Emergence Le poème des douze tempêtes

Niaragaah (2/2)

Il faisait de plus en plus froid. Comme Lloris et Tomys, à présent Seïna était totalement trempée.

La tempête continuait de faire rage, plus virulente que jamais. Et dans les rues, seuls quelques vestiges des échoppes restaient, leur propriétaires bravant la pluie pour obtenir leur maigre revenu. Wolv et Seïna devaient zigzaguer entre eux afin de trouver leur chemin.

Les rues étaient désormais désertes. Une présence semblait avoir fait fuit les commerçants. La boue et les débris au sol étaient les seuls éléments qui décoraient le lugubre paysage.

Sans crier gare, Wolv s'enfuit en poussant un hurlement.

" Wolv !" cria Seïna, sans obtenir de réponse. Il avait déjà disparu sous le rideau de pluie.

Elle pivota légèrement vers l'arrière pour observer ce qui avait bien put le faire fuir. Elle scruta la rue un instant, tout semblait normal à première vue. Mais le rideau de pluie dissimulait trop pour être sûr de quoi que ce soit.

Soudain, son cœur manqua un battement. L'Élue venait d'apercevoir ce qui avait fait fuit Wolv. A à peine à trois boutiques d'elle, se tenait une silhouette qu'elle aurait reconnue entre mille. La silhouette avançait dans sa direction. C'était un homme, gris, il ne semblait pas se préoccuper de la tempête dans laquelle il avançait.

Une poussée d'adrénaline envahit Seïna.

"Ne cédons pas à la panique" pensa-t-elle. Mais dans ces moments où la peur prend le pas sur la raison, paniquer pouvait venir rapidement. Son corps adopta la technique qui lui sembla la plus sûre, elle se mit à courir pour rejoindre Wolv. Elle ne se retourna même pas pour voir si la silhouette grise la suivait. A en juger les bruits de pas qui s'accéléraient dans son dos, c'était le cas.

Bien évidemment, elle avait perdu le matou de vue. Peut importe, la rue continuait en ligne droite, aucune chance de le perdre.

Seïna tenta à plusieurs reprises de respirer profondément pour réfléchir. Difficile quand on court... heureusement, au bout de quelques instant de course, elle finit par apercevoir son ami non loin devant. La rue était déserte, Wolv n'avait plus l'avantage de la vitesse en se faufilant.

Le dédale de rues biscornues, bien qu'il les gênât dans leur progression, avait au moins le mérite de les cacher un peu aux yeux de leurs poursuivants. Mais la silhouette continuait de gagner du terrain, il fallait trouver de toute urgence un moyen de disparaître. S'ajoutant à cela, d'autres silhouettes s'étaient jointe à la première, et les deux amis fatiguaient.

Une idée germa dans l'esprit de Seïna quand ils passèrent devant une boutique dont la porte était ouverte.

" Quand je te fais signe, cria-t-elle sans s'arrêter de courir. On... entre dans la... boutique... la plus proche. "

Elle n'entendit pas la réponse du matou, et ne savait même pas si il l'avait entendu. Au détour d'une nouvelle ruelle, elle lui fit le signe le plus visible possible, et à deux ils s'engouffrèrent dans l'embrasure de la porte la plus proche.

Wolv le premier se blottit contre une caisse en bois, la plus éloignée de l'entrée. Seïna se posta en face de lui. Plus qu'à espérer qu'ils ne les aient pas vu rentrer.

Un cri retentit comme un coup de tonnerre dans l'arrière boutique, et un géant en sortit pour se précipiter vers eux. Rapidement, il se mit à leur crier dessus. Mais ni Wolv ni Seïna n'était en mesure de le comprendre.