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Je me tourne et me retourne dans le lit de Thaddeus en boucle, sans pouvoir trouver le sommeil. Il est au téléphone quelques mètres plus loin, dans son bureau, malgré l'heure tardive, et moi j'ai décidé de rester dormir au manoir ce soir. J'irais directement à mon premier cours demain et comme il est à Netherton, c'était encore plus pratique de venir dormir ici, alors j'ai sauté sur l'occasion. La pluie tombe à torrent dehors, et je finis par allumer la petite lampe de chevet et aller ouvrir les volets, contente de revoir cette pluie si familière. J'ouvre la fenêtre. L'air froid s'engouffre dans la pièce, me fait frissonner, mes poils se dressent mais j'écoute dans l'obscurité le son des gouttes qui frappent le sol un peu trop fort jusqu'à ce que la porte de la chambre s'ouvre. C'est Thaddeus. Je referme la fenêtre et les volets, souris en le voyant enlever sa chemise, puis torse nu, il s'approche de moi et pose une main sur mon visage avant de m'embrasser. Mes lèvres ne sont bien que lorsqu'elles sont sur sa bouche, mes poumons acceptent docilement de ne plus se remplir, ma langue cherche la sienne. L'ambiance devient plus bouillante lorsqu'il s'empare de mes mains pour les placer au dessus de ma tête et plonge sa tête dans mon cou pour le mordiller. Totalement ouverte et offerte à lui, je ferme les yeux et soupire de plaisir lorsqu'il agrippe ma taille pour me plaquer contre lui.

- Tu m'a manqué, souffle t-il finalement. 

Il me laisse reprendre ma respiration en parsemant mon visage de baisers, et je rouvre les yeux avant de glisser mes doigts dans ses cheveux. 

- Tu m'a manqué aussi. 

Je l'embrasse, puis doucement cette fois, mais il reprend presque immédiatement le contrôle de cet échange intime en se montrant un peu plus avide et brutal. Ses dents touchent les miennes, témoignant de l'envie qui le traverse, et je fais exprès de me reculer pour le frustrer un peu plus. 

- Arrête, grogne t-il. 

- Pourquoi ? je murmure en passant mon pouce sur sa bouche. Tu n'aimes pas qu'on te résiste ?

Ses yeux se sont assombris. Il essaye de m'embrasser plusieurs fois mais je me détourne à chaque fois, moqueuse, avec un petit rire, ce qui semble fortement le frustrer. Il finit par maintenir mes poignets avec une main et tenir mon visage de l'autre pour poser sa bouche à la mienne, et je ferme les yeux, le coeur battant. Je l'aime tellement fort que parfois, j'en ai mal. Et c'est mon mari. Je suis tellement chanceuse de pouvoir être mariée à lui, de pouvoir vivre ces instants, d'être dans ce manoir... Et soudain, alors qu'il repart à l'assaut de mes lèvres après une courte pause, un goût métallique s'imprime dans ma bouche. Au bout de quelques secondes, il se recule, et je vais directement chercher un mouchoir sur la table de nuit. Il se penche en avant, saignant du nez abondamment, le mouchoir pour absorber un maximum de sang, et moi je reste plantée là sans trop savoir quoi faire. J'essuie mon propre visage et après avoir passé dix minutes au-dessus de l'évier de la salle de bain, il revient le teint un peu plus pâle. 

- Ça va ? je demande. 

- C'est juste la fatigue, m'assure t-il. Viens. 

Ça nous a bien refroidis, et nous décidons d'aller nous coucher. Après nous être déshabillés et glissés dans les draps, je me colle contre lui et éteint la lumière de la chambre. Le réveil indique presque une heure du matin. Son souffle dans mes cheveux est comme un espèce de balancier, régulier, et j'essaye de m'y fier pour m'endormir, mais je n'y arrive pas. Immobile dans ses bras, mon cerveau ne parvient pas à s'arrêter et je sais que je suis partie d'avance pour une nuit sans sommeil, comme celles que j'avais l'habitude de faire après Palerme. Les questions et les réponses dont j'essaye de me convaincre qu'elle sont véridiques tournent en boucle dans ma tête. Une heure passe alors que je fixe les chiffres du réveil, sans bouger, incapable de fermer les yeux bien que la position dans laquelle je suis soit très confortable.

ULTRAVIOLENCE • T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant