38.

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Je n'ai pas dormi de la nuit. Parce que ses mots ont tourné en boucle sur le même refrain durant des heures, troublant l'apaisement du silence, et aussi parce que Morphée vient seulement quand il sait qu'il le doit. Sinon, il vous laisse réfléchir, et c'est ce que j'ai fait. Non, en fait j'ai fait plus que réfléchir ; j'ai pris une décision, et je sais qu'elle va être encore plus dure que la première - qui était celle de tout dire à Thaddeus quitte à foutre en l'air ce que nous avions. Pour me réveiller, je prends une douche et descend ensuite pour petit-déjeuner, mais il n'y a personne dans la maison, ni a mon étage ni au deuxième. Il est sûrement parti. J'ignore pour combien de temps, pas trop longtemps j'espère, mais cela va me donner le temps d'affiner mon discours. Après avoir tout rangé, j'attrape l'Odyssée resté sur la table basse, m'assois, et reprends ma lecture pour me vider un peu la tête comme si inévitablement, je me devais de me distraire de tout ceci et de la peine que cela va entraîner. La journée passe tranquillement ensuite ; j'essaye de me relaxer avec un bon bain bouillant, j'affine et je remets en ordre mes pensées, je me cuisine un bon repas pour le soir et je profite pleinement de cette solitude que l'on m'offre. Ayant compris que je ne verrais personne aujourd'hui, je décide d'aller me coucher, éreintée de n'avoir pas eu de sommeil la nuit dernière, mais je suis réveillée vers minuit par le claquement de la porte d'entrée. J'enfile immédiatement mon bas de jogging et mon sweat-shirt et dévale les escaliers, seulement, quand j'arrive dans la dernier partie des marches, je me glace. Thaddeus tient Enzo par le bras et ce dernier est pâle, chancelant, couvert de sang. 

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? je demande en descendant le reste de l'escalier, alerte.

Enzo lâche une flopée d'insultes en italien, toutes plus violentes les unes que les autres, et je regarde Di Casiraghi sans comprendre, avant qu'il ne m'explique que c'est seulement un règlement de comptes. 

- Heureusement que je lui explosé la cervelle, crache Enzo. 

En ignorant le fait qu'il vient de confesser un meurtre, nous le guidons dans le salon pour qu'il s'assoit, et je lui fais retirer sa veste en cuir. La blessure vient du bras - une blessure par balle, et il en a une autre dans la cuisse. Ça a l'air grave et je déglutis en voyant Thaddeus remonter quatre à quatre à l'étage. Les traits tendus, le blessé me regarde longuement et je finis par plonger mes yeux dans les siens. 

- Je comprends maintenant. L'autre fois, je m'étais trompé, mais là, tu as vraiment la tête des gens qui vont partir. 

- Arrête, je dis. Je ne vais pas partir. Tu as mal ? 

- L'adrénaline occulte tout pour l'instant alors profitez-en... 

Je vois Thaddeus revenir. Il tient un gros sac rouge avec une croix dessus, comme ceux qu'on les pompiers, enlève son manteau, sa veste de costume et remonte les manches de sa chemise avant de me demander de déshabiller Enzo. Je l'aide donc à enlever le reste de ses vêtements je maintiens des compresses sur ses deux plaies, comme me l'a demandé Di Casiraghi. 

- Je vais enlever la pression, prévient-il Enzo. Il faut que je vois si il y a un plaie de sortie. 

Je peux rajouter deux casquettes à celles qu'il a déjà : médecin, et expert en balistique. Lentement, il soulève les compresses et observe la plaie avant de hocher la tête. 

- Il y en a un. 

Il répète l'opération avec sa blessure sur la cuisse, mais cette fois, la balle n'est pas ressortie. Ca l'air vraiment grave mais étrangement, le calme des deux hommes arrive à m'apaiser. Comme si ils se faisaient confiance l'un à l'autre, comme si ils avaient déjà fait tout ceci, comme si ils savaient quoi faire. 

- Bon, déclare Thaddeus. Violence, prend sa tension. 

Il me donne un bracelet élétronique que je place sur son bras et appuie sur démarrer pendant qu'il enfile des gants et sort un tat de matériel médical. 

ULTRAVIOLENCE • T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant