La Source Perdue

Chapitre XVI

          Ils restèrent longtemps allongés sur le sable. Si bien que la nuit tomba. Ils somnolèrent toute la nuit sur la plage car la chaleur était tout aussi étouffante sur Manaterra, peut être même plus que sur Higaterra. Aucun d'eux n'avait la force de se soucier de ce qui pouvait venir les menacer depuis l'île, ni ce qui pouvait encore surgir de l'eau pour les manger. Ils étaient épuisés et ils dormirent toute la nuit.

          Le lendemain, c'est Alma qui se réveilla en premier. Le soleil tapait affreusement fort. Pour la première fois depuis qu'ils avaient atteint Manaterra, elle regarda autour d'elle. Du sable à perte de vue... Cette île était elle devenue un désert ? Puis elle regarda Markus et Keïth. Markus avait les ongles en sang à force de s'agripper aux planches humides et la corde avait brûlé une partie de son avant bras en se détachant. Les mains de Keïth étaient remplies d'échardes. Avant qu'ils ne se réveillent, elle ramassa un morceau de tissu qui gisait parmi les débris et l'humidifia pour la mettre autour de la brûlure de Markus. Elle s'était déjà brûlé une fois, et dans son souvenir, la chaleur amplifiait la douleur. Avec ce soleil, une brûlure devait être insupportable. Puis elle prit place à côté de Keïth et entreprit de lui enlever les échardes avant qu'elles ne s'infectent. Ce garçon aimait décidemment se planter des choses dans la chair et dans les bras. Ces bras qui venaient encore une fois de la sauver.

          Keïth finit par se réveiller, et par réflexe tira sur son bras dans une tentative de le dégager.

- Ce n'est que moi, dit Alma en riant un peu.

- Oh pardon. Merci de les enlever

- Merci de m'avoir sauvée... encore.

- C'est normal.

           Puis ce fut au tour de Markus de se réveiller. Ils décidèrent d'abord de manger quelque chose histoire de reprendre des forces puis de décider de ce qu'ils allaient faire ensuite. Alma sortit du sac les pages qu'elle avait arrachées du livre. Encore une fois elles étaient mouillées... Si cela continuait, elles allaient finir par être illisibles. Mais le soleil tapait si fort qu'elles séchèrent en un rien de temps. 

            Parmi les débris, ils retrouvèrent un tonneau de viande et de poissons séchés et deux gourdes.

- Donc...dit Markus en mâchouillant un morceau de hareng. D'après Jo' nous sommes sur le sud de l'île, et d'après cette carte, la source se trouverait vers le centre, peut être un peu plus au nord.

          Keïth leva la tête pour regarder le soleil.

- Nous devrions aller par là, dit-il en pointant une direction du doigt.

- Mais il n'y a que du sable, objecta Markus, comment allons nous nous repérer... ?

- Il a raison, nous ne savons pas jusqu'où le sable s'étend

- Et si toute l'île était comme ça... ?

-De toutes façons nous sommes coincés ici... Autant continuer, répliqua Keïth. Je suggère que nous longions la côte par l'est en remontant vers le nord, indiqua t-il en montrant le chemin sur la carte avec son doigt. Comme ça, nous pourrons nous repérer, nous sommes sûrs d'avoir de l'eau en cas d'extrême urgence, sinon ne buvez pas d'eau de mer. Et puis nous verrons bien s'il y a autre chose que du sable... Et que ce soleil.

          Ils se mirent en route sans attendre, après une dernière inspection des débris du naufrage. Ils marchèrent pendant des heures. Ou peut-être moins. Le soleil tapait vraiment fort et la chaleur était nettement supérieure à celle de l'été Higarien. Une chaleur sèche qui donnait l'impression d'étouffer. Il tapait sur leur crâne, à travers le tissu dont ils s'étaient recouvert la tête. Combiné à l'effort, cela leur faisait perdre toute notion du temps.