41 - Free falling (Théa)

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Je me réveille en entendant le vrombissement d'une machine dans la pièce voisine. Lorsque je me redresse sur mes coudes, je mets un temps à me rappeler que j'ai dormi chez lui. Je rougis d'embarras à cette idée. C'est la première fois que je dors chez un homme. Pour moi, c'est un premier pas symbolique. Enfin, un deuxième, si on compte l'inscription sur une application de rencontre. Et il a été parfait. Il ne s'est pas montré insistant, il ne me met pas la pression. Nous sommes juste deux personnes qui apprennent à se connaître et à se faire confiance pour l'instant.

Ce que je me pensais incapable de lui pardonner reste en mémoire mais la douleur qui va de pair s'estompe au fur et à mesure que je commence à le comprendre. Tout comme je dois apprendre à lui faire confiance malgré ce qu'il a fait, j'aurais dû lui laisser le temps de me faire confiance au lieu de tenter de forcer les choses avec ma confession. Et je comprends que celle-ci ait été trop pour lui s'il n'était pas prêt à s'engager ou s'il se battait contre ses propres démons.

M'arrachant à mes pensées, je sors à contrecœur du lit qui contient sa délicieuse odeur pour rejoindre la cuisine où il se fait un café. Là, je sens mon cœur s'affoler dans ma cage thoracique. Ethan au réveil est encore plus sexy. Je ne pensais pas que c'était possible. Plusieurs épis de cheveux se dressent sur mon crâne, ses traits sont encore ensommeillés et ses yeux absorbés dans son café. Le coup fatal arrive quand il ouvre la bouche pour me saluer. Cette voix encore plus éraillée et grave que d'ordinaire me fait frissonner.

Il sourit et ses prunelles azur me dévisagent de haut en bas. Je dois subir la même inspection, à mon avis. Mais, bien moins à l'aise que lui, je ne peux m'empêcher de tirer sur le bout de tissu pour qu'il couvre mes jambes le plus possible et de passer une main dans mes cheveux en espérant qu'ils n'aient pas une tête misérable. Quand son attention se détourne enfin de moi, je peux percevoir une expression amusée détendre les traits de son visage. Mais je ne me sens pas encore prête à l'affronter pour le questionner.

Je m'apprête à lui demander, à la place, s'il est possible d'avoir un chocolat chaud mais, visiblement prévoyant, il me tend une tasse remplie de mon nectar favori. Je le remercie d'un sourire. Nous sirotons nos boissons l'un à côté de l'autre, accolés au comptoir, sans un mot. Le silence aurait pu me rendre nerveuse. Or, je me sens bien, là.

Ma boisson terminée, je l'informe qu'il faut que j'y aille. Je m'habille en vitesse et le salue d'un rapide baiser sur la joue. En y réfléchissant, un naturel s'est installé entre nous, de même qu'une certaine routine. Pour le premier point, je ne sais pas quand le changement s'est opéré de mon côté. Je ne sais pas non plus si c'est significatif de ce qui se passe dans le méli-mélo de pensées et d'émotions confuses que contient mon cerveau. Mais, la seule chose que je peux affirmer avec certitude, c'est que j'apprécie que ce soit si simple, que chaque geste ou parole de ma part ne soit pas sujet d'angoisse pour moi. C'est libérateur... En ce qui concerne le second point, cette routine s'est instaurée depuis quelques semaines maintenant mais je la sens évoluer ces derniers temps. Et je ne fais rien pour contrer cette évolution.

Non pas qu'elle ne m'effraie pas. C'est le cas. Le doute, l'angoisse, la peur : ils sont toujours là, tapis dans un coin dans mon cerveau, prêts à ressurgir à tout moment pour frapper là où ça fait mal. Exactement comme hier. Je ne suis pas sûre de pouvoir vivre avec cette boule au ventre et ce "et si" permanent qui me vient à l'esprit quand je sens mon cœur battre plus fort dans les moments où je suis avec Ethan.

Depuis qu'il m'a fait la promesse de se faire pardonner, il est parfait. Il est attentionné, prévenant, rassurant. Il me rend visite à la bibliothèque quotidiennement, à la même heure, juste après son travail. Il m'écoute, se propose de m'aider dès qu'un problème se présente ou me réconforte lors de mes petits coups de mou.

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