21-Run (Ethan)

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Je me pince l'arrête du nez, me fustigeant de tous les noms face à mon immense bêtise. J'aurais dû me douter qu'elle avait perdu quelqu'un de cher. Sa sensibilité, sa vulnérabilité... Bien évidemment que cela vient de là. Je me dépêche de répondre pour réparer ma maladresse du mieux que je le peux.

 Je me dépêche de répondre pour réparer ma maladresse du mieux que je le peux

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Je dévisage l'écran comme si je dévisageais à travers lui cette femme qui passe d'un sujet sensible pour elle à un sujet anodin comme si l'eau lui passait dessus sans la mouiller. Image très différente de la détresse qu'elle a montré cette nuit. Confus, j'accepte et lui promets de lui envoyer un extrait.

	Je passe une main sur mon visage fatigué, encore perturbé par ce revirement de situation

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Je passe une main sur mon visage fatigué, encore perturbé par ce revirement de situation. J'aimerais comprendre, j'aimerais savoir et, surtout, j'aimerais pouvoir l'aider. Mais elle est si secrète. Ma raison me fait une piqure de rappel en mentionnant le fait que l'on se connaît à peine et que je le suis tout autant. Trop de questions restent sans réponses et semblent m'oppresser le crâne. Après avoir prévenu Théa dans un rapide message que je serais indisponible momentanément, j'enfile short de sport et baskets pour aller courir. J'ai besoin de ma vider la tête, de m'aérer l'esprit. Je remplis rapidement une attestation sur mon téléphone et glisse un masque dans ma poche pour un potentiel contrôle et me voilà parti.

Du Bring me The Horizon hurlant dans mon casque, je cours pour oublier et ne plus penser à rien. Chaque pensée apparaissant dans mon esprit concentré me fait accélérer le pas, comme si la douleur des muscles bandés pouvait l'éloigner. J'aimerais pouvoir retrouver la tranquillité d'esprit d'il y a quelques semaines. Pourtant, c'est ce même esprit, en ébullition depuis quelques jours, qui me fait me sentir vivant.

Lorsque je m'arrête au pied de mon immeuble, essoufflé, ce dilemme qui m'a maintenu éveillé toute la nuit me revient de plein fouet. Retrouver la paix qui me sécurisait ou prendre le risque de me sentir enfin vibrer vraiment, autrement qu'au travers de ma musique. Je n'ai pas de réponse et ne sait pas quelle est la bonne solution. Juste l'impression d'être un funambule en plein numéro, flirtant avec la sensation de vide et le risque de sombrer.

Je me trimballe ces pensées comme un boulet au pied jusqu'à ma salle de bain. Je fais couler l'eau en tournant le robinet sur la position "froid". Avec un peu de chance, ça remettra de l'ordre dans mon esprit bousculé par des images d'une jolie rousse timide. Je me mords la lèvre pour me retenir de vérifier mes notifications. Je passe mes deux mains dans ma chevelure. J'ai l'impression de devenir fou voire complètement suicidaire. Je n'ai qu'une seule envie : la connaître plus. Voilà la réponse à mon dilemme. Il m'est impossible de renoncer à ce que nous partageons, bien que je sois incapable de nommer cette drôle de relation. Je sens juste que, pour l'instant, si on oublie les angoisses que cette situation génère, elle me fait du bien. Elle me fait rire. Elle me fait sourire. Elle réveille cet instinct protecteur si fort alors que je l'avais enfoui si profondément.

Le flot gelé a le don de calmer mes ardeurs immédiatement. Je ne dois pas perdre de vue mes résolutions. Je ne peux pas. Pour mon propre bien-être. Même si Théa a l'air d'être une fille bien, je suis bien placé pour savoir ce que l'humain peut cacher dans sa petite caboche. Beaucoup de mensonges et de perfidie. Et je ne peux pas revivre ça. Je me répète ce mantra en me fixant dans le miroir légèrement embué. Mes prunelles azur me renvoient un gars qui essaie de paraître dur mais qui ne fait que subir juste le poids de ses peurs. Je soupire et brise le contact visuel avec mon reflet.

Affalé dans mon canapé, j'envoie un message à Théa. Pour mon plus grand plaisir, elle répond rapidement. Aussitôt, j'oublie le reste. Les doutes et les angoisses s'estompent un peu, le temps de la discussion. La légèreté dont elle fait preuve la plupart du temps est rafraîchissante et adorable. Cette réflexion me pousse à lui poser une question qui me brûle les lèvres.

	Alors que les points apparaissent puis disparaissent, je prends peu à peu conscience de mon message

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Alors que les points apparaissent puis disparaissent, je prends peu à peu conscience de mon message. J'ai laissé sous-entendre qu'elle pouvait plaire. Qu'elle pouvait ME plaire. Je l'ai sans doute mise mal à l'aise et aie manqué de tact avec cette indiscrétion... Ma jambe s'agite et je suis à deux doigts de faire les cents pas comme un lion en cage. Qu'est-ce qui m'a pris ? C'est limite si je ne me suis pas mis à flirter avec elle... Attendez... Ce n'était pas du flirt, là, hein ?

En quelques grandes enjambées, je rejoins mon balcon pour respirer une bonne goulée d'air frais. J'ai le cerveau en bouillie et mes angoisses reprennent le pas. J'espère qu'elle ne se fera pas trop d'espoir suite à mon message... Non mais vraiment, quel idiot !

Je sens un regard peser sur le sommet de mon crâne alors que je suis appuyé sur la balustrade, la tête dirigé vers la rue. Je relève les yeux et tombe sur ma voisine qui me matait sans vergogne l'autre jour. Elle me lance un sourire aguicheur en enroulant une mèche blonde autour de son index. Ses prunelles ne me lâchent pas. Sous cette insistance, je me sens mal à l'aise. J'aimerais lui dire d'arrêter son manège mais ne me voit pas le crier dans la rue comme ça. Alors, je me contente de retourner à l'intérieur et de fermer les rideaux sur mon passage. Mon cellulaire vibre et l'appréhension me gagne. Plus jamais je n'envoie un message sans réfléchir ainsi.

 Plus jamais je n'envoie un message sans réfléchir ainsi

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Je reste bouche-bée face à cette révélation. Jamais ? Aucune relation amoureuse avant ? Serait-elle vierge de ce fait ? Je secoue la tête. Non pas que ça me dérange, ni que ça me regarde. Je suis tout simplement abasourdi. Dans nos jeunes générations, il est rare de se désintéresser à ce point de l'amour. Et, pour une raison étrange, je ne la trouve que plus attachante.

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