Emergence Le poème des douze tempêtes

La rencontre de dame Urmel

Lorsqu'elle ouvrit les yeux quelques heures plus tard, les deux premiers mots qui vinrent aux lèvres de Seïna furent :

"Mais pourquoi ?"

Elle reprit peu à peu connaissance, elle était affalée par terre sur un tapis d'herbes mouillées. Ce n'était pas désagréable mais elle se sentait particulièrement vulnérable dans cette position.

Elle se leva difficilement, s'appuyant sur le gros tronc d'arbre affalé comme elle un instant plus tôt sur le sol. En regagnant une position décente, elle s'écorcha la main sur une aspérité de la grosse bûche. L'arbre mort lui avait méchamment fait payé le fait qu'elle se soit servi de lui comme accoudoir. Une fois debout, elle s'assit sur le tronc, reprit son souffle et prit un moment pour retrouver ses esprits.

Où était Ja-Maat ? Depuis le moment où ils étaient rentrés dans la chambre sous la montagne, elle ne l'avait pas revu. Elle ne s'inquiétait pas pour lui, il avait assez de connaissances pour s'en sortir, contrairement à elle. Non, ce qui la préoccupait c'était comment elle, elle allait partir de cet endroit et se mettre à l'abri.

Comme son maître le lui avait appris quelques jours plus tôt, elle commença par analyser son milieu.

Elle se trouvait dans un espace enherbé, où l'absence d'arbres seule trahissait la singularité du lieu. La forêt s'épaississait derrière les arbres qui formaient un cercle autour d'elle. Seul un petit chemin de terre osait s'éloigner de la clairière. Formé par le passage régulier d'animaux, ou d'humain ? Seïna préférait ne pas y penser.

Il lui faudra quitter la forêt pour retrouver la grande plaine de la montagne.

Elle chercha du regard une éventuelle source d'eau ou de nourriture, un arbre fruitier, un buisson de baies ou autre.... Nulle trace ni de l'un ni de l'autre, et toujours pas non plus de celle Ja-Maat...

En se levant de son tronc, elle aperçu Wolv allongé dans l'herbe quelques mètres plus loin. Elle pensa avec soulagement qu'elle n'était plus seule. Elle se dirigea vers lui sans trop de difficultés, son corps se remettait peu à peu de ses mésaventures sous la montagne.

En parlant de la montagne, que c'était-il passé là-bas ? Elle se souvenait de s'être évanouie après l'ultime secousse du tremblement de Terre, mais après ? Quelqu'un les avait forcement transportés là, elle et Wolv, et cette personne pouvait avoir de mauvaises intentions. Elle en vint donc à la conclusion qu'elle devait fuir avec Wolv, peut importe la direction, ils réfléchiraient plus tard.

Elle acheva de parcourir les quelques mètres qui la séparaient du matou et l'attrapa, délicatement cette fois. Il ne broncha pas, encore étourdi par les évènement des dernières heures.

Deux choix de direction s'offraient à elle, soit le sentier qu'elle avait repéré tout à l'heure, soit partir à l'aveugle à travers les arbres. Elle choisit la seconde option et commença donc à se frayer un chemin à travers la végétation abondante du bois.

Pour s'aider, elle ramassa un bâton, et, tenant par un bras Wolv, par l'autre son bout de bois, elle partit à l'assaut de la jungle. Elle écartait les branches et les feuilles avec moins de difficulté qu'avec ses mains, mais cela n'était pas suffisant pour lui permettre d'avancer assez vite pour semer d'éventuels poursuivants. Et la trace qu'elle laisserait dans la végétation serait aisément repérable.

Elle décida finalement de d'emprunter les sentier tout tracé. En cas de course poursuite elle aurait ses chances. Elle jeta donc le bâton dans la verdure et fit demi tour.

***

Seïna marchait maintenant depuis une heure sans montrer le moindre signe de fatigue.

Mais elle était mentalement épuisée. Elle aurait bien besoin de faire une pause. Elle se mit en position assise sur le sol du chemin de terre et attendit.