J'ai du mal à comprendre ce qui vient de se passer, la lettre, la photo et... ensuite c'est le trou noir, je n'arrive pas à me souvenir ce qui s'est passé. La seule chose dont je suis sûr, c'est qu'à cause de moi, Ohm est blessé et je sais qu'il a mal, même s'il a essayé de rester impassible tout le temps où sa mère le soignait.
Je me sens mal, vraiment mal, je culpabilise et j'ai un goût amer au fond de la bouche, la sensation d'avoir laisser gagner le monstre. Le regard tendre de Ohm exacerbe cette sensation alors qu'il me regarde sans aucune colère, juste de la douceur et même de l'inquiétude pour moi.
Est-ce que je voudrais qu'il m'en veuille, qu'il m'accuse de tous les maux ? Non, bien sûr, en fait, je suis simplement perdu et quand nos lèvres se retrouvent presque naturellement, c'est un baiser qui réconforte, qui éloigne les idées noires et la culpabilité. Je n'aurais jamais pensé être si calme après ça, ma plus grande peur vient de se réaliser, le monstre est de retour dans ma vie et au lieu d'aller faire mes valises en catastrophe pour fuir la ville le plus rapidement possible, je ne veux pas quitter ses bras.
Je tremble encore un peu, je tressaille quand des bruits se font entendre dans la cuisine, même si je sais qu'il s'agit de nos proches. Je sais que je suis en état de choc, que peut-être la peur reprendra le dessus plus tard, mais pour le moment, je savoure juste d'être en sécurité dans ses bras.
Je pousse un petit soupir quand nos lèvres finissent par se séparer et je pose ma tête contre son torse, entendre son cœur battre contre mon oreille m'apaise. Il est à peine midi et pourtant, j'ai l'impression que ça fait des jours maintenant que Ohm est venu me retrouver dans ma chambre pour voir si j'étais réveillé, j'étouffe un bâillement alors que sa main passe dans mes cheveux, je suis épuisé et je rêve de m'enfuir dans le sommeil pour échapper pendant un temps à la réalité.
C'est sûrement ce que j'aurais fait si un raclement de gorge, aussi léger soit-il, ne m'avait pas fait sursauter fortement. Ohm resserre son étreinte autour de moi, comme s'il avait peur que je ne cherche encore à fuir, mais il n'a pas à s'inquiéter, je ne veux pas m'éloigner de mon ancre. J'ouvre les yeux et découvre quatre personnes qui nous observent dans l'entrée du salon. L'inquiétude est visible sur leurs visages blêmes, Prem à les yeux rouges comme s'il avait pleuré et la culpabilité se fait de nouveau ressentir, je n'ai pas fait de mal qu'à Ohm, mais aussi aux autres membres de la pièce et l'idée remplit mes yeux d'eau. Prem s'en rend compte et sans un mot, il quitte les bras de Boun et vient me rejoindre en trois enjambées, il se laisse tomber à côté de moi et m'étreint fermement en posant sa tête entre mes omoplates. Si je me raidis, surpris par son geste, je me détends tout aussi rapidement, quand je sens la chaleur m'entourer.
Ce n'est d'ailleurs pas fini, puisque rapidement, Boun vient nous rejoindre, prenant naturellement place auprès de son petit-ami, il le prend dans ses bras, se collant à lui et dans manœuvre il m'enlace à son tour. Nine et Joong hésitent un petit instant avant de venir se placer près de Ohm et je vis alors une chose que je n'aurais jamais imaginé vivre un jour, mais je me retrouve au centre d'un câlin géant.
Non, c'est certain maintenant, même si je suis terrifié, même si faire face à mon passé est la chose la plus difficile à faire, je ne pourrais pas fuir. Ma vie est ici, entouré de ces personnes qui m'entourent de leur amour et de leur soutien sans rien demander en échange. Cette constatation me submerge d'une émotion incroyablement douce, parce que là maintenant, j'ai l'impression plus que jamais d'être en famille. Les larmes qui menaçaient depuis tout à l'heure débordent et coulent le long de mes joues, mais ce ne sont pas des larmes de tristesse.
Lentement, la main tremblante, je me sers du torse de Ohm comme d'une ardoise et je trace un mot avec mon index. Je prends mon temps, je le trace une fois, deux fois et puis finalement, il a un petit rire alors que sa main se pose sur la mienne et son pouce en caresse tendrement le dos.