Niaragaah (1/2)

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Le navire entra dans un état d'effervescence jusque là encore jamais atteint. Suggi décréta l'état d'urgence, et tous, même Lloris qui ne sortait pas souvent de sa cabine, furent obligés de la rejoindre.

" Nous arrivons dans la ville portuaire de Niaragaah. dit Suggi. Il nous faut nous préparer pour le débarquement. Tous, allez chercher vos affaires et rendez vous sur le pont dans MAXIMUM cinq minutes !

Après un instant de stupeur, les Archontes se mirent en mouvement.


Pendant qu'elle fourrait un à un ses quelques vêtements dans un sac à dos en toile, Seïna laissa son esprit vagabonder. La jeune fille était encore remuée par la conversation qu'elle avait surprise dans la chambre de Suggi. L'idée que la Haute Autorité les ait abandonnés la troublait plus qu'elle ne voulait se l'admettre. Elle n'avait jamais rencontré un seul de leurs membres, et ressentait presque du mépris pour eux. Mais ils étaient censés les surveiller et peut être les protéger. Mais au lieu de ça ils semblaient les avoir abandonnés...

Son rêve lui troublait également l'esprit, et là encore plus qu'elle ne voulait se l'admettre. La balance de ses sentiments oscillait dangereusement entre l'envie de taper sur quelque chose, et crier de frustration.

Seïna finit de remplir son sac, et y posa précautionneusement son matériel de peinture. C'était à ses yeux son bien le plus précieux. Elle sortit de sa cabine au pas de course, sans même un dernier regard. Elle n'en pouvait plus de cette cabine.

A en juger par l'absence de bruits sur le bateau, elle devait être la première à avoir fini. Dans le couloir qui remontait vers le dessus du navire, elle s'arrêta, comme frappée par la foudre.

Elle avait encore le temps de rentrer voir le prisonnier pour lui poser les questions qui cherchaient réponse... Oui, c'est le moment ou jamais, se dit Seïna en posant son paquet. Elle se dirigea vers la chambre qui l'abritait.

Bien sûr il dormait. Peu importe puisqu'il fallait le réveiller. Il n'avait à présent quasiment plus rien d'une silhouette grise. Seuls par endroits quelques morceaux de peau se trouvaient encore couverts de gris. Ses traits étaient aisément visibles, il paraissait menaçant. 

Seïna l'attrapa  par les épaules et le secoua. Il commença à se réveiller, mais avant qu'elle ait pu lui poser la moindre question, Tomys entra en coup de vent dans la pièce. Il pila net en apercevant Seïna.

" Qu'est ce que tu fais là ? demanda-t-il, acerbe.

- Je lui pose des questions. Qu'est-ce que tu fais là ?

Le naufrageur n'avait visiblement pas vraiment envie de répondre à cette question. Il se contenta de hocher la tête. Après plusieurs secondes à rester planté devant Seïna, il passa devant elle pour s'approcher du prisonnier qui reprenait ses esprits. Sans prévenir, il lui donna un grand coup de pied dans le mollet.

- Mais t'es malade ? s'exclama Seïna.

- Vengeance. marmonna l'Archonte.

Et il partit en bougonnant.

- Je suis désolé pour lui. Il est vraiment... spécial. dit Seïna.

- Ah parce que tu n'as pas toi aussi envie de me flanquer une raclée ? 

- Si ! affirma la jeune fille. Mais il y a une différence entre vouloir et pouvoir. "

Le prisonnier lui cracha au visage.

Seïna partit de la cabine, plus troublée que jamais. Elle était venue chercher des réponses, et au lieu de cela, son esprit repartait encore plus embrumé. Bien sûr elle avait menti lorsqu'il avait fallu prétendre qu'elle voulait le frapper. Mais pourquoi ne le souhaitait-elle pas ?

Emergence Le poème des douze tempêtesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant