12.

2.4K 136 63
                                    

Thaddeus gare la voiture dans une petite rue tranquille je connais bien, et nous descendons de la voiture. Ça me fait tellement bizzare de revoir ma ville natale, la ville où ma vie a basculé, la ville que j'ai autant aimé que détesté, et surtout après autant de temps... L'homme à côté de moi, dans la nuit qui est déjà tombée, me demande de le suivre et je m'exécute en regardant les restaurants ouverts, les passants, et les étoiles. Nous marchons pendant cinq bonnes minutes jusqu'a parvenir à un endroit que je reconnais très bien et j'ai un mouvement de recul psychologique au moment où je reconnais les grilles. Le gardien s'approche de nous, les poings sur les hanches, pensant à une bonne blague même si Halloween est passé d'un mois, et nous crie dessus : 

- C'est fermé depuis déjà une heure ! Il faudra repasser demain messieurs-dames ! 

Tranquillement, le visage détendu, Di Casiraghi glisse la main dans sa veste de costume et en ressort une petite liasse de billets - il y a voir au moins cinq cent livres. Il la donne au gardien avec un sourire et un certain flegme qui traduisent une arrogance même pas dissimulée.

- On en a pour vingt minutes. 

Le gardien regarde autour de lui furtivement et accepte la liasse en nous ouvrant les grilles du cimetière d'Highgate. Nous nous engageons dans les allées bordées de végétations mais qui me donnent froid dans le dos au vu de l'obscurité, et je suis Thaddeus jusqu'a un endroit très précis. 

- Tu as une torche ? demande t-il. 

Je sors mon téléphone et ouvre la lampe torche dessus pour éclairer la pierre tombale que j'ai en face de moi, et j'ai presque immédiatement le coeur qui se serre. 

- Kira Richards, déclare solennellement l'homme à côté de moi.

La nausée me montant au bord des lèvres, je parviens tout de même à me contenir et à me calmer même si la vision de cette tombe de grise remue en moi beaucoup trop de choses pour que je puisse les ignorer. Cela fait presque trois aussi aussi que mon amie est morte, j'ai toujours cette impression que c'était hier.

- Tu as pu lui dire au revoir ? 

- Non, je dis tristement. 

Il ne répond rien. 

- Tu est toute seule, Violence. Tu n'as plus rien et plus personne. Tu n'est rien et tu n'est personne, d'ailleurs.

- Sympa, je grince. 

Je m'accroupis et effleure du bout des doigts la pierre tombale. Kira me manque chaque jour depuis qu'elle est partie ; je n'ai jamais eu trop d'amis, et elle, c'était l'une de mes meilleurs amis. Elle était incroyable. Elle était un soleil à elle toute seule, elle a rayonné toute sa vie et elle dédiait souvent tout ce qu'elle faisant au bohneur des autres. Elle était de ces gens au grand coeur, à la gentillesse plus grande que l'univers. En me redressant, les larmes aux yeux, je croise le regard de Di Casiraghi, stoïque ( comme toujours ). 

- Si mes sources sont exactes, tu ne vois plus tes autres amis non plus ? 

- Non, je dis. Je suis arrivée alors que Kira était dans le coma, et ils ont cru que je n'en avais rien à faire d'elle puisque j'ai repoussé mon arrivée à Londres. 

Il ne répond rien. 

- Ils ont pensé que je voulais profiter de mes vacances en Italie et que je me foutais de Kira. Après qu'elle soit morte, ils m'ont tourné le dos et m'ont traité de monstre.

- Tu aurais pu leur dire que ce n'était pas des vacances et que c'était faux, objecte t-il. 

J'ai un ricanement nerveux. 

ULTRAVIOLENCE • T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant