Chapitre 2 : Un poste dans la mafia

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La journée passe vite avec les différents tests qu'ils me font passer. Je réussis tout ce qui touche à l'écriture ; d'un autre côté, vu le niveau demandé, ça ne me demande pas d'effort, mais selon Loan, Savio et Colas, parmi leurs hommes, beaucoup sont illettrés. Pour tout ce qui touche aux maths, même si je suis bien moins confiant vu ma dyscalculie, ça se passe plutôt bien aussi.

Mais l'épreuve qui me pose un réel problème, c'est de me repérer dans les locaux. Certes, ils m'ont tout fait visiter, mais tous les couloirs se ressemblant, avec leur succession de portes sans signe distinctif, je me perds vite, pour leur plus grande hilarité.

_ Lève les yeux.

_ Pardon ? » demande-je à Colas de répéter.

Je ne comprends pas ce qu'il me veut. Je ne regarde pas mes pieds pourtant.

_ Si tu lui donnes la réponse, ça ne compte pas, Colas !

_ Lâche-moi, Loan ! » répond l'intéressé. « J'ai galéré aussi à mon arrivée. Je s'rai pas aussi mesquin avec lui qu' tu l'as été avec moi. Regarde le plafond, Tristan.

Je regarde sans comprendre l'homme d'une trentaine d'année aux yeux bruns malicieux qui me sourit. Puis, il soupire et désigne le plafond, guidant mon regard. Et là, je comprends enfin. Je suis effectivement dans un labyrinthe, mais, au-dessus des faibles lumières pendantes dans leurs à-bas-jours, toutes les informations nécessaires sont inscrites au plafond : le lieu où je suis au milieu, et des indications sur les cotés. Je me retourne pour observer le reste du couloir, et c'est ainsi partout.

_ Ingénieux. » souffle-je.

_ Les premières semaines, tu passeras l' nez en l'air, puis, avec le temps, tu sauras t' diriger.

Colas m'adresse un clin d'œil, et je le remercie d'un sourire.


_ Allez, maintenant, on passe aux choses sérieuses. » ricane Loan. « Savio, tu ouvres la marche ?

Le regard qu'échangent les deux hommes me fait froid dans le dos. Les choses sérieuses ? C'est-à-dire ? La question me brûle les lèvres, mais au coup d'œil que me lance Savio je préfère me taire, d'autant que, de ce que j'ai pu en voir, il est le seul à porter une arme à feu. Or, ces trucs-là, s'ils me fascinent, me font aussi très peur de par les blessures qu'ils peuvent causer.

Comme réclamé par son acolyte, l'homme aux yeux vert foncé commence à avancer, et nous le suivons dans les longs couloirs. A de nombreuses reprises, je lis le plafond pour tenter de deviner où nous nous rendons, mais sans réel succès. Nous descendons jusqu'au sous sol, et pénétrons dans une pièce appelée champ de tir, de ce que j'en lis au plafond.

Après avoir mis des protections auditives, nous nous plaçons à côté de Savio qui charge une arme. Je ne me sens pas très à mon aise, mais ce n'est pas comme si j'avais le choix.

_ Regarde bien comment je fais. » me fait-il simplement.

Je crois qu'à part quand il m'a dit son nom, c'est la première fois que j'entends sa voix, elle est rocailleuse et plate, sans la moindre trace d'émotion. C'est vraiment flippant. Je hoche la tête, mais il s'est déjà retourné vers sa cible, la vise, et tire. Je ne pensais pas qu'avec les protections le bruit serait aussi fort, résonnerait tellement sur les murs et me ferait autant trembler de peur. Je suis tétanisé. Savio vide son chargeur, recharge et se tourne vers moi.

_ A ton tour.

Je ne bouge pas, mes oreilles sifflent encore. Mais il ne semble pas s'en inquiéter. Il m'attrape le bras, m'attire à lui et, après m'avoir mis l'arme en main, me place comme il l'entend, avec des gestes brusques. Je ne sais pas pourquoi, et je doute que ce soit entièrement dû à l'arme entre mes mains, mais je ne me suis jamais senti aussi mal à l'aise.

L'amant du parrain [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant