42 - Summer love (Ethan)

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Anxieux, j'attends Théa au point de rendez-vous. Je ne sais pas ce que va donner ce rendez-vous. J'ai beau vouloir me faire pardonner pour pouvoir avancer à un nouveau stade de notre relation, je commence à me décourager. Je stagne avec elle depuis quelques semaines malgré toutes mes petites attentions, toutes nos soirées passées ensemble à rire et plaisanter... Je ne sais plus quoi faire pour la convaincre de mes bonnes intentions, je ne sais plus quoi faire pour qu'elle voit à nouveau ce qu'elle voyait en moi avant ce qui s'est passé. Avant ce que j'ai fait.

Après quelques longues minutes d'attente, je la repère au loin. Encore une fois, je suis soufflé par sa beauté. Sa tenue est à son image : rock et féminine. Je l'observe contempler la rue autour d'elle à ma recherche sans bouger. Immobile sur le trottoir d'en face à plus d'une centaine de mètres, elle se tord les mains, complètement stressée. Je ne tiens plus et vais à sa rencontre. Je mets de côté mon propre stress pour lui adresser un grand sourire alors que je ne suis plus qu'à quelques pas d'elle. A son tour, elle sourit, timidement, fidèle à elle-même.

Nous nous dirigeons vers la fête foraine en se racontant comment s'est déroulée notre journée de travail. A chaque fois, je me retrouve fasciné par la lueur qui s'illumine dans ses prunelles lorsqu'elle parle de la bibliothèque, des livres. Cette passion en elle trouve écho en moi, avec ma propre passion pour la musique.

Lorsque nous arrivons enfin, nous nous retrouvons directement entourés d'une foule dense. Des frissons me parcourent la colonne vertébrale alors que je sens des doigts frôler les miens avant de s'y accrocher fermement, comme si j'étais l'ancre qui maintenait ce corps au port. Je tourne la tête pour rencontrer les billes chocolat effarées mais déterminées de Théa. Sans trop savoir pourquoi, j'interprète ce moment de manière symbolique. Là, tout de suite, ce qui lui importe, c'est qu'on ne se perde pas à travers ce monde. Moi, ce que j'y vois, c'est qu'elle ne veut pas me perdre. Qu'on me traite d'idiot, y croire me donne un coup de fouet nécessaire pour cette soirée.

Un sourire en coin caché par mon masque, j'entraîne Théa à ma suite en trottinant à travers le dédale de cette fête foraine. Son éclat de rire me poursuit tandis que je nous mène vers le premier stand que je vois pour nous prendre une barbe à papa. Les iris pétillants, Théa m'observe avec un grand sourire qui se perçoit grâce au coin de ses yeux plissés et à la lueur qui brille dans ses prunelles. Mon cœur menace d'exploser face à cette vision. Serais-je en train d'apercevoir la Théa qui se laisse aller ? Je serais prêt à tout pour la faire sourire ainsi chaque jour.

Le vendeur me sort de mes pensées en me demandant ce que je souhaite. Théa glousse de me voir si distrait. Une fois la gourmandise récupérée, je tends le cotton candy en direction de la jeune femme pour qu'elle se serve. Délicatement, elle tire une petite poignée de fils sucrés pour les dévorer sous mes yeux admiratifs. Lorsqu'elle se rend compte que toute mon attention est focalisée sur elle, elle esquive mon regard en rougissant.

D'un geste de l'épaule, je l'enjoins à me suivre. Ses doigts viennent à nouveau se mêler aux miens pour que l'on ne se perde pas à travers la foule tandis que nous déambulons entre les stands. Nous enchaînons les différents jeux de tirs - carabine, balles, fléchettes... - ainsi que les attractions à sensation malgré la réticence de ma rousse préférée.

Lorsqu'elle sort échevelée, les joues rouges et les yeux brillants dus à l'adrénaline, je sais qu'aucune femme ne pourra jamais l'égaler. Elle est unique, spéciale. Là, au milieu de cette foire éclairée par la lueur orangée du coucher de soleil, je le sais. Elle vaut la peine d'attendre, la peine de souffrir. J'en suis sûr et certain maintenant.

Quand la nuit tombe, l'ambiance devient plus calme, la foule moins dense mais la température plus fraîche. Je remarque que Théa se frictionne les bras pour les réchauffer alors je ne perds pas une seconde pour entourer son épaule et la rapprocher de moi. Elle a un léger recul, la faute de la surprise sans aucun doute car elle finit par se laisser aller contre moi.

Nous continuons à nous balader en grignotant ce que nous achetons au fur et à mesure de notre balade, trop tentés par les étalages de gourmandises. Le tour de la foire approche à sa fin. Je n'ai pas envie que cela se termine. J'aimerais rester dans cette atmosphère extatique aussi longtemps que possible, sentir son parfum si proche, ne jamais me séparer d'elle.

Une idée, clichée, certes, mais peu importe, me vient. Je lui pointe du doigt la grande roue. Elle pose sur moi un regard surpris mais acquiesce, le pli au coin de ses yeux me laissant deviner un sourire.

Je nous achète deux tickets et, après une très courte attente, nous voilà dans cette fameuse grande roue. Je place à nouveau mon bras autour d'elle et cette fois, pas de mouvement de recul. Au contraire, elle se blottit contre moi, la tête sur mon épaule. Je la réchauffe du mieux que je peux et profite de ce nouveau moment de proximité qui me comble plus que je ne l'aurais cru. Je me rends finalement compte à quel point la présence d'une femme à chérir dans ma vie manquait.

Je lève le nez vers les étoiles pour les admirer lorsque notre petite cabine atteint le sommet de la roue. Contre moi, je sens Théa lever la tête à son tour. Là-haut, j'ai l'impression que nous sommes seuls au monde. C'est si paisible que je pourrais rester là une éternité. Malheureusement, l'attraction n'est pas du même avis. Elle se remet en mouvement, nous ramenant vers la terre ferme.

Nous finissons notre tour de la fête foraine puis je la raccompagne chez elle. Lorsque nous nous retrouvons face à son immeuble, je ne suis pas prêt à la laisser partir. Elle ne paraît pas non plus décidée à passer le pas de la porte. Nous nous asseyons donc sur les marches juste devant, épaule contre épaule. Se tournant vers moi, Théa sourit, sa timidité envolée au fur et à mesure dans la soirée et, là, totalement disparue. Elle souffle :

― Je crois que c'était la meilleure soirée de ma vie !

La main sur le cœur, je me recule, faussement vexé.

― Tu veux dire que notre rendez-vous dans un resto de luxe ne l'était pas ?

Elle écarquille les yeux de surprise puis ouvre la bouche, sans doute pour s'excuser mais j'éclate de rire avant qu'elle ne puisse le faire.

― Je rigole, Théa. Pour pleins de raisons, je comprends que ce n'ait pas été la meilleure soirée de ta vie, surtout en comparaison de celle-ci. Je me joins à toi pour dire que c'était également la meilleure soirée de ma vie !

Rassurée, elle soupire. J'aime beaucoup sa crédulité et j'aime m'en amuser. Voir son expression se muer en surprise et être ensuite tout embarrassée. Elle est tellement mignonne dans ces cas-là, comment résister au fait de la faire marcher ? Je glousse :

― Désolé, j'aime trop te faire marcher.

Elle tourne vivement la tête vers moi pour me fusiller du regard, faisant tomber ses cheveux devant ses yeux revolvers. D'un geste spontané, j'écarte cette mèche rebelle et ma main s'attarde sur sa joue.

The Perfect MatchOù les histoires vivent. Découvrez maintenant