L'Ordre des Doyens

61 5 37
                                    

Le vieux sage commença à faire les cents pas dans la pièce, l'air songeur. Finalement, il prit se résigna à lui poser la question qui lui trottait dans la tête ;

«Tout d'abord, que sais-tu de l'Emergence?

- C'est un phénomène qui date de la fin du premier siècle du second millénaire, les animaux, qui était auparavant sans intelligence et obéissaient à leurs instincts sont devenus rusés et décidèrent de décimer notre population.

Elle récita le texte d'une voix monocorde. Et durant sa courte prise de parole, elle ne quitta pas le sage des yeux. Il avait arrêté de bouger et s'était assis sur un tapis, en position de méditation. Il ne cilla pas non plus lorsque Seïna arrêta de parler, il resta tout du long immobile, il méditait.

Elle avait toujours envié sa sagesse et sa capacité à rester calme et à analyser la situation quoi qu'il se passe.

Il sortit finalement de sa transe et parut légèrement hébété, sans doute à cause de la lumière déclinante mais vive du soleil couchant qui entrait par le toit de la maison.
Une lueur étrange brillait au fond de ses yeux verts et, pour la toute première fois depuis qu'elle le connaissait, Seïna aurait dit qu'il ne savait pas quoi faire. Comme une lueur d'incertitude.

- Je... je viens d'avoir une vision pour le moins troublante, qui semble assez semblable à la tienne d'après ce que tu m'as raconté. Cependant, en me concentrant, j'ai cru entendre une voix.
Cette voix semblait venir... de la forêt... je crois, c'était une voix de femme..

- Vous pensez que c'est ..?

- J'étais en présence de la créatrice, et ma vision confirme la tienne. affirma-t-il avec le plus grand sérieux.

- Sommes-nous en danger ? s'empressa-t-elle demander, elle ne croyait pas en l'existence de la créatrice mais ne pouvait s'empêcher de penser à son frère qui pourrait être en danger.

- Je n'en suis pas sûr, tout ce que je sais, c'est que j'ai des choses à t'expliquer, alors laisse moi parler s'il-te-plaît.

Il se remit debout et recommença à faire les cents pas, l'air soucieux.

- D'abord, reprit il, il faut que tu saches que l'Emergence, bien que naturelle n'aurait pas dû se produire aussi tôt. C'était un évènement qui avait été planifié par la créatrice, mais pas pour ces siècles-là. Et les animaux étaient en droit de faire ce qu'ils ont fait, bien que leur réponse ait été violente.

- Vous voulez dire que les homme... Nous sommes la cause de l'Emergence ?

-Nous sommes la cause, et nous en subissons les effets.

- Et ensuite ?

-Les écrits et témoignages de l'époque laissent penser que les hommes n'avait rien fait pour mériter cela, mais c'est faux.

Il marqua une pause et déglutit avec difficulté.

- Les écrits et témoignages de l'époque laissent penser que les hommes n'avait rien fait pour mériter cela, mais c'est faux. reprit-il. Pendant les premiers pas de l'homme sur Terre, nous étions en harmonie avec la nature, nous mangions pour survivre et tuions seulement pour nous nourrir, non pour nous divertir. La maîtrise du feu, pourtant accordée par Gaïa elle-même fût la première des découvertes qui finit par entraîner l'homme dans un décadence et une opulence exagérée. Les hommes s'étaient mis à détruire la nature par la nature, en provoquant des catastrophes dont tu n'aurais pas idée. Ils entassaient les animaux dans de grandes maisons, des "hangars à bétail" conçus pour stocker le plus de vies possibles. Des machines à donner la mort avaient été construites, des abattoirs, pièces essentielles d'un engrenage infernal conçut pour satisfaire les caprices des humains de l'époque. Pour se donner bonne conscience, ils avaient créé des lieus de "préservation" ou ils enfermaient certains animaux particulièrement beau, dont les habitats avaient été détruits par les hommes eux-mêmes. Ils avaient bâti une hiérarchie parmi les espèces et s'étaient placés au sommet la création, se revendiquant maîtres de la Terre et du vivant.

Emergence Le poème des douze tempêtesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant