49 - I Love you (Ethan)

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La boule au ventre, la jambe tressautant constamment, j'ai eu du mal à me concentrer toute la journée. Je ne pensais qu'à ce que j'avais organisé, j'essayais d'imaginer la réaction de ma belle rousse, je redoutais que tout capote et que je me retrouve comme un idiot.

Quand la fin de journée arrive enfin, je pousse un soupir de soulagement. Soulagement qui ne dure pas longtemps. J'entends la sonnette de l'entrée de service retentir alors que mes collègues sont encore en train de blaguer et rire dans la salle de repos. Je me lève d'un bond pour aller accueillir Théa en espérant que l'un des deux ne soit pas déjà en train de la refouler, ou pire de la draguer.

Malheureusement pour moi, j'avais vu juste et l'un de mes deux boulets de collègues tient la porte entre-ouverte pour parler avec la femme qui venait pour moi. Son ton est séducteur, sa position flirteuse. Je m'avance vers lui et me racle la gorge en arrivant à leur hauteur. Marc me jette un regard noir du genre "t'es en train de niquer mon coup". Mais l'œillade de Théa me rassure : elle est reconnaissante. Ses traits d'ailleurs me confirme l'état d'esprit dans laquelle je m'attendais à la trouver dans ce genre de situation : crispée. Elle n'est pas à l'aise voire angoissée et oppressée par mon collègue. D'un ton sec, je demande aux deux hommes de la pièce :

— Vous n'étiez pas censés être déjà partis ?

Les deux haussent les épaules d'un air nonchalant. Ont-ils fait exprès de traîner plus tard malgré mes supplications ? J'enrage mais me contient et ne laisse rien transparaître pour ne pas inquiéter Théa davantage. Marc fait un signe de tête en direction de la belle rousse.

— Tu nous présentes pas ?

Je lève les yeux au ciel. Je ne suis pas loin de perdre patience face à ce gros lourd. Contre toute attente, Théa se rapproche de moi, se hisse sur la pointe des pieds pour embrasser le coin de mes lèvres.

— Tu n'étais pas censé me faire visiter ? me glisse-t-elle assez fort pour qu'ils entendent.

Malgré la surprise que son initiative a provoquée en moi, je continue sur notre lancée. Ils veulent que je la leur présente, très bien. Je vais le faire. Au passage, je pense que Théa risque d'être étonnée également.

— Les mecs, voici Théa. Ma copine.

Du coin de l'œil, je vois le visage de ma belle rousse se lever vers moi. Elle tente de garder un masque impassible pour ne rien montrer à mes collègues mais je sais quelles interrogations lui viennent à l'esprit. J'y viendrai, j'y répondrai. Pour l'instant, ce qui me fait jubiler c'est l'expression à la fois surprise et blasée qui apparaît sur les visages des deux hommes.

Bizarrement, ils n'attendent pas plus longtemps pour quitter les studios, à mon plus grand soulagement. Je saisis alors la main de Théa pour la guider jusqu'au studio où j'ai tout prévu. Je sens presque son regard interrogateur me brûler le dos.

Nous passons devant plusieurs portes closes sans nous arrêter avant d'arriver devant la pièce souhaitée. Là, je lâche sa main et me retourne vers elle. Un sourire en coin relève l'extrémité de mes lèvres, amplifiant sa perplexité.

— Tu ne me fais pas visiter ?

— Peut-être plus tard mais il y a deux choses que je souhaitais faire avant.

Son regard navigue entre moi et la cabine d'enregistrement, essayant sous doute de faire le lien entre tous les éléments qu'elle a pu grappillés. Elle souffle :

— Encore ?

Comprenant tout à fait de quoi elle veut parler, je ne peux m'empêcher de pouffer de rire. Puis, d'un ton mi-taquin, mi-sérieux, je réplique :

— Tu le sais, je ne pourrais pas me lasser de ta voix.

Elle rougit face à ce compliment tout en se pinçant les lèvres. Une lueur d'hésitation brille un instant dans ses prunelles ambrées puis disparaît presque aussitôt. Elle roule des yeux dans une expression exagérée et feint un ton contrit :

— Bon, eh bien, j'imagine que je n'ai pas le choix. La même que la dernière fois ?

Sa réponse ainsi que sa question m'enchantent. Elle est loin de s'attendre à ce qui va suivre. Je secoue la tête en l'invitant à s'asseoir puis lui visse un casque sur les oreilles pour lui faire écouter la mélodie que je souhaiterai. Elle se laisse transporter, les paupières closes, les lèvres pincées par ce que j'espère être l'émotion. Quand elle retire son casque et se tourne vers moi, son regard est admiratif.

— C'est magnifique.

— Avec ta voix et les paroles, ça le sera d'autant plus, lui assuré-je avec un grand sourire.

Je lui indique la cabine d'enregistrement d'un geste. Tout est déjà prêt. Le casque, le micro, le pupitre avec mes paroles. Elle entre et se positionne avant de me montrer son pouce en l'air pour m'indiquer qu'elle est prête. Une vraie pro. Je souris à cette pensée. Je lui montre trois doigts que j'abaisse l'un après l'autre puis lance la bande-son.

La mélodie colle parfaitement à sa voix, je suis parcouru de frissons alors qu'elle chante les paroles que j'ai écrites pour elle. Dans celles-ci, j'exprime à quel point sa présence solaire m'est devenue essentielle, à quel point j'aime chacune de ses qualités comme chacun de ses défauts. Je ne suis pas doué pour exprimer ce que je ressens alors j'ai choisi ce biais pour lui faire comprendre. Dans cette chanson, je veux qu'elle sente à quel point elle a été une rencontre importante, à quel point elle m'a changé et m'a aidé.

Concentrée, elle ne prend pas tout de suite conscience de la teneur des paroles. C'est lorsqu'elle parvient au refrain que je la vois froncer les sourcils. Sa voix frémit mais elle tient bon. Maintenant, elle a compris. Et ses yeux s'écarquillent de plus en plus le temps qu'elle réalise complètement. Sa voix faiblit jusqu'à rester bloquée dans sa gorge. A ce moment-là, elle se tourne vers moi, les larmes mouillant ses yeux puis roulant sur ses joues.

Je n'attends pas une seconde et la rejoins dans la cabine pour la serrer contre moi. Nous nous empêtrons avec les fils du casque et le trépied du micro mais je m'en fiche. A cet instant, je veux juste la sentir contre moi, pouvoir renifler sa douce odeur et passer ma main dans ses longues boucles.

Après un long moment dans les bras l'un de l'autre, je m'écarte d'elle pour essuyer ses joues humides. Un timide sourire illumine son visage bien qu'elle soit encore confuse. Sans un mot, je l'entraîne hors de la cabine, hors du studio dans lequel on était pour rejoindre la salle de repos où en principe ma sœur a tout organisé entre temps. Un service qu'elle m'a rendu avec joie pour avoir gardé ma nièce. Même si, sans ça, elle l'aurait quand même fait et que je n'ai pas besoin de récompense pour avoir passé du temps avec le petit être que j'aime le plus au monde.

Dans la pièce meublée de seulement deux canapés rouges, d'une table basse et d'une machine à boissons, des guirlandes lumineuses ont été ajoutées aux murs pour créer une lumière tamisée. Des bougies ont été disposées ici et là ainsi que des pétales de roses. Un panier à pique-nique est également présent avec les en-cas que j'avais préparé avant de partir ce matin. C'est encore mieux que je l'avais imaginé, j'ai encore sous-estimé les talents de décoration de ma sœur ainsi que son romantisme.

The Perfect MatchOù les histoires vivent. Découvrez maintenant