Chapitre VI

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    Cela faisait maintenant une heure qu'Alma et Keïth marchaient. Ils évitaient les routes autant que possible, sans ralentir et sans s'arrêter. Alma commençait à fatiguer, mais Keïth l'attrapa par le bras et la tira pour qu'elle le suive alors qu'il marchait de son pas rapide et déterminé. Dire qu'il avait l'air contrarié aurait été un bel euphémisme.

-Ne peut-on pas s'arrêter un peu ? demanda Alma.

-Il faut qu'on continue.

-Je suis fatiguée, on est encore mouillés et ils doivent être toujours loin! Si ça se trouve ils nous cherchent encore dans la ville au moment où on parle!

   Keïth s'arrêta, jeta le sac d'Alma - qu'il avait finit par lui prendre, car elle se plaignait trop- violemment à terre et se retourna, furieux.

-Au moment où tu parles, ils sont peut-être en train de questionner ou de torturer des innocents pour savoir où on est. Au moment où tu parles, un pauvre homme cherche son cheval.

-Que tu as libéré, le rectifia Alma, vexée.

-Parce que je n'avais pas le choix! Désolé de t'avoir sauvée de la merde dans laquelle TU nous as mis! A cause de toi je ne peux même pas y retourner, je ne peux pas aller voir comment va Vénéa parce qu'à cause de toi, je dois fuir aussi !

-Mon père...

-Oh mais arrête avec ton père! On est dans la merde jusqu'au cou, ton père ne peut rien y changer, arrête de croire que tout t'es dû! Maintenant tu me suis et tu te tais, c'est clair? 

   Il avait presque crié la question. Alma ouvrit la bouche pour protester mais il lui saisit le bras fermement et repris le sac puis recommença à marcher, toujours à vive allure.

-Tu me fais mal, lâche-moi! T'es tout le temps en train de me dire de me taire, mais tu te comportes comme un goujat avec moi !

    Keïth se retourna, le regard noir, d'après ce qu'elle pouvait en distinguer à la lumière de la lune. Le genre de regard qui vous glace le sang, celui avec lequel il n'y a pas besoin de mots. Il n'eut en effet besoin de n'en prononce aucun pour qu'elle comprenne. Alma ne l'avait jamais vu autrement que grognon et renfermé, mais cette expression... C'était la première fois qu'elle le voyait comme ça. L'espace d'un instant, elle s'en voulut. Mais le temps qu'elle ait pu articuler une excuse, il avait déjà reprit sa marche. Elle le suivit docilement sans se plaindre ni parler.

* * *

    Au palais, le roi était furieux. Non seulement deux manants avaient essayé de lui voler un cheval, mais ces incapables gardes n'avaient même pas été fichus de les rattraper. Comment ces idiots pouvaient ils défendre sa ville, son palais, et sa vie, s'ils ne pouvaient pas mettre la main sur deux adolescents? Des Manariens qui plus est. Ou plutôt, un Manarien et une révoquée. Si le jeune homme n'avait pas été identifié, Alma était connue de la cour et des gardes cela ne faisait aucun doute que c'était elle. Son père fit irruption dans la salle, suivit de Bankshi. Ils s'inclinèrent.

-Votre majesté, vous nous avez fait demander...

-En effet... Je suis déçu Willem... Vous avez sûrement eu vent de la tentative de vol de cheval, plus tôt dans la soirée.

-C'est exact votre majesté.

-C'est l'œuvre de votre fille, Willem.

Le père d'Alma ouvrit des yeux ronds. Il n'était visiblement pas au courant.

-Votre majesté, je vous prie d'accepter toutes mes plus humbles et sincères excuses et...

Le roi le coupa dans sa phrase.

La Source PerdueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant