Bonus 4 : Feeling [Ohm/Fluke]

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Un léger gémissement me sort de mon sommeil, il me faut un moment pour comprendre ce qui est en train de se passer. Je suis épuisé, je ne dors pas beaucoup et bien souvent quand j'arrive enfin à trouver le sommeil, il ne faut pas longtemps pour que Fluke s'agite, en proie à de nouveaux cauchemars. Je me frotte les yeux, essayant de faire disparaître le sommeil. Sa main est fermée en poing et s'agrippe à mon t-shirt, il tire dessus et un nouveau gémissement passe la barrière de ses lèvres. Je me tourne sur le côté, l'entourant dans mon étreinte et je le serre le plus fort possible avant de caresser lentement sa nuque qui est humide de transpiration froide.

— Fluke ? Mon coeur.

Je prends mon temps pour le réveiller, si je suis trop brutal, alors il finira par se réveiller en faisant une crise d'angoisse. Je suis impuissant, je peux seulement lui montrer à travers son mauvais rêve que je suis près de lui.

Il pousse une longue plainte alors que je sens ses ongles s'enfoncer dans ma peau et c'est dur de ne pas craquer. J'aimerais tant prendre sa peur et sa souffrance pour juste lui laisser le bonheur et la joie. Seulement c'est impossible, il doit reprendre le dessus de lui-même et je peux juste être présent près de lui. Malgré mes efforts, son réveil est brutal, il panique et se débat un moment avant de se rendre compte que c'est moi qu'il frappe. Son corps se fige avant de se détendre d'un seul coup.

— Ohm...

Sa voix n'est qu'un murmure et je dois me mordre la lèvre pour ne pas pleurer de le voir une nouvelle fois dans cet état.

— Je suis là mon coeur, tout va bien.

Il respire profondément à plusieurs reprises, je peux sentir son coeur qui tambourine contre ma poitrine et je ne pose pas de questions pour le moment, je le laisse se calmer, je continue inlassablement à lui caresser la nuque. Il faut un moment avant que ses respirations haletantes se calment et que le silence règne à nouveau dans la chambre, mais je sais qu'il ne s'est pas rendormi, il ne dormira plus cette nuit, comme depuis un mois, depuis que l'on s'est retrouvé face à Krissada.

— Tu veux me raconter ?

Il tremble violemment, cherchant à se serrer encore plus contre moi et je le laisse faire. C'est son rituel, sa manière de faire face et Wanchana m'a bien expliqué ce que les médecins avaient dit, il a réussi à faire face à l'épreuve et a fait preuve d'une grande force. Cependant, il faut le laisser aller à son rythme, l'écouter, lui montrer qu'il n'est pas seul et petit à petit, il réussira à reprendre le dessus.

— Je n'étais pas arrivé assez vite...

Je l'entends à peine murmurer contre mon torse, mais je me concentre totalement sur lui et je finis par comprendre.

— Il les a tous tués, un par un et quand je suis arrivé, il... il...

Je sens les larmes humidifier mon t-shirt et je voudrais l'arrêter, l'empêcher de paniquer, mais si on veut qu'il arrête les mauvais rêves, il doit tout exprimer.

— Il était en train de poignarder Joss encore et encore...

Il éclate en sanglots et c'est le moment où je dois intervenir. Mes caresses sur son dos se font plus fortes pour pouvoir l'atteindre, pour qu'il sente ma présence dans les brumes de sa peur.

— Mais tu es arrivé assez vite Fluke.

On est seul tous les deux, pourtant, je murmure à son oreille, nous entourant d'une bulle de calme et de tendresse.

— Tu as sauvé tout le monde, il n'est plus là et il ne te fera plus de mal.

Jamais on ne prononce son prénom, on sait qu'il faudra qu'il puisse l'entendre pour que cela ne devienne pas tabou. Le silence retombe dans notre chambre et on reste un moment dans les bras l'un de l'autre. Il se calme petit à petit, se contentant de renifler doucement contre moi.

Far From Hell, Close To Heaven.Where stories live. Discover now