Chapitre 4 : Appreciate.

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Cela fait maintenant trois jours que j'ai emménagé, mon oncle est rapidement reparti ce jour-là, j'aurais aimé le retenir plus longtemps, mais il avait à faire et maintenant, il se trouve en Europe et je ne sais pas quand il reviendra. Il m'a parlé d'un minimum de quinze jours, mais cela sous-entend que ça peut être beaucoup plus.

Vivre avec cette famille est étrange, ils ne sont pas méchants, mais il y a toujours du mouvement et moi qui ai tellement l'habitude de vivre seul la plupart du temps, j'ai du mal à devoir partager mon espace comme ça. C'est effrayant même s'ils font énormément d'efforts pour que je me sente bien ici.

Pour le moment, le plus dur à gérer, c'est les nuits, je dors peu et la première nuit ici, je n'ai pas dormi du tout, incapable de me détendre suffisamment dans ce nouvel environnement, le sommeil refusait de venir. J'ai refusé à ce moment-là de prendre les pilules que mon oncle avait glissé dans mes bagages. Je n'aime pas les prendre, alors j'évite au maximum. Ma chambre se situe au rez de chaussé, alors que ma tante et ses fils dorment à l'étage, ainsi, j'ai passé la nuit à déambuler dans le salon, la cuisine et ma chambre sans gêner personne. J'étais rassuré de savoir que mes nuits sans sommeil ne les dérangeraient pas, alors que je pourrai continuer ma routine, ce qui me rassura particulièrement.

Enfin, ça c'était avant la deuxième nuit, avant que je me rende compte ce que ça signifiait de vivre avec d'autres personnes sous un même toit. Cette fois, j'ai réussi à dormir quelques heures avant d'être tiré du sommeil par l'impression que le monstre était ici juste derrière ma fenêtre en train de m'observer, je me suis alors précipité pour vérifier qu'elle était bien fermer et que l'on ne pouvait pas me voir à travers le lourd rideau. J'ai voulu sortir de la chambre pour rejoindre le salon, seulement alors que j'ouvrais la porte, j'ai entendu Joong dans le salon, il jouait à des jeux vidéo, je suis revenu discrètement dans ma chambre avant de me rallonger sur mon lit. Je suis resté étendu là, immobile en fixant le plafond alors que des vagues de panique montaient en moi de manière régulière.

J'ai compris que Joong n'est pas quelqu'un de méchant, au contraire, il est très gentil, serviable et doux, mais aussi extrêmement extraverti et curieux. Il fait beaucoup d'efforts pour se restreindre, pour se calmer, mais je sais très bien, qu'avec son caractère, il finira par me poser plein de questions et comme il est loin d'être bête, ça sera forcément les bonnes questions qu'il va poser et je ne suis absolument pas prêt à m'ouvrir à lui et à me confier sur mes peurs alors que, pour le moment, il est encore un inconnu pour moi.

Cette nuit, le sommeil m'est venu un peu plus facilement, mais ce n'est pas pour ça que je dors plus longtemps. Après quatre heures d'un sommeil agité, je me réveille trempé de sueur, incapable de reprendre ma respiration, qui est bruyante et hachée. C'est encore ce rêve, celui qui me hante, qui se coupe toujours au même endroit et même si j'ai envie de savoir ce qu'il s'est passé après, en même temps, je suis heureux de ne pas savoir ce qu'il m'a fait subir.

Ce cauchemar finit régulièrement en crise de panique où je suis incapable de reprendre ma respiration, ce qui, au début, me fait invariablement paniquer et ce qui n'arrange pas ma respiration. Mon oncle a eu très peur les premières fois où il m'a retrouvé dans cet état alors qu'il dormait encore à moitié. Avec le temps et beaucoup de patience, il m'a appris à les gérer, à reprendre mon souffle de plus en plus rapidement, la clé est de se détendre et de laisser les mauvaises pensées dériver au loin.

Après un long moment, je réussis à me lever et pour la première fois depuis que je suis ici, je me sens bien, car je peux enfin suivre mon rituel alors que la maison est plongée dans la pénombre et un silence apaisant. Après une très longue douche dans la salle de bain attenante à ma chambre, je me dirige vers la cuisine et je prépare, en faisant le moins de bruit possible, un thé brûlant. Jusque là tout va bien et rien qu'avec ces gestes qui me rappellent mon quotidien depuis des années, je me sens apaisé. Je me rends ensuite dans le salon, j'ai besoin maintenant de trouver un point d'observation, mais je pense que le fauteuil où Joong s'est écroulé le jour de mon arrivée sera parfait pour avoir une bonne vue sur l'extérieur.

Far From Hell, Close To Heaven.Where stories live. Discover now