The Perfect Match

2-Lonely (Théa)

Après avoir fait tout le nettoyage possible si bien que mon appartement pourrait presque briller tellement il est propre, me voilà trois jours après au même point. Retour à la case départ. Me voilà à nouveau avachie en pyjama dans mon canapé sans aucune fichue idée pour occuper mon quotidien maussade. Je jette un rapide coup d'œil à mon téléphone, tentée d'appeler mon amie. Puis, je me rappelle qu'elle est sans doute en train de travailler ou probablement prise par une des nombreuses réunion Zoom ou Teams, ou que sais-je, que lui inflige son travail.

Je soupire et bascule la tête en arrière pour la laisser tomber contre l'assise. Je reste ainsi un moment à contempler mon plafond immaculé. Quand, soudain, cette idée d'application me revient à l'esprit. Après tout, discuter avec quelqu'un pourrait peut-être – qui sait – égayer mes journées ? Je ne risque rien à essayer, qui plus est ... Je me passe une main sur le visage alors que j'envisage avec plus de sérieux cette éventualité, me surprenant moi-même. Je ne suis pas du genre à faire les choses sur un coup de tête. Et, encore moins du genre à chercher l'amour. Du moins, je me suis convaincue que cela n'en vaudrait pas la peine. Mais, à la vue du joli couple que forme Lola et Valentin, ce serait me mentir à moi-même que de nier les envier.

Jamais été en couple, jamais été amoureuse. Après tout, il faut bien sauter le pas à un moment donné ? Histoire de savoir ce que cela vaut, non ? J'ai toujours été effrayée par le fait de s'attacher au risque de perdre quelqu'un, si bien que je me suis persuadée que je ne serais jamais capable d'aimer. Mais... Et si je me trompais ? Et si je passais à côté de quelque chose d'exceptionnel ?

Lassée de tergiverser, je m'empare de mon téléphone et télécharge rapidement l'application avant de changer d'avis. Lorsque celle-ci est prête, je l'ouvre, légèrement anxieuse et découvre une interface rose et blanche qui semble bien optimisée. Je clique sur le logo écrit en gros au centre dans une police quelque peu vintage, ce qui n'est pas pour me déplaire, afin de créer mon compte. Informations personnelles, adresse mail et mot de passe pour commencer puis vient le moment de remplir le profil.

Le premier élément à ajouter est ce qui me rebute dans un premier temps : photo. Je grimace. Je n'ai aucun selfie. Je ne me trouve pas spécialement jolie, je ne vois pas l'intérêt de me prendre en photo. Attention, je ne me trouve pas laide, seulement d'une banalité affligeante et avec d'innombrables défauts qui me hérissent les poils et ne permettent pas de me catégoriser comme une belle femme. Mais, passons, ce n'est même pas ce qui me gêne le plus. Ce qui m'agace, c'est que comme beaucoup d'applications, celle-ci semble se baser principalement sur le physique. Bien sûr, c'est un élément à prendre en compte lors d'une rencontre mais, selon moi, c'est un aspect secondaire. Voilà en quoi cela me déplaît. Pourtant, je décide de me prêter au jeu, guidée par ma curiosité, sans pour autant dénigrer mes principes. Je choisis donc de créer une photo assez esthétique avec un effet de lumière tamisée où l'on ne voit qu'une partie de mon visage, le reste caché par ma chevelure flamboyante, mon meilleur atout si je devais choisir parmi le peu que je possède. Parfait pour me dévoiler sans trop me dévoiler.

Satisfaite, je passe à la suite et déchante à nouveau quand je vois que je passe à la description. Merci, Lola de m'avoir recommandé une réplique de... littéralement tous les autres sites de rencontres existants ! Elle est bien foutue, mes fesses, oui ! Si j'en crois les échos que j'ai entendu de ce genre de démarche, cela ne fonctionne que pour une petite minorité. Ou sinon, il ne faut pas chercher plus que du sexe. Ce qui ne m'intéresse pas du tout ! Je fais la moue mais, je dois l'avouer, si cela ne me plaît pas, c'est surtout parce que je suis incapable de me décrire, de parler de moi spontanément ainsi. Impossible d'y couper, malheureusement. Je prends sur moi pour arriver à pondre une description qui me correspond tout à fait : banale à mourir.