Le poème des douze tempêtes

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La ville était dévastée.

Ce qui dans le passé prenaient le nom de rues étaient devenu des couloirs de circulation pour les arbres. Certaines plantes recouvraient complètement des maisons, écroulées, ou des carcasses de voitures, rouillées.

Seuls certains bâtiments particulièrement hauts échappaient à l'emprise de la nature. Mais plus pour longtemps. Au loin, ils aperçurent un immeuble gigantesque s'écrouler sous le poids des années et de la végétation qui l'écrasaient.

« Vous êtes sûrs que c'est une bonne idée de passer par cette ville ? Parvint à articuler Arami.

- Nous y sommes obligés, répondit Suggi avec une pointe de lassitude dans la voix. La serre dans laquelle habite Kydria Vent se trouve presque à l'opposé de la ville.

- On pourrait faire le tour, si on veut pas se prendre des bâtiments sur la tête.

- Ce serait trop long. Et puis plus dangereux. Les immeubles ne s'écroulent pas souvent ici. En se dépêchant, nous y serons rapidement.

- Quelqu'un connaît le chemin ? demanda Seïna.

- Non

- Moi, soupira Wolv, suivez moi et ne me perdez pas des yeux.

- Ça risque pas, avec tes petites pattes, s'esclaffa Arami une seconde fois. »

Le matou ne releva pas et partit en trottinant.

S'aventurer dans une ville pour la première fois procura à Seïna un sentiment étrange. Celui d'être un être minuscule dans un décor gigantesque.

Hong Kong, contrairement à la forêt grouillait de vie. Des animaux se balançaient de toutes parts dans les branches des arbres. Une famille de tortues avançait devant eux en file indienne. Et dans le ciel de la ville, deux grands oiseaux volaient en cercle, projetant leurs ombres sur le sol.

Aucun d'eux ne se préoccupait de l'étrange groupe d'humains qui avançait dans la ville.

Pourtant, certains commençaient à s'arrêter pour les dévisager. Interrompant leurs activités pour les regarder passer. Suggi glissa aux trois adolescents de ne pas faire attention aux animaux. Ils étaient juste surpris de la présence d'hommes dans cette partie de la ville.

Alors que Seïna, Delios et Arami discutaient du pourquoi et du comment de Kydria Vent, un immeuble se mit à trembler à quelques dizaines de mètres devant eux.

« Wolv, Suggi ! Attention, » les prévinrent-il à l'unisson.

Le chat et la Doyenne firent volte-face, et se mirent à courir dans leur direction en leur criant de faire de même. Ensemble, ils mirent toute leur énergie dans leur fuite. Les animaux qui un instant plutôt s'étaient arrêtés pour les regarder fuyaient également, galopant dans toutes les directions.

Seïna se souvint de la famille de tortues qui se trouvait maintenant derrière eux.

Elle se retourna et couru droit vers l'immeuble sur le point de s'écrouler. Les tortues, criant à gorge déployée, tentaient tant bien que mal de s'enfuir. En vain, elles étaient trop lentes.

« Seïna, non ! Revient, hurla Delios qui venait de s'apercevoir de sa disparition.

Elle continua et se saisit des deux plus grosses tortues.

- Non ! Cria celle qui devait être la mère, prenez nos petits d'abord, vous reviendrez nous chercher plus tard.

Elle prit délicatement dans ses bras les trois petites tortues, et partit en courant. Cette fois dans le bon sens.

Emergence Le poème des douze tempêtesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant