Chacun d'eux se déshabille lentement, laissant leurs vêtements tomber au sol, prêts à se métamorphoser. Le moment où leur humanité s'efface pour révéler leur vraie nature est solennel, presque sacré. Maxwell est le premier à changer, son pelage grisonnant apparaissant, parsemé de petites taches blanches comme des éclats d'étoiles dans la nuit. Liam, lui, est brun, son poil d'un éclat presque surnaturel, doux et soyeux comme celui de son alpha.En dépit de sa condition de bêta, Liam semble plus imposant que je ne l'aurais cru. Il est grand, musclé, et bien qu'il soit le bras droit, son aura est intimidante. Mais à côté de Maxwell, l'alpha, il apparaît tout de même plus frêle, comme une ombre face à la lumière.
Maxwell s'allonge près de moi, m'offrant la possibilité de le chevaucher. Je passe une jambe par-dessus son large dos et mes doigts s'enfoncent dans sa fourrure, douce comme je l'avais imaginée. Une sensation apaisante, mais aussi empreinte de puissance. Mon autre main, cependant, se pose sur mon ventre. La douleur est là, sourde et constante. La blessure que j'ai subie est loin d'être superficielle, et cela fait un an que je n'ai pas encore guéri entièrement. Ça risque de prendre encore plus de temps.
Une fois que je suis bien installée, il se lève sur ses quatre pattes et s'élance avec une vitesse et une agilité que seuls les loups-garous possèdent. Le vent fouette mon visage, mes cheveux virevoltent autour de moi. Ce sentiment de liberté, cette vitesse, me rappellent quand, enfant, je chevauchais mon père lors de nos jeux. Le frisson de l'air contre ma peau et l'excitation du jeu. Nous jouions au prédateur et à la proie, avec ma mère comme proie. Nous étions de féroces chasseurs, qu'importe notre sexe, et nous étions égaux en tout. Je suis une delta, une combattante, formée pour me battre aussi bien sous ma forme humaine que sous ma forme de louve.
La meute dans laquelle je suis née est célèbre pour sa fourrure blanche, immaculée comme la neige. Nous n'avons jamais mélangé nos lignées, sauf lorsque c'était absolument nécessaire. Les unions, lorsqu'il s'agissait d'âmes sœurs, se faisaient toujours de façon à préserver notre identité. La femelle rejoignait la meute du mâle, sauf pour les unions au sein de notre propre meute. Nous étions trop rares, trop convoités pour risquer de nous mêler à d'autres. Nos dons, notre puissance, étaient jalousés, notamment par des loups comme Peter. Mais nous n'obéissons qu'à notre alpha, jamais à un autre, tant que nous ne le reconnaissons pas comme tel. Ce n'est pas le cas pour des loups comme Liam, contraints de plier face à un alpha étranger lorsqu'ils rejoignent une nouvelle meute.
Je garde une main ancrée dans la fourrure de Maxwell, et l'autre repose toujours sur mon ventre douloureux. Rien ne change vraiment, mais le simple contact de la blessure m'aide à me concentrer. Maman m'a appris à ressentir les émotions des autres. Avec mon père comme cobaye, j'ai affiné ce don. Je ferme les yeux, me laissant porter par le vent, et essaie de sentir ce que Maxwell ressent. Il est troublé, je le sens. Ses pensées tourbillonnent, probablement à mon sujet. Je serais moi aussi remplie de questions si j'étais à sa place. Mais tôt ou tard, il les posera. Et je devrai y répondre... ou non, si je sens que cela pourrait tout faire capoter.
Nous ralentissons, et les arbres laissent place à une clairière, la frontière de la forêt. Je vois déjà des silhouettes s'approcher, hommes et femmes, leurs visages marqués par la curiosité. Leurs murmures me parviennent malgré la distance :
— Pourquoi est-elle sur notre alpha ?
— Pourquoi n'a-t-elle pas guéri ?
— C'est hideux.
— Comment a-t-elle pu avoir ça ?
— Peut-être a-t-elle perdu sa louve.
— Elle a dû souffrir.
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Et si... Nous étions âme-sœur
WerewolfEspoir, une louve blanche, a tout perdu en une nuit. Arrachée brutalement à sa famille et à sa meute, elle a été forcée d'assister à l'effroyable massacre des siens, impuissante, chaque mort gravant en elle une haine dévorante envers ceux qui ont or...