Chapitre X

25 4 2
                                    


    Alma n'avait pas prononcé un mot depuis que Keïth lui avait raconté comment il avait eu ces cicatrices. Lui non plus d'ailleurs. Comment pouvait-elle ne passe souvenir de ça ? Comment était-ce possible ? C'était le genre d'événement qui marque une personne pour longtemps.

 Elle avait essayé de trouver les mots, elle avait essayé de dire quelque chose, de dire qu'elle s'en voulait. Elle aurait voulu lui dire que si elle avait pu remonter le temps jusqu'à ce jour là et le défendre, elle l'aurait fait volontiers, mais les mots restaient coincés dans sa gorge. Ses paroles ne seraient pas les bienvenues de toutes façons, c'était compréhensible. Il avait déjà été injustement accusé par le passé à cause d'elle, et voilà que tout recommençait. Le voyage continua donc dans un silence de plomb et l'atmosphère à la fois tendue et gênée. Jusqu'au moment où ils entendirent des cris, un peu plus au loin. Keïth se dirigea vers les cris mais Alma le retint par le bras.

- Et si c'était des gardes ou des émissaires ? s'inquiéta t-elle.

Elle avait peut être raison, mais c'était quand même très peu probable. Il se dégagea d'un geste et continua. Elle n'eut pas d'autre choix que de le suivre.


    Plus loin sur la route, un homme se battait avec trois autres. Le premier semblait être un marchand, les autres devaient être des bandits. Certains marchands voyageaient et parcouraient le continent pour vendre leur marchandises et il n'était pas rare qu'ils se fassent piller. C'est pourquoi ils avaient souvent de quoi se défendre avec eux, mais celui-ci semblait plutôt démuni. Sans être très vieux, il n'était pas de toute jeunesse et c'était trois robustes et jeunes gaillards qu'il avait en face de lui. Un des trois saisit le marchand par derrière, lui empêchant de bouger les bras tandis que les autres montèrent sur sa charrette pour lui prendre ce qu'il transportait.

    Alma et Keïth regardaient la scène cachés derrière les énormes arbres plantés sur les bords du chemin qui passait en plein milieu de la forêt. Ils ne pouvaient pas rester là à rien faire, ils devaient aider le pauvre marchand.

     Keïth regarda attentivement pour analyser la situation. Une charrette sur laquelle deux brigands étaient montés pour dévaliser son contenu et derrière, leur complice qui retenait le marchand prisonnier. Aucune idée ne lui venait. Son regard faisait des allers-retours entre la charrette, les hommes, les chevaux, le marchand... les chevaux. C'était les chevaux la solution. Il se tourna vers Alma et chuchota.

- écoute, dès que tu en as l'occasion, dès qu'ils seront éloignés, entraîne le marchand à l'abri dans les arbres, c'est clair ? Et attendez moi là, ne bougez surtout pas.

- Keïth qu'est ce que tu vas faire ? demanda t-elle inquiète

- Pas de panique, je serai de retour dès que possible !

    Il donna le sac à Alma et s'avança discrètement pour se rapprocher le plus possible du chemin. Les trois voleurs commençaient à se disputer sur les marchandises qu'ils devaient mettre dans le peu de place dont leur sac disposait encore. Profitant de ce moment de confusion, Keïth surgit de sa cachette, courant à toute vitesse, et monta sur l'un des chevaux qui tirait la charrette. Les trois voleurs eurent à peine le temps de se rendre compte de ce qu'il se passait que Keïth donna un coup de talon dans les flancs de la monture et les deux chevaux se mirent à galoper déséquilibrant l'un des voleurs qui tomba à terre. L'autre s'accrocha tant bien que mal.

     Alors que la charrette dévalait le chemin légèrement en pente, celui qui était resté dessus essayait d'atteindre Keïth pour le faire s'arrêter ou tomber. De leur côté, les deux autres avaient laissé le marchand pour les poursuivre dans l'espoir de rattraper leur ami, leur butin et celui qui venait de les ridiculiser. Comme Keïth le lui avait demandé, Alma couru sur la route et prit la main du marchand pour l'entraîner à l'abri des arbres.

La Source PerdueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant