil

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Seïna se réveilla en sursaut.

Elle s'était empêtrée dans sa couverture dans son sommeil agité. Combien de temps avait-elle dormi ? Pas assez, constata elle en passant ses doigt sous ses yeux pour y découvrir des cernes. Et son sommeil n'avait pas été du tout reposant, sa nuit avait été difficile.

Elle venait encore de faire un cauchemar qui lui laissait une image troublante dans la mémoire. Ce rêve revenait sans cesse depuis une semaine. C'était comme un message insistant que lui envoyait le destin.

Bon, au point où elle était, elle savait qu'elle ne se rendormirait pas, alors autant essayer d'analyser ce rêve dont la signification continuait de lui échapper.

Elle remonta dans les tréfonds de son cerveau pour rattraper le fameux cauchemar. Avec elle, rien de plus facile, Seïna possédait une excellente mémoire.

Elle se replongea dans le cauchemar.

Elle courait dans une forêt qu'elle ne connaissait pas. Le lieu était sombre, et paraissait ancien et malfaisant. Bref, un lieu bien peu recommandable.

Seïna était poursuivie par quelque chose. Elle ne percevait rien de la bête qui la suivait, sinon qu'elle était énorme. Cette "chose" avait quelque chose d'animal, de bestial. Sans l'avoir vraiment vue, elle savait que si cette chose parvenait à l'attraper, elle la mettrait en pièce. Alors elle courait à en perdre haleine.

Elle avançait à une vitesse folle pour ne pas se faire rattraper par cet animal, elle semblait voler au dessus des feuilles et des brindilles qui tapissaient le sol de la forêt.

La jeune fille sentait les gouttes de sueur perler sur son front déjà moite, sa respiration haletante et son cœur qui semblait vouloir sortir de sa poitrine. Cette sensation avec l'odeur de la forêt était enivrante. Les branches craquaient, les arbres se déformaient autour d'elle dans un étau incroyablement terrifiant. Folle de terreur, elle avait le visage mouillé par des larmes et sentait peu à peu ses forces la quitter.

Malgré sa vitesse le prédateur était toujours sur ses talons, pire encore, il semblait gagner du terrain. Elle pouvait presque sentir l'haleine humide et brûlante de la bête qui se rapprochait.

Elle accéléra, tout en sachant au fond d'elle que cela ne servirait à rien, la bête allait la rattraper. Elle sentait la mort approcher mais elle ne voulait pas s'y résigner, elle ne le pouvait pas. Elle tenta de mettre plus d'énergie dans sa course, une dernière fois avec l'élan du désespoir, elle pensait peut être qu'elle pourrait y arriver.

Mais sa tentative fut vaine. Elle trébucha sur une racine sortie de terre et s'étala sur le sol trempé de la foret.

Au moment où la bête la rattrapait, où elle était au summum de sa terreur, elle se réveillait en sursaut, chaque nuits.

C'était ce rêve particulier qu'elle refaisait depuis la naissance de son frère très récemment, depuis que sa mère avait accouché de ce "petit ange" il y a une semaine. Comme si les deux évènements pouvaient être liés.

Elle chassa cette pensée de son esprit.

Il lui restait du temps avant qu'il soit l'heure de se lever. Alors, faute d'activités passionnantes à faire, elle se perdit dans ses pensées. Celles-ci la ramenèrent à sa famille, un sujet qui lui revenait souvent ;

L'arrivée de son petit frère avait enchanté tout son village, cela faisait presque quatorze ans que du sang neuf n'était pas arrivé, depuis sa propre naissance.

Dans un monde où les humains étaient si peu nombreux, les enfants étaient d'une importance capitale.

Son frère n'était pas vraiment beau, presque chauve qui n'avait que quelques cheveux blonds et bouclés et de magnifiques yeux vairons, l'un d'un bleu très foncé, presque surnaturel et l'autre noisette.
Elle adorait se pencher au dessus du berceau de son frère pour observer son regard si profond.

Il pleurait sans cesse pour exprimer tout et n'importe quoi, mais ces pleurs dans une bouche si mignonne étaient aisément pardonnés. Enfin pas pour Seïna qui trouvait cela bien agaçant.

Emergence Le poème des douze tempêtesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant