Chapitre XVII

26 4 1
                                    


           La végétation se fit très rapidement plus dense et, en quelques jours, ils se retrouvèrent au milieu d'une forêt. Puis la forêt devint une jungle. 

Une jungle inquiétante où l'on entendait des bruits étranges à tout moment du jour ou de la nuit. Ils n'avaient aucune idée d'où ces bruits venaient et, d'un côté, aucun des trois amis ne tenait vraiment à le savoir. La nuit, il faisait froid. Moins qu'au pied des montagnes mais assez pour les faire greloter. Pendant la journée, la chaleur était intense et d'autant plus étouffante qu'elle était capturée sous les grandes arbres où l'humidité la décuplait. L'alternance des climats et des températures n'était pas favorable à l'état de Markus et non seulement sa fièvre ne baissait pas, mais il fut rapidement sujet à de violents vomissements ce qui le déshydrataient et l'affaiblissait encore plus. Son état commençait à devenir inquiétant. Il était si pâle que sa peau contrastait avec le vert ambiant. Il était résistant et courageux, cela dit. Keïth ne pensait pas qu'il aurait été capable de tenir la distance aussi bien que lui s'il avait été à sa place. Markus tenait aussi à dessiner ce qu'ils voyaient tous les jours pour en garder une trace, d'un trait plus tremblant que d'habitude. Pour ça aussi, Keïth avait beaucoup de respect et d'admiration pour son ami. Mais il ne pourrait sûrement pas tenir encore longtemps, ils avaient besoin de vite trouver une solution.

Le troisième jour, pendant une pause, Keïth prit Alma à part pendant que Markus se reposait.

- Il ne va toujours pas mieux, dit-il. Je commence à m'inquiéter.

- Mais il n'y a pas grand-chose que nous pouvons faire d'autre, désespéra Alma en essuyant la sueur de son front.

- Peut-être que nous devrions le ménager pour qu'il puisse garder ses forces et s'en servir pour se rétablir, et non pas pour suivre le rythme.

- Il faudrait trouver un moyen de se déplacer sans qu'il ait à marcher, parce que nous devons continuer à avancer... Mais dans cette jungle cela me semble difficile, nous avons déjà beaucoup de mal à tenir la route sans tourner en rond... J'ai déjà du mal à tenir sur mes propres jambes.

- Je sais... Mais il faut faire quelque chose, son état s'aggrave.

- Keïth...répondit Alma. Quelque chose ne va pas...

- Je sais c'est ce que je me tue à te dire !

- Non, autre chose... regarde...


De son index, elle pointa le renard. Si deux minutes auparavant il reniflait les arbres, il était maintenant dans les bras de Markus, recroquevillé sur lui-même et tremblait tant qu'elle le remarquait même à quelques mètres. La crainte dont il avait fait preuve le jour où alma l'avait trouvé en devenait presque ridicule en comparaison. Là, ses yeux étaient grand ouverts et sa respiration soulevait sa poitrine. Quelque chose l'effrayait. 

- Ne traînons pas ici ! dit Keïth

Alma et lui retournèrent près de Markus et ramassèrent toutes leurs affaires. La petite bête était de plus anxieuse à chaque minute qui passait aussi devinaient-ils que ce qui l'effrayait tant ne devait pas être loin. Mieux valait se dépêcher.

- On y va déjà ? demanda Markus.

Il était beaucoup trop dans les vapes pour remarquer quoi que ce soit.

- Oui, lui répondit doucement Alma pour ne pas l'inquiéter. Nous pensons juste qu'il n'est pas très sûr de rester ici, il faut bouger...par précaution tu vois.

Elle lui sourit pour le rassurer et Keïth vint aider Markus à se relever puis se plaça devant lui et se baissa.

- Tu ne vas pas marcher, tu as été anobli, dit-il en plaisantant, mais pressé.

La Source PerdueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant