L'amant du parrain [Terminée]

Chapitre 17 : Daniel

Du bas des marches, mon frère tourne les yeux vers moi, puis la surprise, la colère et le mépris se peignent sur son visage.

_ Putain, mais qu'est-ce que tu fous là ? T'es pas dans un bordel ?

Mon estomac se contracte tant, que je crois que je vais vomir. Donc, non content de m'avoir livré à la mafia en payement de ses dettes pour que je satisfasse aux désirs du parrain, il pensait que je serai mis sur le trottoir.

_ Espèce de...

_ Colas ! » l'interrompt William.

Le Béta se retourne vers notre patron, et l'interroge du regard. Mais je ne vois pas le visage de l'Alpha. Je suis trop absorbé par la haine qui luit dans les yeux de mon aîné et qui me glace jusqu'aux tréfonds de mon être. Cet homme me regarde avec un tel dégoût, une telle animosité... Et pourtant, moi, malgré tout ce qui m'est arrivé à cause de lui, à cause de ses manigances, malgré ses mots si durs durant mon adolescence, et malgré ceux qu'il vient de prononcer, je suis heureux de le voir. Il reste mon grand frère, celui pour qui j'ai une réelle affection, celui avec qui j'ai passé mon enfance à jouer et dont je n'avais jamais compris le soudain désintérêt...

Sur ma hanche, la main de William se serre, et il m'attire sur ses genoux. Je me laisse faire, de toute façon trop abasourdi et chamboulé par cette apparition pour refuser le soutien que son contact m'apporte. Le regard de mon frère sur moi se fait plus méprisant, mais il devient craintif quand il croise celui du parrain. Libéré de son emprise, j'arrive à détourner les yeux pour les porter sur mes compagnons. A quelques pas, prêt à lui sauter à la gorge, Colas grince des dents en le regardant comme s'il allait le tuer. Derrière lui, le retenant d'une main, l'autre dans la poche de sa veste, prêt à en tirer son arme, Savio le regarde avec un froid calculateur, comme s'il cherchait le meilleur point à atteindre selon ses mouvements. Puis, ses doigts se crispant un peu plus sur ma hanche, mes yeux se posent sur l'Alpha. Il a revêtu son masque d'impassibilité qui me fait si peur.

_ Qu'est-ce que tu fais ici, Daniel Jung ?

Bon... Vu qu'ici tout le monde me connaît comme ''Monsieur Jung'', assistant du parrain, maintenant ils sauront aussi que Daniel est mon frère. Et avec les premiers mots qu'il a prononcés, ça donne tout de suite une magnifique image de notre relation fraternelle.

Mais ce qui me vrille, c'est la mièvrerie de la réponse de mon aîné.

_ Je venais voir comment vous alliez, Monsieur Rewo. » fait l'autre, avec une fausseté plus qu'ostensible. « J'ai entendu dire que la ville vous devait la disparition des Hibi, et je venais vous en remercier. Et, à ce que je vois, vous vous satisfaites des services de mon frère.

Son ton graveleux me fait détourner le visage de honte. Même si tous ceux ici présents savent que William et moi entretenons une relation, aucun ne se serait permis de faire des sous-entendus aussi grossiers. Mais, si je suis gêné, je vois les hommes autour de mon frère lui couper toute retraite et refermer sur lui leur étau. Daniel est un idiot. Il ne se rend pas compte que son insinuation sur moi met à mal l'image de gentleman que cette mafia veut se donner.

_ Arrête tes simagrées. Dis-moi plutôt ce que tu veux. » grince le parrain.

_ Depuis la disparition des Hibi, certains produits se font rares. Je vais donc lancer un nouveau réseau de distribution, et je me demandais si vous vouliez être de la partie ?

Je retire, mon frère n'est pas idiot, il est totalement inconscient ! ''Être de la partie'' ? Ne se rend-il pas compte que la ville appartient à l'homme en costume bordeaux face à lui, et que ses paroles le place comme la nouvelle tête d'une mafia ennemie et donc la personne à abattre ?