Chapitre 18 : Départ précipité

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_ Dany ! Dany, réveille-toi ! » essaye-je de le sortir de son sommeil sans parler trop fort.

Une chance pour moi, depuis qu'il a discuté avec William, mon frère n'est plus sous une garde constante et sa porte n'est plus verrouillée. Il ne doit pas sembler assez menaçant malgré ce que m'en a dit Colas. J'efface cette image de mon esprit, par peur de ne pas vouloir sauver un tueur d'enfant, et de laisser mourir mon aîné.

Je le secoue, espérant que sa dose prise au couché date assez pour qu'il ne soit plus sous l'emprise de la drogue. Mais il se retourne en maugréant.

_ Fous-moi la paix, Tantan ! Tu vois bien que je dors !

Je ne peux empêcher ni un sourire de naître sur mes lèvres, ni mon cœur de se serrer devant le surnom qu'il me donnait quand nous étions petits. Et c'est ça qui me pousse à le secouer de plus belle. Je refuse de perdre mon grand frère.

_ Réveille-toi, Dany ! Je t'en prie !

_ Putain ! Mais qu'est-ce que tu veux ? Pourquoi tu viens me faire chier, sale pute ? Va te faire baiser ! Ça réglera mes dettes ! Tu serviras à quelque chose pour une fois !

Bon... Je prends sur moi. Au moins il ne dort plus.

_ Tu pars, Dany ! Tu pars et tu ne reviens jamais. Je ferais en sorte que Monsieur Rewo et les autres se désintéressent de toi. Mais tu dois partir !

_ J'ai un deal en cours, espèce de petite salope coincée ! Si je négocie bien, je devrais obtenir de garder tout le fric et de verser qu'une petite part à Rewo !

_ Dany ! Redescend sur terre ! Il ne veut pas de drogue sur son territoire. La disparition des Hibi a créé un vide, mais Monsieur Rewo ne laissera personne le combler. Et toi moins qu'un autre ! Si tu t'obstines, tu ne quitteras pas ce bâtiment en vie ! Je t'ai préparé un sac avec des affaires. Je t'ai mis des vêtements et de la nourriture. Prends un train, un bus, un avion... je m'en moque ! Mais pars loin !

_ Je vais pas partir alors que je suis à deux doigts de conclure !

_ Bon sang, Dany ! J'essaie de sauver ta vie !

_ Et tu crois que je vais faire quoi, avec trois fringues et un peu de bouffe ? Ce deal, c'est mon billet de sortie de la rue ! Ça doit me rapporter un max de blé !

_ Et que veux-tu que j'y fasse ? Ton deal ne se fera pas ! Tu vas juste réussir à te faire descendre !

_ J'ai besoin de fric ! Tu comprends ça, salope d'Oméga ?

Ma main atterrit sur son visage dans un claquement violent. J'en ai assez de ses insultes. Sa tête s'en retrouve sur le côté, et il me lance un regard abasourdi alors que je me redresse, les larmes me montant aux yeux alors que je me décide à trahir encore plus celui qui est si bon avec moi, pour sauver un frère qui me méprise.

_ Lève-toi ! Je vais te trouver ce que tu demandes. Mais je ne veux plus jamais te revoir, Daniel !

_ Ça dépendra de ce que tu rapporteras !


Le cœur au bord des lèvres, je me dirige vers le bureau de William dans les couloirs obscurs et vides à cette heure de la nuit. En passant devant sa porte, je me sens plus mal que jamais. Je sais que ce que je fais va me faire perdre son affection, son respect. De toute façon, à cet instant, du respect, je n'en ai plus pour moi-même. Pourtant, alors qu'une voix en moi me dit de renoncer, de ne pas faire ça, ma main ne tremble pas pour ouvrir le bureau en silence. Ni plus quand je fais coulisser le panneau qui cache son coffre fort. Il y a toujours autant de liasses que le premier jour. Essayant de ne pas penser à ce que mon geste va me coûter, j'attrape une grande enveloppe et y vide la majeure partie du coffre. Je ne compte pas. Je ne veux pas savoir combien je suis à nouveau en train de voler pour Daniel. Au final, c'est plus dur de dérober de l'argent au parrain qu'à des inconnus. Pas parce que le risque est bien plus grand, mais parce que je sais déjà que je vais lire la déception dans ses yeux, et ça me fait mal.

L'amant du parrain [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant