34 - Lost in Hollywood (Théa)

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Enfermée entre les quatre parois métalliques de l'ascenseur, je suis sidérée. Je n'en reviens pas. Telle un devin, Lola a su prédire qu'il me présenterait ses excuses, abandon motivé par des raisons qui m'ont parues sincères. Malheureusement, j'ai beau comprendre l'authenticité de ses paroles, je ne peux pas pour autant dire que je serais capable de lui pardonner. Trop de peine pour que cela soit oublié si facilement. Je ne suis pas rancunière. Pour autant, il a touché ma faiblesse, ma faille la plus profonde. Il a brisé le peu de confiance que j'étais en train de construire envers lui. Je ferme les yeux un instant comme pour éloigner toutes ces pensées pour me concentrer sur ce que j'ai à faire. Au moment où je m'apprête à les rouvrir, la voix à peine suraiguë de ma collègue Christiane s'élève et semble rebondir contre les parois de l'ascenseur :

― Tu comptes sortir de là, p'tiote ?

Je m'ébroue mentalement et sors de cette cage mouvante. Le regard de Christiane me suit, amusé, mais elle ne dit rien de plus. J'ignore son air presque moqueur pour aller ranger le chariot auprès de ses congénères. Dans le placard qui les contient, je m'arrête et me passe une main sur le visage. Un blind-test décidera de ce qu'il adviendra de nous. Je ne suis pas sûre de l'issue que je souhaite. Je ne sais pas si je pourrais lui pardonner et, en même temps, je ne peux m'empêcher d'être terrifiée à l'idée de le perdre une seconde fois. Ces sentiments contradictoires me rendent on ne peut plus confuses. J'aimerais que ce soit tout noir ou tout blanc. Pas d'entre-deux, pas de nuances. Rien qu'une différenciation claire et nette. Pourtant, ça n'est pas le cas. Et, à cette pensée, je n'ai qu'une envie, celle de me recroqueviller sur moi-même, de la musique dans mes oreilles pour tout oublier.

― Théa ? Prête à partir ? Dépêche-toi que je puisse fermer !

La voix de ma patronne résonne dans les couloirs des bureaux. Je sors de ma cachette en refermant la porte derrière moi et lui annonce que je suis prête. J'attrape à la volée mes affaires puis m'échappe du bâtiment en direction du tram après un rapide aurevoir à mes collègues. Je ne suis plus dans la réalité, mon esprit est obsédé par une multitude d'idées qui y tournent en boucle. Je suis ailleurs, je suis déconnectée, je suis dans ma bulle. Encore une fois, il me retourne le cerveau. Je n'arrive plus à cerner si j'apprécie l'effet qu'il a sur moi ou non. La situation est tellement complexe, je déteste cette sensation de confusion qui s'empare de mon être depuis qu'il est revenu comme une fleur dans ma vie après avoir disparu pendant un mois.

Alors que je suis dans le tram, entourée d'autres usagers, voire compressée entre eux, je me frappe le front du plat de ma main à trois reprises. Je m'attire ainsi quelques regards effarés et interrogateurs auxquels je fais à peine attention. Comment puis-je ne serait-ce qu'envisager le pardon ? Il s'est littéralement volatilisé après que je me sois exposée à lui ! C'est impardonnable ! Et rien ne l'empêchera de recommencer une fois que je lui en aurais donné l'occasion...


A peine ai-je foulé le sol de mon appartement que mon téléphone vibre pour annoncer une notification THE PERFECT MATCH. Une chance pour lui que je n'ai pas encore supprimé l'application. J'attendais de voir ce que cela allait donner avec Clément. Et vu le résultat, je sais maintenant quoi faire. J'ouvre le message qui, sans surprise, provient d'Ethan.

Un sourire ironique grignotant mon visage, mes doigts survolent le clavier pour rétorquer :

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Un sourire ironique grignotant mon visage, mes doigts survolent le clavier pour rétorquer :

Je retire mes chaussures à la va-vite et plonge dans le canapé sans prendre garde au chat qui me jette un regard noir

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Je retire mes chaussures à la va-vite et plonge dans le canapé sans prendre garde au chat qui me jette un regard noir. Désolée, Orphée ! C'est un cas d'urgence capitale ! Eh oui, je dois être dans une position confortable pour donner le meilleur de moi-même. Hors de question de le laisser gagner. Non. Il ne gagnera pas. Il n'aura pas la chance de pouvoir me faire du mal à nouveau. La petite voix pernicieuse de ma raison me souffle que le réintroduire ne serait-ce que le temps d'une soirée dans ma vie m'expose déjà à ce risque. Je la chasse d'un mouvement de tête. Non. Faire comme si je ne le connaissais pas. Ainsi, je ne souffrirai pas de cette déchirure lorsque les derniers mots seront échangés.

Quand nous sommes tous les deux prêts, je lance le blind-test, déterminée comme jamais je ne l'avais été auparavant. Les dents serrées à cause de la concentration, je n'en démords pas. Pourtant, rapidement, je sens le découragement me gagner. Je ne suis pas assez rapide. On dirait qu'il s'est entraîné pour être sûr de gagner... La souhaite-t-il à ce point cette deuxième chance ... ? NON. Focus. Ne te laisse pas distraire par de belles illusions.

Dix minutes plus tard, je regrette de m'être engagée là-dedans. Il a gagné. Maintenant, je suis officiellement obligée de laisser m'atteindre à nouveau. Autant dire que je ne lui faciliterai pas la tâche. Les portes de mon cœur lui sont closes à jamais. A moins que..., souffle l'ange sur mon épaule mais je le balaie d'une pensée. Il n'y a pas de « à moins que ». Je ne changerai pas d'avis. Il risque de perdre son temps plus qu'autre chose.


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