Chapitre 11 : Evolution

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Pendant deux semaines, mon patron me fait vivre un enfer professionnel, à défaut d'avoir la moindre attention, geste aimable ou même regard chaud à mon égard. Il me fait reprendre dix fois chaque courrier pour de toute façon revenir à la version initiale, il me fait courir dans tout le bâtiment à la recherche d'informations déjà en sa possession, il s'arrange pour me donner du travail de façon à m'obliger à travailler tard... Et j'en passe. Quant à Colas, Savio et Loan, ils se gardent bien de venir chercher des informations, ou alors ils envoient leurs subalternes.

Quand, au début de la troisième semaine, Monsieur Rewo continue son manège, je craque.

_ Je ne sors pas avec Loan ! Et je ne compte pas le faire ! Il ne m'a pas touché, pas embrassé, rien ! Et je lui ai même demandé de ne plus m'approcher ! Pitié, stop !

Il me regarde, impassible. Je soupire. Ok, c'est bon, il a gagné.

_ Je ne sais pas ce qui s'est passé ce soir-là. Mais je sais que je ne veux pas que ça se reproduise. Et j'englobe aussi bien le problème avec Loan, que la façon dont je vous ai parlé, et même ce que j'ai dit. Je vous présente mes excuses si je vous ai laissé croire que je pouvais m'intéresser à lui.

_ Pourquoi tu as fait ça ?

_ Parce que vous alliez passer un savon à Colas et Savio, et je ne voulais pas qu'ils aient des ennuis à cause de moi.

_ Et Loan ?

_ C'est un problème entre lui et moi, et je l'ai réglé.

_ Ils se sont quand même battus.

_ Loan était ivre et injurieux. Vous l'avez entendu parler à Colas ? Et puis, ils ne se sont pas battus... Savio l'a fait tomber de sa chaise pour ne pas qu'il... Enfin bref, il l'a fait tomber, puis il l'a frappé quand il a insulté Colas. Et ce n'est pas allé plus loin. Pourtant, vous pouvez me croire, Loan cherchait à ce que ça dégénère.

_ Il m'a dit ce qu'il t'avait fait.

Je ne réponds pas. Ce n'est pas une question, et, de toute façon, je ne comprends toujours pas ce qui s'est passé, pourquoi je suis tombé sous son emprise. Je ne vois pas ce que je pourrais dire.

_ Je n'emploie pas ce genre de technique. » poursuit-il.

_ Je sais.

Mes yeux croisent les siens qui me couvent, et j'ai un petit sourire flatté alors que je rougis. Et puis, ça me fait du bien qu'il ne soit plus indifférent envers moi.

_ Pour... Pour le courrier... » reviens-je sur un terrain plus professionnel.

_ Il est bon comme ça.

_ Merci.

Je retourne à mon poste, soulagé que nous ayons crevé l'abcès.

******

_ Tristan ? » m'interpelle-t-il un soir, alors que je vais bientôt débaucher. « Accepterais-tu de dîner avec moi, ce soir ? Nous pourrions sortir.

Je souris, appréciant d'autant plus sa proposition qu'elle n'inclut aucun de nos deux appartements, et ne sous-entend donc pas que je passe la nuit avec lui.

_ Ce serait avec plaisir, Monsieur Rewo.

_ Je te laisse choisir le restaurant ? C'est moi qui invite.

_ Je pense que vous en connaissez plus que moi. Ça sera plus simple si vous choisissiez vous-même.

_ D'accord... Une envie particulière pour le repas ? Viande, poisson...

_ Surprenez-moi. » le taquine-je, conscient de ne pas du tout répondre à sa question.

Je finis de ranger mon poste, et l'entends grommeler alors qu'il fouille son téléphone. Je le soupçonne de chercher à relever mon défi, alors que je me mords les lèvres pour empêcher mon sourire amusé de s'afficher.

L'amant du parrain [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant