5.

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Lorsque j'arrive dans ma chambre après avoir pris une bonne douche et séché mes cheveux, j'ai la bonne surprise de trouver une valise noire que je reconnais très bien puisque c'est la mienne. Méfiante, je m'approche, enroulée dans ma serviette blanche, si c'était une bombe ? J'ouvre le bagage précautionneusement  et soudain, je vois des vêtements tomber de l'intérieur ; ce sont les miens. J'en pleurerais presque. Il y a à peu près la moitié de la petite garde-robe que je possède, et c'est déjà plus que j'en espérais. Je me dépêche de revêtir mon pyjama, un bas de jogging pour homme noir et un sweat bleu à l'effigie d'un dessin animé vintage, et retiens un soupir de soulagement car je retrouve enfin mes affaires et mon confort. Le seul confort que je pourrais possiblement avoir, en réalité. Je m'empresse de ranger toute la valise dans laquelle je trouve aussi une petite trousse de toilette contenant mon parfum, ma crème pour le visage, ma brosse à dent et mon dentifrice et un peu de maquillage. Je ne sais pas qui a préparé cette valise, mais elle a tapé dans le mille. J'essaie de ne pas laisser la peur m'envahir quand je me rends compte que quelqu'un est rentré chez moi, dans mon espace personnel, a touché mes affaires et a fouillé dans mon appartement, et inspire un grand coup. Je m'assois sur le lit. Les questions s'enchaînent une à une dans mon esprit. Où est Thaddeus ? Pourquoi n'est-il pas là ? Où sommes nous exactement ? Pourquoi est-ce qu'il m'a fait kidnapper? Pour combien de temps, quelques jours ou quelques mois ? Qui est Andrea à part celui qui était en charge de ma capture et de ma captivité ? C'est quoi ce manoir et cette propriété privée immense ? Est-ce que quelqu'un se rendra compte de la supercherie, de mon enlèvement ? Ai-je vraiment passé quatre jours là-dessous, ou est-ce qu'Andrea m'a menti ? Pourquoi l'aurait-il fait ? Pourquoi ne l'aurait-il pas fait, après tout ? Quand est-ce que Di Casiraghi reviendra ? Et qu'est-ce que ça signifiera pour moi ? 

L'esprit embrouillé, trop submergée par ces interrogations, je vais ouvrir la fenêtre et la referme bien vite car la pluie tombe fort dehors. Je retrouve une certaine sûreté dans le climat de ce pays, dans ce vent sec et froid, dans cette pluie qui tombe à torrent ou en fines gouttes insupportables, dans cet air humide et généralement froid l'automne. Je retrouve une certaine maison, on va dire. Un endroit dans le monde où je me sens chez moi, et il n'y en a pas beaucoup ; Carthage et l'Angleterre. Je reste à regarder l'obscurité longtemps, car contrairement à Palerme, rien n'est éclairé, pas de lampadaires, et ce soir, je ne trouve pas le croissant de lune de l'endroit où je me trouve. Résignée à aller dormir après cette très longue journée dans un lit confortable, je décide quand même d'aller chercher un verre d'eau. Sur la pointe des pieds, je descend l'escalier qui se met à craquer légèrement et je maudis déjà cette vieille maison pour faire autant de bruit. J'arrive dans l'entrée, et regarde autour de moi. Il y a la porte qui donne sur les souterrains et je ne m'en approcherais plus. Il y a un seul couloir, sombre, qui se dessine devant moi et je me décide à l'emprunter puisque c'est la seule issue de toute manière. Le couloir débouche sur une immense pièce qui me coupe le souffle. La hauteur sous plafond est impressionnante et je n'avais pas réalisé à quel point le manoir était grand et haut. Il y a un coin salon, avec plusieurs canapés et un écran plat ; Andrea est assis de dos, un casque sur la tête. Il y a un autre coin avec des fauteuils et une petite bibliothèque ( petite comparée à celle que Di Casiraghi possède à Palerme ). Dans le fond de la pièce c'est une grand cuisine ouverte, assez moderne dans les tons sombres, et pas très loin, une grande table semblable à celle sur laquelle j'ai dîné plusieurs fois de suite en Italie il y a deux ans et demi. Plusieurs lustres en cristal éclairent la pièce, et je reste immobile à contempler ce luxe et cette beauté pendant de longues secondes. 

- Si tu essayais d'être discrète, c'est raté. 

Je n'essayais pas forcément d'être discrète, mais je me sens quand même prise sur le fait et tourne la tête. A quelques mètres de moi, une console de jeu dans les mains, l'homme me regarde et finit par enlever son casque ainsi qu'éteindre la télé. Surprise par cette action, je fourre mes mains dans mes poches. 

ULTRAVIOLENCE • T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant