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Mes paupières s'ouvrent brusquement, agressées par une lumière vive. Mais non, il fait sombre. Juste quelques rayons faibles se faufilent derrière les rideaux. Où suis-je ?

   Les souvenirs de la veille reviennent en morceaux éparpillés. J'ai bu, j'ai dansé. Encore bu. Danse à nouveau. Puis... plus rien. Comment ai-je atterri ici, dans cette chambre qui m'a été assignée ?

— Maxwell t'a ramenée.

   Je tressaille en entendant sa voix dans ma tête.

— Toi... Tu- tu te souviens de tout ?

— Évidemment. C'est toi qui as bu, pas moi.

— J'ai un trou noir. Un énorme.

— Dans les grosses lignes, tu as dansé comme une folle et bu plus que de raison. Toi et Aimée vouliez rentrer vous coucher. En montant, au deuxième étage, Aimée a vomi. Maxwell vous a aidées. Pendant qu'il la mettait au lit, tu nettoyais le vomi de sa sœur. Puis tu t'es endormie par terre, et il t'a ramenée ici.

   Je soulève doucement la couverture pour constater que je ne porte qu'un simple t-shirt. Un coup d'œil rapide sous celui-ci confirme que je suis en sous-vêtements. Mon cœur rate un battement. Il m'a changé. Il m'a vue... presque nue. Pourquoi suis-je soudainement gênée ? Ce n'est pas comme si nous n'étions pas habitués à la nudité, surtout après une transformation.

— Parce qu'il te plaît. Glisse ma louve.

— Non, c'est juste que j'étais inconsciente. Je murmure pour la faire taire. Et puis, c'est quoi les "petites lignes" ? Tu as parlé des grandes lignes, mais il y en a des petites aussi, non ?

— Tu as insisté pour qu'il reste avec toi cette nuit.

   Évidemment. Je lève les yeux au ciel. Ça m'aurait étonnée. Je suis sûre que c'est faux.

— Sérieusement, c'est quoi les petites lignes ? Je peste, agacée.

— Tu lui as vraiment demandé de rester. Quand il t'a demandé pourquoi, tu lui as dit que tu te sentais plus seule que jamais.

   Je me redresse, le visage brûlant de honte. Quel genre d'idiote je fais ? Argh, je me déteste parfois !

   Un coup d'oeil rapide à la table de chevet. L'horloge affiche 11 heures passées. C'est la première nuit depuis... trop longtemps que je dors sans cauchemar, sans me réveiller en sueur. Si l'alcool est la clé, alors peut-être que je devrais boire plus souvent...

   Je me lève et ouvre les volets. Le soleil inonde la pièce. Dehors, les loups sont déjà à leurs tâches, discutant, jouant, travaillant. Ils sont des habitués des lendemains de fête.

   J'enlève mes lentilles pour reposer mes yeux un instant. J'ouvre ma valise et attrape une tenue pour aujourd'hui. Visiblement, la personne qui a fait mes achats a un goût impeccable : une salopette en jean bleu foncé et un top blanc à épaules dénudées, avec des manches bouffantes qui tombent aux coudes. Bottines blanches pour compléter le tout. Parfait.

   Après une douche rapide, je tresse mes cheveux pour qu'ils ne me gèrent pas. Puis je remets mes lentilles bleues sur mes iris gris. Une fois prête, je dors de la salle de bain et tombe sur Aimée, allongée en étoile de mer sur le lit.

— Salut.

   Elle me lance un salut rapide, comme si cela lui coûtait un effort surhumain, avant de se redresser, toute excitée, un peu gênée :

— Espoir ! Max m'a dit que tu m'avais aidée à me ramener dans ma chambre... et que tu avais nettoyé mon vomi.

— Euh-

— Merci, ce n'est pas tout le monde qui ferait ça.

— Honnêtement, je ne m'en souviens même pas.

— Peu importe, tu l'as fait quand même. Bon, leçons de discuter, les gars nous attendent.

— Ils nous attendent pour quoi ?

— On va pique-niquer près de la cascade.

— Vous faites ça souvent ?

— Non, mais aujourd'hui est une occasion spéciale. On reçoit une invitée exceptionnelle, donc événement exceptionnel. Tu es notre invitée exceptionnelle, Espoir. Il faut bien que tu en apprennes un peu plus sur ta future meute.

   Avant que je puisse répondre, elle m'attrape par le bras et me traîne hors de la chambre, direction le rez-de-chaussée. En bas, quatre hommes nous attendent, tous habillés simplement d'un short qui ressemble plus à un maillot de bain, et de t-shirts basiques. Aucun n'a l'air d'avoir fait un effort particulier pour s'habiller. Marc est le premier à nous interpeller :

— Vous en avez mis du temps.

— Bonjour. Je dis avec un sourire moqueur, en captant son regard. Ses joues prennent une teinte rosée.

— Salut. Répond-il, suivi des autres.

    Aimée me regarde en réfléchissant à voix haute :

— Espoir a pris une douche... c'est vrai que tu y passe longtemps, non ?

   Je détourne les yeux. En même temps, après avoir été privée d'hygiène pendant un an, on se sent toujours sale, même après une douche.

— Aimée t'a expliqué ? Demande Liam.

— « On va pique-niquer près de la cascade. »

— Exactement. Acquiesce Maxwell. Et pour y aller rapidement, on va passer en forme de loup. Pour toi, je serai ton carrosse. Prête ?

   Nous sortons de la maison. Ils retirent leurs t-shirts et les jettent en tas avant de se transformer aussitôt en loups. Aimée prend un sac de sport, y fourre les vêtements, puis se déshabille à son tour, fourrant les siens dans le sac avant de le donner à Liam, qui attrape les lanières avec ses crocs. Dwayne saisit le panier de pique-nique entre ses mâchoires, et Marc fait de même avec un deuxième panier. Le loup de Maxwell se tourne vers moi, ses yeux noisette brillant de fils rouges, signe que son loup est tout près de la surface. Il s'allonge calmement, attendant que je monte, je pourrais si facilement atteindre à sa vie.

   Je reste figée un instant. Pourquoi tient-il tant à ce que je monte sur son dos ? Je pourrais si facilement atteindre sa gorge. Hier déjà, il m'avait laissé monter, alors qu'il savait que j'aurais pu le tuer. Il avait préféré se confier cette responsabilité plutôt qu'à son bêta, en sachant que j'ai toujours ma louve. Un alpha ne devrait pas agir ainsi. Mais Max... Max n'est pas comme les autres.

   Il grogne, impatient. Son regard devient plus intense, un mélange de l'homme et du loup. Je soupire face à son aura autoritaire qui semble s'intensifier. Sans attendre, je me hisse sur son dos. Cette fois, il ne prend même pas la peine de vérifier si je suis bien accrochée avant de bondir. Je manque de peu de basculer en arrière, mais mes doigts se referment juste à temps sur sa fourrure. Je tire légèrement, comme pour le punir de m'avoir fait perdre l'équilibre, mais il semble plus amusé qu'autre chose. Idiot.

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Et si... Nous étions âme-sœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant