L'amant du parrain [Terminée]

Chapitre 14 : Premiers baisers

Les mots de Colas tournent en boucle dans ma tête. Mais, je dois l'admettre, je suis loin d'être un aussi bon tacticien que lui, et je n'arrive pas à créer la moindre occasion d'être à nouveau aussi proche de mon patron, malgré la reprise de nos sorties hebdomadaires.

D'ailleurs, quand j'en parle au Béta, il me demande si je suis certain que cet Alpha me plait. Il va même jusqu'à me proposer d'en parler à William, ou de me préparer un plan d'action. Mais je décline l'un comme l'autre. Si j'apprécie ses conseils, son soutien et sa volonté de m'aider, je refuse qu'il s'immisce dans ma relation avec notre patron.

Depuis deux jours, il y a un courrier que William prend souvent en main, déplie, il me jette un regard en grimaçant en pensant que je ne le vois pas, puis le remet dans son enveloppe. Et, si je fais mine de rien au départ, son comportement m'intrigue puis m'agace. D'autant que je n'arrive pas à savoir de quoi il s'agit. J'ai beau être son secrétaire, avoir été à ses côtés pendant la planification de l'attaque de l'autre mafia, il y a encore des courriers qui lui parviennent directement, dont celui-ci.

Alors, quand il le range pendant que je lui ramène un café, exaspéré, je me jette à l'eau.

_ Y a-t-il quelque chose que vous voulez me dire, William ?

Il lève les yeux sur moi, et je lui désigne l'enveloppe du menton. Mais s'il comprend tout à fait de quoi je parle, il ne me répond pas pour autant.

_ Je ne construis rien sur des secrets et des mensonges. Vous pouvez annuler notre prochaine soirée.

Je me détourne dans la seconde, bien moins assuré que ce que j'ai laissé croire à l'instant. Mais Colas a raison sur un point : je commence à le connaître, et je sais que son intérêt pour moi est son point faible, celui sur lequel je peux appuyer pour obtenir des informations.

_ De toute façon, je vais être obligé de le faire.

Je m'attendais à différentes réponses. Mais à coup sûr, pas à celle-ci. Je fais volte-face, agacé que mon stratagème n'ait pas fonctionné, mais aussi un peu vexé qu'il veuille annuler.

_ Mais encore ? » demande-je des explications.

Il a un sourire amusé à ma réaction, mais il se fane dès qu'il repose les yeux sur le papier.

_ Je suis invité à une réception. Et elle a lieu le soir de notre sortie.

_ Oh...

Je baisse la tête. En fait, je suis déçu que notre soirée ne puisse pas avoir lieu. J'avoue que j'aime ces petits moments que nous partageons, juste lui et moi, en-dehors du travail. Quand je lui ai dit d'annuler, c'était pour l'obliger à me parler, à aucun moment je n'ai pensé que notre soirée puisse être remise en question.

Il se lève, contourne son bureau puis s'appuie dessus.

_ Et si tu m'accompagnais ?

_ Pardon ? » relève-je la tête, abasourdi.

_ Viens avec moi. J'aurais beaucoup de plaisir à t'avoir à mon bras. Et puis, ça me fera au moins une personne franche avec qui discuter.

_ Je... Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée. » me mets-je à triturer mes doigts. « Je vais certainement faire tâche dans une réception. Et puis... Je n'ai pas de smoking.

_ Ça, c'est un problème qui peut vite trouver une solution.

Je n'ai pas le temps de comprendre ce qu'il veut dire, qu'il appelle Colas pour lui demander de m'emmener chez le tailleur avant la fin de la journée. Puis, il se retourne vers moi, fier de lui.