J'ai l'impression de sortir d'un mauvais rêve, l'angoisse est toujours présente et me serre la gorge. Je n'ai actuellement qu'une envie, celle de prendre Prem dans mes bras, de le sentir contre moi, de laisser sa chaleur se diffuser sur mon corps pour me rassurer. Est-ce que les histoires de Fluke me sont montées à la tête ? Ou bien c'est la tension qui règne à cause de la menace du tueur ? Je me retourne en soupirant pour chercher la présence de celui que j'aime et qui est le seul à réussir à calmer mes angoisses.
Une légère douleur sur ma hanche me fait grimacer et mes sourcils se froncent quand je comprends que j'ai roulé sur un caillou. Je ne suis pas dans mon lit, je ne suis même pas dans ma chambre. La réalité et les souvenirs me rattrapent comme un coup de massue. Mes yeux s'ouvrent en grand et la douleur à mon œil droit me fait gémir. Sans que je comprenne comment, je me retrouve assis droit comme un i, la respiration légèrement plus rapide.
Je n'ai pas fait de cauchemars, ce n'est pas à cause des récits de Fluke. On est en train de vivre ce que lui a vécu sept ans plus tôt. On ne se pensait pas en danger en étant à deux, après tout, ce n'était pas une chose aisée de s'attaquer à deux personnes. Alors en rangeant les courses dans la voiture, on n'était pas vraiment attentifs, on riait d'une bêtise dite par Joong, quand Prem s'était brusquement arrêté, il s'était raidit et ses yeux s'étaient ternis comme si tout espoir avait disparu. Il m'avait fallu quelques secondes pour réagir, quelques secondes de trop, car la lame tranchante était déjà posée sur sa gorge délicate.
— Si tu veux qu'il vive un peu plus longtemps, ne fais pas le malin et va dans la camionnette.
Je n'avais pas su le défendre, je n'avais pas su le protéger, tout ce que j'avais pu faire, c'est obéir aux ordres du monstre de Fluke. Je m'étais alors avancé d'un pas mesuré vers le véhicule, la porte était entrouverte et tout ce que j'avais réussi à voir, c'était qu'il y avait déjà du monde à l'intérieur avant que ce ne soit le trou noir après qu'une douleur fulgurante ait éclaté sur le côté droit de mon visage. La dernière chose que j'ai entendu avant de m'évanouir, c'est la voix de Prem appelant désespérément mon prenom.
Prem ! Mon ventre se contracte soudain car, dans la pénombre ambiante, je ne le vois pas. Je ne peux pas empêcher mon cerveau d'imaginer mille et un scénarios sur ce qui a pu lui arriver après que j'ai été assommé.
— Prem ?
Je me mets à genoux, ignorant le cliquetis métallique qui résonne dans toute la pièce et me donne la chair de poule. Je suis désespéré, je suis paniqué alors que la terreur de le perdre gonfle dans ma poitrine.
— Réponds-moi, tu es là ?
J'ai toujours du mal à montrer mes émotions. Habituellement, je suis celui sur lequel les autres se reposent, mais à cet instant, c'est moi qui ai besoin de soutien, mais je suis complètement seul.
Je deviens frénétique dans ma recherche, me cognant à plusieurs reprises, mes yeux sont baignés de larmes qui ne coulent pas encore pour le moment. Soudain je me fige alors que ma main vient de se poser sur quelque chose de mou et tiède. Je sais qu'il est trop tôt, mais mon coeur fait une embardée dans ma poitrine à cause du soulagement.
— Prem !
Je réussis à distinguer une silhouette dans la pénombre, mes yeux se sont habitués à l'obscurité et je reconnais mon petit ami. Je m'accroche à son bras, commençant à le secouer doucement quand je n'obtiens pas de réponse.
Il ne bouge pas, il reste immobile, allongé sur le ventre, son beau visage est tourné vers moi, il a les yeux clos, l'angoisse me donne la nausée alors que l'insupportable idée qu'il n'est peut-être pas en vie ne veut pas quitter ma tête.
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