Après quelques jours de marche, ils atteignirent la capitale et passèrent les portes sans aucun contrôle. Ils cachaient leur visage dans leur grandes capes à capuche cependant car n'importe qui pouvait les reconnaître ici.
- Allons voir Vénéa, dit Keïth une fois entrés dans la ville.
Il avait beaucoup pensé à elle pendant leur voyage et s'était souvent demandé comment elle allait, ce qu'elle faisait... ou même si elle avait été victime de représailles. Il osait espérer que les autres prendraient soin d'elle, mais le feraient ils aussi bien que lui ? Serait-ce suffisant ?
Ils filèrent tout droit aux quartiers Manariens, prenant soin de ne pas montrer leur visage. Cela n'était pas suffisant pour passer inaperçus. Les gens se retournaient sur leur passage et ils évitaient tant bien que mal de croiser les éventuels regards familiers. Ils ne pouvaient toujours pas prendre le risque. Pas avant de savoir comment était exactement l'état de la situation et s'ils étaient toujours recherchés, ou si le Roi avait finit sa petite crise.
Quand ils arrivèrent, ils n'eurent pas le temps d'entrer que les chiens sortirent en trombe et sautèrent sur Alma. Le renard manarien, effrayé, sauta dans les bras de Markus et Alma tomba à terre. Les chiens l'avaient toujours aimée et elle dormait avec eux le soir, du temps où elle vivait ici. Une petite vieille apparut dans l'encadrement de la porte. Vénéa. Elle était amaigrie et marchait maintenant avec une canne, comme si ces longs mois d'hiver sans Keïth l'avaient affaiblie. Cette vision lui brisa le cœur et, baissant sa garde, il lâcha le bout de tissu qui couvrait son visage, les larmes aux yeux.
- Vénéa...
- Que me voulez vous ?
Keïth s'approcha sans un mot, il était beaucoup trop ému. La vieille sembla le reconnaître.
- Keïth...C'est toi ? C'est bien toi ?
- Je suis revenu, Vénéa !
Alors, pour la première fois de sa vie, Keïth vit la vieille dame pleurer. De ses deux yeux marron clair coulèrent deux larmes brillantes, des larmes de joie. Elle avança nonchalamment vers le garçon et il la prit dans ses bras.
- Je savais que tu reviendrais, dit elle. Même si tu mettais des années je savais que tu reviendrais.
Keïth se dégagea gentiment des bras de la vieille Vénéa et, prenant sa main libre dans les siennes, il se pencha pour être à sa hauteur.Il pleurait un peu lui aussi.
- On l'a fait, lui dit-il. On a réussi.
- Réussi quoi ? Où étais-tu parti ?
- Sur Manaterra ! Nous avons réussi, nous y sommes allés ! Nous l'avons trouvé, l'Arbre Unique, la Source de Magie.
- Qu'est-ce que tu racontes... ?
Vénéa ne semblait pas le croire. Elle avait plutôt l'air perdue, l'air de ne pas comprendre tout ce qu'il racontait.
- Viens nous allons parler à l'intérieur. Venez, ajouta t-il en s'adressant à ses deux amis.
Puis il l'aida à se retourner et à marcher jusqu'à l'intérieur. Rien n'avait changé et, bien que Keïth ait toujours détesté la petite baraque branlante dans laquelle il était forcé de vivre, pour la première fois de sa vie, il se sentit chez lui. Chez lui ce n'était pas sur Manaterra... Chez lui, c'était auprès des siens. Il avait du faire tout ce voyage et courir tous ces dangers pour se rendre compte que le « chez lui » qu'il cherchait tant, il y avait toujours été en fin de compte. Il le réalisait à présent. S'il avait détesté Alma de l'avoir embarqué là dedans, maintenant il lui était reconnaissant de lui avoir permis de comprendre ça et d'ouvrir enfin les yeux. Il avait toujours eu un chez lui, aussi modeste soit-il et malgré les souffrances liées à sa condition. Et à présent il était rentré. Il était à la maison.
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La Source Perdue
Fantasy(Merci de lire l'avant propos!) Alma 17 ans, Keïth 19 ans. Elle Higarienne, lui Manarien. Tout les oppose, ils ne se supportent même pas et pourtant, chacun pour des raisons différentes, ils vont se retrouver dans la même quête, à la recherche de la...