L'amant du parrain [Terminée]

Chapitre 25 : Vie et Mort

Nous passons le reste de mes chaleurs enfermés dans notre maison sur pilotis, sortant à peine, le temps de récupérer de quoi manger. Je suis certain d'une chose, si mon médecin devait m'ausculter aujourd'hui, il verrait les traces du passage de William en moi, en n'en pas douter. Même s'il a eu du mal au début, mon Alpha a fini par accepter qu'il ne me faisait pas de mal quand il est en rut, que j'avais du plaisir, que le voir ainsi m'excitait. Ensuite, je sais qu'il réfléchit beaucoup à son passé, à ce que mon acceptation de ses ruts signifie pour cet Oméga qu'il pensait avoir violé et blessé, à tout ce que ça a changé pour lui, pour ses hommes. Notre discussion à propos de ce garçon, si elle lui a permis de comprendre qu'il ne ferai rien contre lui, ne l'a pas pour autant libéré de sa culpabilité. Tout ce que j'espère, c'est que de voir le point auquel, moi, j'ai du plaisir à ce qu'il soit en rut, finira par le faire changer d'avis sur son passé.

Le dernier jour sur place, nous profitons d'être encore tous les quatre, loin du QG et des obligations de chacun, et dès que l'un ou l'autre des Alphas évoque le travail, Colas et moi le foudroyons du regard. Je crois que, si ça ne tenait qu'à lui et moi, nous resterions ici encore un bon moment. Qui nous jetterait la pierre ? Sable blanc fin, mer turquoise, grand soleil, palmiers pour s'en abriter, personne pour nous embêter... Oui, nous avons passé de vraies vacances !

Pourtant, il me tarde de rentrer. Nous avons reçu la nouvelle il y a deux jours : tous les travaux sont finis ! Nous allons pouvoir emménager dès notre retour, nos affaires nous y attendant déjà. Certes en cartons, car j'ai refusé que les miens soient ouverts, mais nous allons pouvoir nous installer dès la sortie de l'avion.

Manque de chance pour moi, je suis à nouveau trop fatigué pour profiter du voyage, et suis réveillé par un baiser de William à l'atterrissage. Je suis d'autant plus dépité, que le retour à la réalité est un peu violent : dans la voiture qui nous récupère à la sortie de l'aéroport, l'un des hommes nous annonce qu'ils ont retrouvé la trace de Daniel. Il n'aurait pas quitté le pays, et aurait été arrêté pour trafic de stupéfiants.

J'admets craindre que cette nouvelle ne jette une ombre sur ma relation avec le parrain. Mais celui-ci prend ma main dans la sienne, et demande à ses hommes de garder un œil sur lui, sans rien faire de plus pour l'instant. Mais sa réaction me laisse un goût mitigé : si je suis heureux que ça ne change rien entre nous, une petite voix me dit que ce laxisme qu'il a pour mon... pour Daniel n'est pas une bonne chose pour lui et son organisation, et ça, même s'il le fait pour m'être agréable.

Quand nous passons les grilles de la propriété qu'a achetée William pour nous, je me rends compte que mes souvenirs ne rendaient pas justice au grand parc qui entoure et intimise la maison. Je me mords la lèvre, et gigote dans tous les sens sous l'œil attendri de mon Alpha, puis quitte en premier la voiture pour apprécier le résultat des travaux. Et c'est juste parfait. Donnant sur la cour centrale, trois grandes portes d'entrée marquent l'accès à chaque bâtiment, et chacun peut partir de son côté pour prendre possession de son nouveau logement. Je cours presque tant j'ai hâte de voir comment rendent nos meubles dans ce nouveau lieu, bien plus lumineux. Les cartons ont été dispersés et il n'y a pas d'erreur entre les différentes chambres, ce qui me ravit.

Mais celle qui attire mon attention, est une des pièces qui devrait être vide : la future chambre d'enfant. Dans la pièce, déjà montés, les meubles et la décoration semblent sortis d'un catalogue. Tout est déjà en place, et je pénètre dans la pièce avec une forme de respect, les larmes me montant aux yeux. Tout est si beau, les formes et les couleurs si douces. Je les touche du bout des doigts, comme si tout pouvait s'évaporer, la petite bulle de douceur exploser au moindre contact.