Il se redresse et je souris.
- Qu'est-ce que tu as envie de me faire ? Je doute... De tes capacités. Pas seulement de rhétorique, je précise.
Toutes les sirènes s'allument dans mon cerveau. Je sais exactement où nous allons, je sais pertinemment que chaque provocation m'entraine encore un peu plus sur la mauvaise pente, pourtant je n'ai aucunement envie d'arrêter. Je trouve cette espèce de peur, de désir, de méfiance et de séduction délicieux et mon esprit en redemande encore, comme une drogue dont il serait déjà dépendant. Thaddeus soupire lentement par la bouche comme si il évacuait toute la tension qu'il y a entre nous.
- Je pensais que tu préférais les démonstrations, dit-il.
- Exactement, tu as besoin d'un tableau et d'une craie ?
- Non, merci, Violenza.
Mon prénom a dévalé la courbure de ses lèvres comme une cascade d'or et d'argent. C'est si agréable de l'entendre quand c'est lui qui le dit, et cela laisse un air presque irrespirable entre nous.
- Tu sais ce que le sexe a de si particulier ?
- Non, mais je t'en prie, raconte moi, je souris.
Si il pense que je vais l'écouter, alors il se fourre le doigt dans l'oeil jusqu'au coude parce que je n'ai pas la moindre intention d'être une élève assidue à ses discours. Il plonge à nouveau ses yeux dans les miens et je m'avance encore d'un pas, calmement, alors qu'il commence à parler, toujours les yeux dans les yeux.
- On raconte qu'avant, les humains avant quatre bras et quatre jambes et qu'ils étaient si puissants qu'ils ont voulu renverser les dieux.
Avec un air très intéressé par ce qu'il est en train de raconter ( même si ce n'est pas le cas, j'essaye au moins de faire semblant ), je fais un pas de plus et me retrouve bien trop près de lui, mais ça n'a pourtant pas l'air de le déranger ou de le perturber plus que ça. Les sirènes continuent à hurler à l'intérieur de ma tête mais la sensation grisante me galvanise au plus haut point et je suis incapable de m'arrêter.
- Alors Zeus a décidé de les couper en deux pour les punir.
- Hm, je dis. Et ensuite ?
Je glisse mes doigts dans le noeud de sa cravate pour la défaire, lentement, très lentement, et je prends tout mon temps. Et cette action a l'air de le rendre tendu, presque impatient. Touché, coulé.
- Les humains se sont retrouvés avec une âme soeur de perdue quelque part dans le monde.
- C'est triste, je chuchote en enlevant enfin la cravate.
Elle rejoint le sol en quelques secondes. Je penche la tête sur le côté, plonge mes yeux dans les siens et observe son visage. J'y lis du calme, du désir, de la luxure, et pourtant un désintéressement à la situation - ou alors c'est juste une impression, voire même qu'il en fait exprès.
- Mais Zeus a eu la bonté de leur donner des organes génitaux et de les placer à cet endroit précis.
- Une bonne idée, je souffle en remontant mes mains.
Elles trouvent le col de sa chemise, où je m'affaire doucement et avec une lenteur démesurée à déboutonner le premier bouton. Il prend une inspiration alors que je l'enjoins à continuer son histoire. Quand le premier bouton saute, je m'attèle presque immédiatement au second.
- C'est de là que vient ce désir de se fondre dans le corps de l'autre, le plus profondément possible.
Le deuxième bouton saute, et son col désormais ouvert me révèle une peau d'albâtre, quoi que légèrement bronzée. Il s'arrête de parler pour fixer intensément mon visage, et mes bras retombent le long de mon corps presque immédiatement, dans une ultime provocation, et nous nous regardons quelques secondes sans rien dire.
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ULTRAVIOLENCE • T2
RomanceIl a laissé sa marque sur elle. La traque ne fait que commencer, et il ne s'arrêtera pas avant d'arriver à son but. Ce qui les lie est bien plus profond que ce qu'ils croient. Ce qui les réunira sera bien plus puissant qu'une simple chasse.