17.

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Je me réveille dans une position extrêmement inconfortable et réalise très vite où je suis : sur le sol de mon appartement. J'ai dû m'endormir hier soir et je n'ai sûrement pas eu la force de me hisser dans le canapé... Mais aucun souvenir après le trajet en voiture qui m'a ramené jusqu'a mon appartement. Je trouve la force d'ouvrir complètement les yeux après plusieurs secondes d'accommodation à la luminosité ambiante ( aurais-je oublié de fermer les volets avant de partir à la Nothern Tavern, hier ? ). Tout mon corps est endolori. Mon réveil n'a pas sonné, puisqu'il fait déjà jour et que j'ai très bien dormi - plus de quatre heures en tout cas, et je me relève d'un seul coup, affolée. Merde, merde, merde, les cours...Debout dans mon salon, je contemple tous les dégâts de la veille ; mes affaires sont éparpillées autour de moi sur le canapé, ma veste trône par terre, je ne trouve pas mon téléphone, une bouteille est posée sur la table basse, et il y a du sang par terre. Du sang par terre ? Les souvenirs de la chute et de ma blessure au fond refont surface d'un seul coup et je jure à voix haute. Je me dirige vers la cuisine pour aller prendre de l'aspirine, et découvre à côté des plaques de cuisson l'intégralité de mes bouteilles, c'est-à-dire une dizaine, vides. Le stress monte d'un cran. 

- Non, je souffle en m'approchant. 

Non, c'est impossible. Je n'ai pas pu tout boire hier, c'est impossible, même physiquement j'aurais déjà fait un coma éthylique. La panique m'envahit : on est lundi, le bar sera fermé ce soir. Et je n'ai plus d'alcool à la maison. Je suis dans l'incompréhension et demeure les bras ballants devant les bouteilles rassemblées, toutes vides comme si une grosse fête avait eu lieu hier sans que je sois au courant. Est-ce que c'est le cas ? Je ne pense pas. J'ai tellement mal à la tête que j'ai l'impression qu'on essaye de m'ouvrir le crâne avec un marteau-piqueur, m'empresse de prendre le médicament et passe ma main sur mon visage. La migraine m'empêche de réfléchir, et j'ai sûrement déjà manqué les cours que je dois donner ce matin...

- Un café ? 

Le verre d'eau que je tenais dans ma main tombe sur le plan de travail, l'eau se renverse et le verre se casse en mille morceaux. Je me retourne en l'espace d'une seconde, le coeur battant, et découvre Thaddeus dans le fond du salon, les mains dans les poches, appuyé contre un mur. Il a le visage marqué, un peu plus à chaque fois que je le revois visiblement, il porte un costume noir et ses yeux sont vissés sur les miens. Cette-fois c'est bien réel, j'entend sa respiration et sa voix, ce n'est pas un rêve. Il est là, dans mon appartement, à Atlanta. Mon premier réflexe est d'attraper un couteau de cuisine et de le brandir devant moi alors même que je n'ai décroché aucun mot. Je ne réalise pas qu'il est là, dans mon salon, en chair et en os. 

- Pose ce couteau, m'ordonne t-il. 

- Sors, je parviens à dire. Sors tout de suite de chez moi. 

- Non.

Les doigts tremblants mais pas de manque, je resserre ma prise sur mon arme. Il faut qu'il parte, il faut que tout cela reste loin de ma tête... Alors je répète ce que j'ai dit et il me répète à son tour de poser le couteau. 

- C'est toi qui a fait ça ? je demande en désignant les bouteilles. 

- Oui, dit-il simplement. 

Il n'y a même pas de moment de battement où je suis dans l'incompréhension, non, je n'ai pas le temps de ressentir ça. Je me jette sur lui, de colère, de ce que je retiens depuis des semaines déjà, mais il parvient à me désarmer sans le moindre effort et je me retrouve face à lui sans rien pour me défendre ou faire pression. Je continue de le contempler comme si ce n'était encore qu'une illusion cependant je ne peux pas nier que j'ai senti sa main saisir le couteau de ma propre paume. Il ne peux pas être là, c'est impossible. Il me contourne pour aller ranger l'arme là où je l'ai prise, puis s'appuie contre le plan de travail comme si il était chez lui - très à l'aise, visiblement. 

ULTRAVIOLENCE • T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant