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Nous rentrons pour que je puisse me changer. Aimée me prête un legging taille haute et un t-shirt qui arrive juste au-dessus, laissant entrevoir un peu de ma peau. Bien que nos poitrines soient différentes, elle m'a aussi refilé une brassière que je remplis un peu trop. Puis, nous partons pour le lieu d'entraînement, qui se déroule aujourd'hui dans la forêt.

   Tous tiennent à m'accompagner, même Aimée, qui ne combat pas.

   Ca fait cinq minutes que je m'échauffe, tentant d'évaluer leur niveau. Nous allons faire semblant qu'il est difficile de cerner quelqu'un sans le voir combattre.

— Je suis rouillée.

   Ils rient en me voyant grimacer pendant mes étirements. Je m'approche des combattants, plus particulièrement d'une fille que j'ai repérée, celle qui conseille les autres.

— Salut.

   Elle se tourne vers moi, son regard balayant mon corps de la tête aux pieds. D'un ton défiant, elle lance :

— T'es qui, toi ? Qu'est-ce que tu veux ?

   Je lui réponds calmement :

— Evaluer mes compétences. D'après les conseils que tu donnes depuis tout à l'heure, je parie que tu es plutôt à l'aise en combat, surtout après l'affrontement que tu as terminé avec ce gars qui est parti à l'infirmerie.

— Tu risquerais de te casser un ongle.

— Les ongles, ça peut servir à se défendre, et à trancher la gorge des ennemis.

   Elle me fixe avec une intensité nouvelle.

— Bien comme tu voudras. Mais je tiens à savoir qui tu es.

— Espoir. Je suis une invitée.

— Et qu'est-ce que tu fais ici ?

— Oh, juste une visite. Parker est un alpha sympa, et il a bien voulu que je reste trois jours pour en apprendre plus sur la meute.

— Pourquoi ferait-il ça ?

— Tu comptes continuer ton examen ou tester mes capacités ? Je demande en adoptant un ton plus sérieux.

   J'ai toujours pris les entraînements au sérieux. Pour moi, c'était une façon de pouvoir me défendre en cas d'attaque, ou avec les petits cons qui étaient avec moi en cours.

— Tu combats souvent ? Demande-t-elle, curieuse.

— Ça fait un an que je ne me suis pas entraîné.

— Tu dois avoir perdu pas mal de vitesse et de force, alors.

— Justement, je comptais voir si c'était le cas.

— Je vais y aller doucement. Murmure-t-elle pour elle-même, presque comme une prière.

— Ne te retiens pas. Je l'encourage, un sourire en coin.

   Elle me fixe avec surprise, avant de reprendre contenance. Si j'avais été ménagé pendant mes entraînements, je n'aurais jamais atteint ce niveau.

   Une douleur fulgurante me prend dans la joue, et je recule, me rattrapant juste avant de tomber au sol. Je croise le regard de la fille, estomaqué, et, dans un élan, je lui envoie un crochet du droit qu'elle intercepte habilement. Mais je ne m'arrête pas là : mon pied fuse vers son estomac. Elle recule, étonnée. Si tu m'as frappée en première, je te rends la pareille.

   Elle riposte avec un coup de poing que j'intercepte, mais elle est rapide : elle m'attrape le poignet et me tourne pour tenter de me faire une clé de bras. Je suis projetée légèrement en arrière, les yeux rivés vers le ciel et je sautille.

— Ne te laisse pas faire ! On va passer pour qui ? Murmure Chakara, avec une détermination. Ils nous regardent.

— Je le sais, Chakara, mais ça fait trop longtemps que je n'ai pas combattu.

— Laisse-moi le contrôle. Propose-t-elle, le ton ferme.

— Ça promet d'être drôle.

   Avec les lentilles que j'ai mises, personne ne remarquera que Chakara a pris les rênes. Je lui laisse le contrôle, devenant simplement spectatrice. Elle a toujours été plus douée que moi dans le combat.

   Notre adversaire et moi nous jugeons du regard, nous mettant en position de combat, prêtes à en découdre.

— Essaie de ne pas trop utiliser les techniques de la meute. Je lui conseille, méfiante. Sinon, ça va être compliqué d'expliquer d'où viennent ces mouvements.

— T'inquiète, je gère. Répond-elle avec un clin d'œil.

  Je lui fais confiance, même si une petite appréhension s'installe en moi.

~~~

   Je suis essoufflé. Chikara m'a redonné le contrôle. Elle s'est défendue avec une habileté remarquable, mais nous manquons de pratique, et notre adversaire a fini par prendre le dessus. Elle me tend la main, que j'accepte en serrant la mienne dans la sienne.

— Un conseil, fait-toi un chignon. Tes cheveux te gêneront moins qu'une queue-de-cheval.

— Merci, je suis ravi d'avoir pu me battre contre toi.

— De même. Tu devrais t'entraîner plus souvent ; tu as ça dans le sang.

— Merciii.

   Elle s'éloigne, direction le bar, pour prendre un verre. Je me retourne vers mes cinq spectateurs et les rejoins. Aimée me tend une bouteille d'eau.

—Merci.

   Je bois goulûment, ne laissant pas une goutte dans la bouteille.

— Tu te débrouilles vraiment bien, dit Liam. Tania a raison : avec plus d'entraînement, tu serais presque imbattable.

— Merci.

   C'est le troisième remerciement en moins de deux minutes.

— Quel âge as-tu ? S'intrigue Marc.

— Vingt-deux ans, pourquoi ?

— Parce que, pour quelqu'un qui n'a pas combattu depuis un an, tes mouvements sont plutôt étranges.

— J'étais la meilleure.

   C'est un mensonge éhonté. Les entraînements que nous subissions étaient tout sauf ordinaires. C'était brutal. Tant que nous ne maîtrisions pas chaque mouvement, nous continuions, à peine épuisés. C'est ainsi que nous avons pu progresser rapidement. Mais même avec des séances intensifiées, nous avons été exterminés.

— Est-ce qu'on peut se réunir tous les six dans ton bureau ? Je demande à l'alpha, le regard déterminé. J'aimerais vous poser une question.

— D'accord.

— Mais d'abord, je vais prendre une douche, si ça ne vous dérange pas.

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Et si... Nous étions âme-sœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant